Publicité
L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

ComediHa! Fest-Québec: Michel Courtemanche, un clown qui fait du bien

Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com
Partager
Photo portrait de Cédric Bélanger

Cédric Bélanger

2022-07-30T04:00:00Z
Partager

Michel Courtemanche se tient loin de toutes les scènes depuis un quart de siècle, mais l’envie de faire rire ne l’a jamais abandonné. Dans l’ombre, il n’a jamais cessé de distribuer ses gags à tout vent en se disant que son humour pouvait faire du bien aux gens. 

«La satisfaction de sortir quelqu’un de son marasme», lance l’humoriste de 57 ans lorsqu’on lui demande ce que son pouvoir de faire rire le monde lui fait ressentir.

«Quand je vois que quelqu’un a eu une mauvaise journée ou qu’il n’est pas de super bonne humeur, j’aime le sortir de là. Je soigne des symptômes. Ce n’est pas juste l’éclat de rire qui me procure satisfaction, mais le fait que ça réveille la personne, que ça lui fasse réaliser qu’on peut passer à autre chose», révèle Michel Courtemanche, qui animera, le 12 août, dans le cadre du ComediHa ! Fest-Québec, un premier gala d’humour en 30 ans.

«Très souvent, on me dit que mes blagues ont un effet bénéfique. Des gens en dépression, des toxicomanes, des alcooliques, des gens qui ont un mal de vivre, des personnes atteintes de maladie mentale, j’ai eu beaucoup de commentaires de gens qui écoutaient mes spectacles pour se remonter.»

Publicité

«Tout le temps»

Hors de la scène, point d’humour? Pas dans le cas de celui qui s’est fait connaître grâce à son célèbre numéro du batteur, en 1987. Si vous croisez sa route au quotidien, les chances sont grandes qu’il tente de vous en pousser une bonne.

«Faire rire les gens, c’est tout le temps, tout le temps, tout le temps. Je ne peux pas faire autrement. J’arrive à la caisse, je vais faire une joke. Je vais à telle place, je vais faire une joke. Je m’en vais aux toilettes, une joke. Tout le temps. Avec ma famille, tout le temps», confie-t-il.

«Je suis comme un chanteur qui a toujours le goût de chanter», enchaîne celui qui croit que cette capacité à dérider le monde est innée chez lui et a peut-être un lien avec sa position dans la fratrie Courtemanche.

«Il faut croire que c’est dans ma nature. Je suis comme un quatrième de famille. Dans l’ordre psychologique, tu as le premier qui représente la famille, le deuxième est l’anarchiste, le troisième est le rêveur et le quatrième, c’est le clown. Moi, je suis le clown.»

Merci l’hypnose

Or, parfois, le clown a été triste. En entrevue, Michel Courtemanche passe rapidement sur sa période sombre, abondamment détaillée dans une autobiographie publiée en 2018. Pour la petite histoire, rappelons que le comique a trouvé refuge dans la drogue et l’alcool – dépression, pensées suicidaires et psychose incluses –, avant d’apprendre qu’il est bipolaire.

Une cure de désintoxication a permis de régler ses problèmes de consommation et la médecine l’aide à gérer sa bipolarité. 

Publicité

Par contre, pour le trac démesuré qui l’empêchait de monter sur scène, ça semblait peine perdue. Quand il avait été invité à refaire Le batteur au Grand rire de Québec, en 2016, au Grand Théâtre de Québec, il avait failli tout annuler à quelques minutes de sa prestation tellement son stress était intense. Il avait alors juré qu’il ne remettrait plus jamais les pieds sur les planches.

Six ans plus tard, le voilà pourtant prêt à animer un gala dans lequel il participera à quatre numéros. Que s’est-il passé entre-temps?

«La guérison de mon trac par l’hypnose», répond Michel Courtemanche.

«J’ai fait affaire avec un hypnologue pour régler mon problème parce que j’en étais incapable par moi-même. Finalement, il m’a guéri de mon trac à 100 %. Depuis ce temps, je n’ai plus de crise d’angoisse quand je suis sur le point d’amorcer un projet de tournage ou lorsqu’un spectacle s’en vient. C’est disparu de ma vie. Je peux même te dire en ce moment que je ne suis pas nerveux par rapport au gala. Je suis plus excité que nerveux.»

Redire oui

Comme il l’avait fait lors de l’annonce de sa participation au ComediHa ! Fest-Québec, Michel Courtemanche a néanmoins répété qu’il n’avait pas l’intention de construire un spectacle et partir en tournée. Ses projets derrière la caméra le rendent parfaitement heureux.

Par contre, il ne dira plus non systématiquement à toutes les propositions qu’il recevra, scène, télé ou cinéma.

«Si des chums m’appellent, pourquoi pas? Repartir une tournée ne serait pas une bonne idée. Je n’ai plus la forme physique que j’avais, mais des trucs sporadiques comme des petits rôles dans un film ou une série, oui.» 

Publicité

LES GALAS COMEDIHA! 2022 

12 août

Animation : Michel Courtemanche

Invités : Jean-Claude Gélinas, Coco Belliveau, Debbie Lynch-White, Anne Roumanoff, Kev Adams

13 août

Animation : Anthony Kavanagh

Invités : Michel Courtemanche, Anne Roumanoff, Alain Choquette, Pierre Brassard, Reda Saoui

16 août

Animation : Marie-Mai

Invités : Michel Charette, P-A Méthot, Christian-Marc Gendron

17 août

Animation : Michel Charette

Invités : Stéphane Fallu, Sylvain Larocque, Dominic et Martin, Simon Delisle

18 août

Animation : Laurent Paquin

Invités : Guillaume Pineault, Billy Tellier, Sylvain Larocque, Mona de Grenoble, Julie Ringuette, Pascal Morrissette, Fabien Olicard

19 août

Animation : Anne-Élisabeth Bossé et Guillaume Pineault

Invités : François Boulianne, Jean-Michel Martel, Jean-Thomas Jobin, Katherine Levac, Suzie Bouchard, Florence Longpré, Guillaume Wagner, Matthieu Pepper, Martin Perizzolo 


Pour tous les détails de la programmation de ComediHa ! Fest-Québec, rendez-vous sur comedihafest.com. 

«L’humour visuel s’est perdu au Québec»

Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com
Photo Jocelyn Michel, byconsulat.com

Dans une province qui se targue d’être une pépinière d’humoristes et où on peut apprendre à faire rire à l’école, personne n’a encore suivi les traces de Michel Courtemanche.

En quittant la scène en 1997, l’humoriste au visage en caoutchouc pensait pourtant avoir mis en place les conditions gagnantes pour assurer sa relève dans le créneau de l’humour visuel.

«C’était une opportunité intéressante. Avec l’humour visuel, tu peux voyager partout dans le monde», fait remarquer Michel Courtemanche.

Force est d’admettre que personne ne l’a saisie. À son grand désarroi.

«Je pense que l’engouement de faire de l’humour visuel s’est perdu au Québec, contrairement à d’autres pays comme la France ou la Tunisie. Il n’y a pas eu de relève du tout. Le genre a peut-être mauvaise réputation parce que c’est du mime. Sinon, je ne sais pas comment l’expliquer. C’est juste dommage parce que le marché était ouvert. J’avais défriché tout le sentier et tout ce qu’il fallait. Si quelqu’un veut y aller, go. Dans aucune autre discipline, on n’a observé le même phénomène.»

Publicité

Intérêt ailleurs

De l’autre côté de l’océan, c’est l’inverse. Quelques petits Michel Courtemanche ont émergé.

Très ouvert à l’idée de partager son savoir, l’humoriste québécois rappelle avoir donné des classes de maître à des clowns du monde entier pour le compte du Cirque du Soleil, avoir collaboré à l’écriture de numéros pour le Français Patrick Cottet-Moine et la Belge Virginie Hocq.

En Tunisie, c’est la grande mode, a-t-il constaté lors d’une visite d’enseignement. « J’y ai eu 42 étudiants sur trois jours et ils en mangeaient. »

Offre refusée

Au Québec, Michel Courtemanche dit cependant avoir refusé une offre d’enseigner son art à l’École nationale de l’humour parce que le cours était imposé plutôt qu’optionnel. 

«Il y a des gens qui sont beaucoup moins habilités à faire ça que d’autres. Je me voyais mal les noter sur je ne sais pas combien et déterminer qui passe et qui ne passe pas. C’est cruel», affirme celui qui vient aussi d’être approché par L’École de cirque de Montréal pour «développer le volet clown».

Nouveaux talents recherchés quand même

Par la bande, Michel Courtemanche pourrait néanmoins faire éclore des talents au Québec puisque l’acteur et metteur en scène Daniel Brière travaille actuellement à la conception d’un spectacle basé sur son répertoire de numéros d’humour visuel.

«Le show s’appelle Tom et raconte une histoire dont je ne peux dévoiler les détails, mais ça va nous amener à recruter des humoristes visuels, des gens qui vont être capables de reproduire mes numéros sur scène.»

Où les trouver quand il n’y en a pas? C’est la question que se pose Michel Courtemanche à la veille de la tenue d’auditions. «Si des gens veulent s’inscrire, c’est le temps», dit-il.

Qui sait, des perles rares se révéleront peut-être?

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité