Mike Bossy (1957-2022): il ne voulait pas être repêché par le Canadien


Marc de Foy
Encore aujourd’hui, il se trouve des amateurs de hockey de longue date qui reprochent au Canadien de ne pas avoir repêché Mike Bossy. Or, le principal intéressé s’en est toujours réjoui, car il y voyait deux obstacles.
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D’abord, la direction du Tricolore avait l’habitude d’envoyer la plupart de ses recrues à son équipe-école, qui se trouvait à Halifax.
Guy Lafleur avait été l’un des rares à éviter ce traitement à l’époque. Cependant, il avait passé beaucoup de temps à user son fond de culotte sur le banc du grand club à ses trois premières saisons dans la Ligue nationale.
Denis Potvin, qui a côtoyé Bossy pendant ses 10 saisons avec les Islanders, espérait lui aussi ne pas être sélectionné par le Canadien.
Il ne se voyait pas subir le même sort que Larry Robinson, qui s’était vu confiner avec les Voyageurs de la Nouvelle-Écosse durant une saison et demie avant d’être promu avec le Tricolore.
Comment supplanter Lafleur?
L’autre embûche qui se dressait sur le chemin de Bossy avait pour nom Guy Lafleur.
«Je me disais que j’allais avoir du mal à faire ma place comme premier ailier droit à Montréal, racontait-il.
«J’étais donc content que le Canadien ne m’ait pas repêché.»
Au bon endroit au bon moment
Les Islanders l’ont, quant à eux, accueilli à bras ouverts.
Comme la plupart des organisations de la LNH dans le temps, les Islanders misaient sur l’expertise d’un recruteur au Québec.
Cet homme, Henry Saraceno, dont le fils a pris la relève après son décès, estimait que Bossy était le candidat parfait pour les Islanders.
C’est ainsi que l’équipe new-yorkaise a choisi Bossy au 15e rang, soit cinq positions derrière le Canadien qui avait opté pour Mark Napier, qui venait de disputer une saison avec les Bulls de Birmingham de l’Association mondiale.
Les Islanders avaient grandement besoin d’un compteur de sa trempe.
«Quand Bill Torrey (directeur général) et Al Arbour m’ont dit qu’ils avaient une place pour moi, ça m’a mis tout de suite en confiance», disait Bossy.
Ignoré par deux équipes
Outre le Canadien, 11 autres équipes ont levé le nez sur Bossy. Parmi elles, les Rangers de New York et les Maple Leafs de Toronto sont allés jusqu’à l’ignorer deux fois.
Les Rangers repêchèrent Lucien Deblois au huitième rang et Ron Duguay en 13e position.
John Anderson et Trevor Johansen furent pour leur part réclamés 11e et 12e respectivement par les Leafs.
À part Johansen qui était défenseur, Deblois, Duguay et Anderson ont connu de longues carrières dans la LNH. Mais aucun d’entre eux ne possédait la force de frappe de Bossy, qui n’a jamais oublié ce que ses détracteurs disaient de lui.
«On me trouvait trop petit, pas assez vite, pas fiable défensivement et pas assez performant dans les matchs sur la route.»
Arbour a su quoi lui dire
Plus tard, alors qu’il jouait avec les Islanders, Bossy a demandé à Arbour ce qu’il devait faire pour être efficace défensivement parlant.
Son entraîneur lui a servi une réponse qu’il n’attendait pas, mais qui était pleine de sens.
«Ne t’en fais plus jamais avec ton jeu défensif, avait lancé Arbour à Bossy.
«Si quelque chose cloche de ce côté-là, je t’aviserai, OK?»
Bossy a terminé sa carrière avec un différentiel de plus 380. Comme quoi la meilleure défense, c’est d’être en possession de la rondelle.
Bernard Geoffrion l’a toujours dit!
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