Mise à jour économique: l’aide aux aînés versée au printemps
Plus de 1,1 million de personnes âgées recevront entre 411$ et 2000$ mais les 65 à 69 ans n’auront rien de plus.
Marc-André Gagnon
Malgré la forte incertitude économique qui plane sur 2023 – à un point tel qu’un scénario de récession a dû être élaboré, une première –, le ministre des Finances, Eric Girard, confirme que les 70 ans et plus à faible et moyen revenus recevront au printemps jusqu’à 2000 $ pour affronter l’inflation.
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Comme promis pendant la campagne électorale, la mise à jour économique dévoilée jeudi prévoit la bonification de 411 à 2 000 $ du crédit d’impôt remboursable pour le soutien aux aînés.
Le montant sera versé à plus de 1,1 million d’aînés au moment de traiter leur déclaration de revenus 2022.
Le coût de cette mesure phare est estimé à 8 milliards $ sur cinq ans. M. Girard a souligné que 65 % de ce montant sera versé à des aînés gagnant moins de 25 000 $ par année.
Le Collectif pour un Québec sans pauvreté déplore que les aînés ne soient pas admissibles dès l’âge de 65 ans.
« En quoi les personnes de 65 à 69 ans à faible ou moyen revenu auraient-elles des besoins moins criants que celles de 70 ans et plus ? Pourquoi une telle discrimination », a réagi le porte-parole du Collectif, Serge Petitclerc.
- Écoutez l'entrevue avec Gisèle Tassé-Goodman à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour via QUB radio :
Fin du crédit pour activités
Le gouvernement donne d’une main pour reprendre de l’autre, du moins en partie : le crédit d’impôt pour activités des aînés passera à la trappe. Cette mesure fiscale, qui existait depuis 2014, permettait de couvrir 20 % des frais d’inscription à certaines activités. Elle coûtait environ 2 millions $ par année au gouvernement.
« Il s’agissait d’un crédit marginal en comparaison de la bonification que nous annonçons aujourd’hui », a souligné en point de presse le ministre Girard.
Parmi les éléments nouveaux, Québec emboîtera le pas à Ottawa en taxant, probablement à compter de l’automne 2023, les produits de vapotage, ce qui devrait rapporter 40 millions $ par année dans les coffres de l’État.
« Il s’agit d’une mesure de santé publique qui vise surtout à protéger nos jeunes », a dit M. Girard, en qualifiant le vapotage de « fléau ».
Indexation record
Le ministre Girard, qui avait prévenu qu’aucun nouveau chèque ne serait envoyé aux contribuables en 2023, annonce également que les programmes d’assistance sociale et les paramètres du régime d’imposition des particuliers seront indexés de 6,44 %, dès le Nouvel An.
Pour un ménage de deux jeunes enfants dont les revenus n’excèdent pas 100 000 $, cela représente une bonification de 500 $ de l’allocation familiale.
Le gain pour l’ensemble des contribuables en lien avec cette indexation record est estimé à 2,3 milliards $ par année, soit près de 2,2 milliards de dollars pour le régime d’imposition des particuliers et plus de 161 millions $ pour ce qui est des prestations d’assistance sociale.
Cette majoration est deux fois plus importante que celle appliquée en 2022 (2,64 %). Il s’agit même de la plus forte indexation depuis 2002.
- Écoutez l'entrevue de Mario Dumont avec Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté suivi de l'entrevue avec Charles Milliard, président-directeur général de la Fédération des chambres de commerce du Québec sur QUB radio :
Scénario alternatif
Si la hausse du coût de la vie a été « le facteur dominant » en 2022, « 2023, c’est une année de ralentissement économique », a signalé le ministre des Finances.
Québec prévoit désormais pour 2023 une croissance économique de 0,7 % et d’un pour cent de moins en cas de récession, alors qu’elle était estimée à 2 % dans le budget déposé au printemps dernier.
En cas de récession, une probabilité que le ministre Girard évalue à 50 %, Québec envisage d’offrir « une aide directe pour soutenir les ménages ou les secteurs d’activité économique les plus touchés par le ralentissement économique ».
Cela passerait vraisemblablement par une baisse d’impôt, comme celle de 1 % promise pendant les élections et par la bonification du Plan québécois des infrastructures (PQI) 2023-2033, que la CAQ s’est engagée à augmenter à 150 milliards $.
« Le contexte de l’indexation du régime fiscal [...], qui est près de 3 % en haut de ce qui est prévu en inflation, ne se prête pas à des montants ponctuels (des chèques) », a écarté M. Girard.
Advenant que le gouvernement Legault doive se tourner vers le « scénario alternatif » prévu dans la mise à jour économique, les revenus de l’État seraient diminués de 4,5 milliards $ sur cinq ans.
Les déficits budgétaires seraient aussi plus importants, en hausse de 5 milliards $. Le scénario de base prévoit un déficit budgétaire de 5,2 milliards $ en 2022-23 alors qu’il était estimé à près de 6,5 milliards $ en mars dernier, et de 7,69 milliards $ dans le cadre financier de la Coalition Avenir Québec présenté pendant la plus récente campagne électorale.
BONIFICATION DE L’AIDE VERSÉE PAR LE MONTANT POUR LE SOUTIEN DES AÎNÉS DE 70 ANS OU PLUS
Couple d’aînés de 70 ans ou plus
| Revenu familial | Aîné vivant seul | Couple d’aînés |
| 20 000 $ | 2000 $ | 4000 $ |
| 25 000 $ | 1960 $ | 4000 $ |
| 30 000 $ | 1710 $ | 4000 $ |
| 35 000 $ | 1460 $ | 4000 $ |
| 40 000 $ | 1210 $ | 3968 $ |
| 50 000 $ | 710 $ | 3468 $ |
| 60 000 $ | 210 $ | 2968 $ |
| 80 000 $ | — | 1968 $ |
| 100 000 $ | — | 968 $ |
| 120 000 $ | — | — |
Source : Le point sur la situation économique et financière du Québec-Automne 2022
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