Missions des députés à l’étranger: la présidente de l’Assemblée nationale priée de divulguer les factures
Nathalie Roy dit être menottée par des règles ne prévoyant pas autant de transparence


Geneviève Lajoie
Le Parti Québécois et Québec solidaire demandent à la présidente de l’Assemblée nationale de divulguer les factures détaillées des missions interparlementaires à l’étranger. Mais Nathalie Roy se dit menottée par des règles qui ne prévoient pas autant de transparence.
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Le déficit historique de 11 milliards $ dans les coffres de l’État n’empêche pas les députés québécois de parcourir le monde à grands frais. Alors que les ministères et les organismes sont rationnés depuis des mois, les élus continuent de voyager aux quatre coins de la planète pour entretenir leurs relations avec des parlementaires d’autres nations.
La note d’une mission de trois jours dans l’archipel nippon en avril 2024 a franchi la barre des 93 000$, dont près de 75 000$ ont été engloutis dans le transport. Une escapade en Australie l’automne dernier a coûté plus de 65 000$ aux contribuables québécois. Impossible toutefois d’avoir le détail précis de l’argent public dépensé.
Aucune mission pertinente, selon QS
La solidaire Ruba Ghazal comprend le malaise de la population à l’égard de ces voyages dispendieux, dans un contexte d’austérité. Sa formation politique n’y a d’ailleurs jamais pris part. «Jusqu’à maintenant, il n’y a aucune mission qui nous a paru pertinente pour y participer», a-t-elle admis mardi.
La chef parlementaire de QS réclame de la transparence, surtout de la part de la maison du peuple, comme c’était le cas dans le passé.
L’ancien président de l’Assemblée nationale François Paradis ouvrait ses livres et fournissait toutes ses factures, incluant la note de nettoyage de ses vêtements.
Le péquiste Paul St-Pierre Plamondon est aussi d’avis qu’il faut plus de transparence. Il souhaiterait également avoir plus d’informations sur le résultat de ces déplacements à l’étranger.
Le leader souverainiste estime toutefois que c’est tout à fait normal d’investir des fonds publics dans la diplomatie. «Ça fait partie du travail et on n’est pas obligé de recevoir les dignitaires du monde entier avec des sandwichs pas de croûtes».
Les libéraux, qui sont souvent au nombre des élus envoyés en mission à travers le monde, croient fermement que ces voyages dans d’autres parlements sont importants et justifiés.
Roy se défend
La présidente Nathalie Roy s’est portée mardi à la défense de cette responsabilité de représenter l’Assemblée nationale sur la scène internationale. Selon elle, la politique «de la chaise vide» est à proscrire. «Quand l’Assemblée nationale du Québec est invitée à la table des nations, il faut répondre», a-t-elle argué.
Elle assure gérer rigoureusement les deniers publics dans le cadre de ces missions. Mais la caquiste se dit liée par des règles adoptées en 2021 qui ne prévoient pas de dévoiler les factures détaillées des déplacements interparlementaires.
Les rapports de mission présentent uniquement le sommaire des dépenses. Il n’est donc pas possible de connaître le coût précis d’un billet d’avion ou d’une note de restaurant ou d’hôtel.
«C’est aux élus de décider ce qu’ils souhaitent faire et moi je ne peux pas unilatéralement changer le règlement! Il y a un règlement et je m’y soumets», a-t-elle martelé, avant de partir pour présider la joute politique au Salon rouge.
Ce qu’ils ont dit:
«Je suis les règles de la politique de divulgation des dépenses» – la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy
«Il faut que les détails des dépenses soient rendus publics, comme c’était le cas aussi dans le passé» – la chef parlementaire solidaire, Ruba Ghazal
«On a une obligation de reddition de comptes» – le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon
Deux présidents, deux méthodes
La présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, avait promis de la transparence à son arrivée en poste. Mais l’ancienne journaliste se dit maintenant liée par des règles qui ne prévoient pas la divulgation des factures détaillées des billets d’avion et des notes de restaurant et d’hôtel des députés lorsqu’ils sont en mission à l’étranger. Pourtant, son prédécesseur, François Paradis, ne voyait aucun problème à rendre publics tous ses relevés de dépenses, du croque-monsieur aux bouteilles de vin, en passant par la facture de nettoyage de ses vêtements.
Sommaire des dépenses de Nathalie Roy lors d’une mission au Japon en mai 2024:

Exemples de factures rendues publiques par l’ancien président de l’Assemblée nationale François Paradis:



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