Michel Fugain de retour au Québec
Il prépare un tout nouveau spectacle
Patrick Delisle-Crevier
Une relation bien particulière unit Michel Fugain et le public d'ici, puisque, outre son succès dans la Belle Province, il a des petits-fils qui habitent au Québec. Voilà que le chanteur était de passage chez nous cet automne, entre autres, pour préparer Le monde de demain: Le Big Bazar, un spectacle unique avec des musiciens d’ici et mis en scène par Claude Larivée. Celui qui peut se targuer d’avoir donné une vingtaine de spectacles consécutifs à la Place des Arts dans les années 1970 revient au bercail...
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Michel, bon retour chez nous!
Je suis heureux d’être à Montréal pour mettre en branle ce spectacle, avec des Québécois et Claude Larivée à la mise en scène. C’est lui qui a entrepris ce beau projet et qui le mène. C’est la première fois dans ma carrière que je ne dirige pas un projet. J’ai un spectacle qui roule très bien en France, mais je voulais arriver avec quelque chose de bien spécial pour vous, les Québécois. C’est un plaisir de faire ça ici, car j'y suis très impliqué pour plein de raisons. J’ai une affection particulière pour le Québec et en plus, mes petits-fils y sont installés.
Que représente donc le Québec dans votre carrière?
J'y ai offert plusieurs spectacles et j'y ai vécu des moments de partage incroyables avec des amis québécois et avec le public. J’ai même des opinions qui sont beaucoup plus québécoises que françaises... Je suis venu ici en 1969 pour la première fois. J’ai vécu les belles années 1970 ici, et j’ai adoré ça. J’ai aussi été témoin de votre référendum. L'indépendance ne s’est pas faite, mais l’esprit frondeur québécois est toujours là, lui.
Vous avez d’innombrables succès. Quel regard portez-vous sur ceux-ci?
J’aime toutes mes chansons et je les chante tout le temps. Pour moi, c’est impensable de monter sur scène et de ne pas chanter mes plus grands succès, tout simplement parce que les gens veulent entendre ces chansons. J'arrive encore à les chanter sans m’ennuyer, même après 50 ans de carrière!
Parlez-moi d'Une belle histoire...
Ce qui est particulier avec cette chanson, c’est qu’au départ, elle était sur le côté B du premier 45 tours de Fugain et le Big Bazar. On l'a envoyé aux radios, et elles ont immédiatement fait jouer la face B en ignorant la face A qui s’appelait Allez bouge-toi. Cette chanson a tout changé pour nous. On a fait un autre pressage avec La belle histoire en face A. C'est cette chanson qui a fait en sorte que le Big Bazar a été un grand succès. Même que sans elle, il n’y aurait pas eu de Big Bazar. J’aime toutes mes chansons, mais celle qui m’intéresse le plus, c’est ma prochaine! Je me suis promis de faire un dernier album et je vais m'y tenir, même si j’ai lancé un album l’année dernière qui avait pour titre La vie, l’amour etc...
Pourquoi votre prochain disque sera-t-il le dernier?
Parce que j’ai 83 balais et que statistiquement, j’ai un maximum d’une quinzaine d’années devant moi. Le jour où je ne serai plus présentable viendra certainement... Pour le moment, je ne vois pas pourquoi j’arrêterais. Pour moi, la retraite, ça n’existe pas.
Avez-vous eu la carrière que vous souhaitiez?
D’abord, je ne pensais même pas qu'une telle carrière était possible pour moi. Mon but n’a jamais été de durer dans ce milieu. C’est arrivé parce que j’avais simplement envie de m’éclater et que nous n’étions pas nombreux à faire ce métier. À l’époque, tout était à faire et, surtout, tout était possible.
Il y a quelques années, vous m’avez présenté Sanda, la femme de votre vie, qui est arrivée dans votre cœur l’année de vos 60 ans. Voilà que vous êtes toujours ensemble, 23 plus tard...
Oui, elle s’incruste! (rires) Cette femme est arrivée dans ma vie alors que je ne croyais plus à grand-chose. Je venais d’enterrer Lorette, ma fille. J’étais comme mort avec elle, je n’existais plus. Sanda m’a fait revivre en m’aimant. Je n'oublierai jamais ma rencontre avec celle qui allait devenir la femme de ma vie. J’étais avec des copains dans un bar où elle chantait. Je suis d’abord tombé amoureux de cette voix particulière, et je suis devenu son producteur. Peu à peu, l’amour s’est installé et mon goût pour la vie est revenu, alors que je ne m’y attendais plus. Aujourd’hui, elle chante avec moi sur scène. Cette femme est mon âme sœur.
Vous avez 83 ans, mais vous ne semblez pas avoir vieilli du tout depuis notre dernière rencontre, il y a quelques années déjà...
Elles ne paraissent peut-être pas tant sur mon visage, mais les années sont bel et bien là dans mon corps. Je les sens le matin, ça me prend de plus en plus de temps à mettre la machine en marche. Je le sens aussi quand je dois me mettre à genoux dans mon jardin, car j’ai une prothèse en titane dans un genou. Je préfère en rire! Même si la carrosserie a pris de l’âge, le moteur, lui, est le même.
Avez-vous été heureux dans votre vie, Monsieur Fugain?
Rien ne s’est passé comme prévu. La preuve, c’est que Big Bazar a été un accident. Un bel accident, mais un accident quand même. Ma vie a été faite de ces rencontres improbables et je me suis laissé porter. La belle époque du Big Bazar a été une fantastique aventure, et j’ai eu d’autres beaux épisodes, mais aussi, des périodes noires durant lesquelles je n’avais plus un sou. Il y a eu aussi la mort de ma fille qui m’a anéanti.
Les pommes ne tombent pas loin de l’arbre, puisque votre fille Marie est actrice et que votre fils, Alexis, fait de la musique...
Oui, Alexis est dans un groupe de musique et Marie a une magnifique carrière d’actrice. Pour moi, de les voir faire ce métier est logique. Ils ont été élevés dans mon état d’esprit de saltimbanques et ç'a été contagieux. Je suis très fier de mes deux enfants. Mon fils travaille à un album en solo et il fait aussi partie du groupe Biche.
En terminant, qu’est-ce qu’il vous reste à accomplir?
J’ai envie de faire ce qui viendra. En ce moment, ce spectacle québécois occupe beaucoup de mon espace mental et j’ai très hâte de le voir naître. Ensuite, le dernier spectacle que j’ai envie de présenter est Le testament d’un arlequin, qui sera mon chant du cygne. Je compte le présenter dans quelques années.
Pour les détails de sa tournée au Québec qui s’échelonnera du 26 mars au 3 mai, on se renseigne au michelfugain.fr.