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L'article provient de Le Journal de Québec
Politique

Mission Drainville : relancer l'éducation

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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2022-10-26T09:00:00Z
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L’Éducation, c’est beaucoup comme la Santé.

Un mammouth à la bureaucratie tentaculaire affligé par une pénurie de personnel dans des locaux trop souvent vétustes.

Mais ça ne s’arrête pas là.

Le réseau vogue de crise en crise. Quand ce ne sont pas les classes vides à la rentrée, c’est le manque d’autobus, l’accès inadéquat à des services d’aide aux élèves en difficulté. Chaque nouvelle étude lève le voile sur un nouveau problème, suscite un nouveau débat.

Dans un tel contexte, Bernard Drainville sera-t-il condamné à passer son mandat à éteindre des feux ? Ou aura-t-il l’audace de s’attaquer à l’ultime tabou : la troisième vitesse ?

Écrémage

Privé, public à vocation particulière, public régulier : notre système d’éducation vogue au rythme de ses trois vitesses.

Il y a les enfants dont les parents ont les moyens de payer l’école privée, ou de payer tout l’appui, le tutorat, la préparation aux examens d’entrée pour les y faire admettre.

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Il y a les enfants talentueux qui se qualifient pour les programmes enrichis au public, ou les passionnés qui se taillent une place dans les programmes à vocation particulière.

Puis il y a les autres. Ces autres qui se ramassent ensemble dans des classes qui cumulent les élèves difficiles, défavorisés, en difficulté de toutes sortes.

Ces autres, ils ont la moitié moins de chances de poursuivre leur scolarité après le secondaire ou d’aller à l’université.

Ces autres, il faut s’en occuper. Il faut épauler leurs enseignants, donner les moyens à leurs écoles de prospérer.

Vieux débat

Depuis des années, cette réalité du système à trois vitesses a toujours donné lieu au même affrontement : les défenseurs des écoles privées subventionnées, contre ceux qui prônent leur abolition.

Le discours sur les inégalités du système d’éducation n’a jamais été très proéminent à la CAQ. On sait déjà que son gouvernement n’a aucune intention d’abolir le financement des écoles privées au Québec.

Ça se défend. Pourquoi jeter le bébé avec l’eau du bain d’un réseau qui donne de bons résultats ? D’ailleurs, le système québécois, malgré tout, permet certainement aux moins bien nantis de mieux réussir qu’ailleurs.

Mais ces inégalités, elles demeurent. Pire, elles plombent le système, car elles contribuent à l’appauvrissement de la société, à la démotivation des enseignants et à leur abandon de cette profession qu’ils aimaient tant.

Au-delà des batailles syndicales, faut-il abolir le contingentement dans les programmes publics à vocation particulière ? Ou encore s’inspirer de la promesse du PLQ et en abolir tous les frais pour assurer une meilleure mixité sociale ?

Et les écoles privées ? Est-il possible de s’inspirer de leur haut niveau d’autonomie, de leur capacité d’innover, de leur sens de la communauté ?

Au lendemain d’une pandémie qui a mis au jour toutes les faiblesses du réseau, le fruit est mûr pour une vraie remise à niveau.

Bernard Drainville a le bénéfice d’un « mandat fort » à l’Éducation. On lui connaît de grandes ambitions. Il lui faudra l’audace d’un plan compréhensif.

Car c’est quand les élèves plus faibles et les écoles plus faibles iront mieux que l’ensemble du réseau ira mieux.

  • Écoutez la rencontre Latraverse-Dumont diffusée chaque jour en direct 17 h via QUB radio :

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