Mission accomplie pour feu Antonine Maillet
Gilles Proulx
Pendant que l’on pleure l’immense écrivaine qu’était Antonine Maillet, on se console de voir que son Acadie se porte mieux que jamais et que l’on va peut-être enfin rebaptiser la principale université d’un nom moins sinistre que celui de son ex-persécuteur Lord Monckton.
Un jour, dans une conférence d’Acadiens à Kamouraska où je prononçais un discours, j’avais suggéré que le nom de Maillet soit honoré en rebaptisant en sa faveur l’Université de Moncton... ce qui avait entraîné un silence plat.
J’aurais pu entendre une mouche voler.
Antonine Maillet était devenue plus montréalaise qu’acadienne, diront certains.
Elle-même rappelait qu’elle avait passé plus de temps dans la métropole québécoise que dans son Acadie natale.
Sa relève en Acadie en avait peut-être assez que l’on ressorte toujours ce nom: Antonine Maillet, auteure du roman Pélagie-la-Charrette, depuis 46 ans!
Alliés des autochtones
Je me prépare à signer la préface d’un livre d’un jeune historien descendant des premiers Acadiens immigrés au Québec, André-Carl Vachon.
Ce dernier, bourreau de travail à l’instar d’un Frédéric Bastien, s’est plongé dans les archives à Londres, à Paris, à Montréal, à Québec et à Ottawa... et il retrace les dédales de l’opération de nettoyage ethnique que fut la Déportation.
Vachon nous rappelle que les Acadiens avaient alors partie liée avec les Malécites et les Micmacs contre les Anglais. Inutile de parler de réconciliation.
Une Acadie décomplexée
En 1963, j’étais un jeune indépendantiste québécois et j’étais allé voir Pierre Bourgault discourir au sujet des «dead ducks» qu’étaient les Acadiens et autres francophones hors Québec.
Au sujet des Acadiens, c’était un pessimisme exagéré.
La jeunesse acadienne est plus fière que la québécoise!
La ville de Beaurivage est francophone à hauteur de 72%.
Quant à l’Université de Moncton, on songe enfin à la renommer, probablement Université de la Nouvelle Acadie.
Antonine Maillet peut être fière de son œuvre. Cet essor acadien lui survivra.