Meurtre en France: l'adolescent visait une surveillante, «n'importe laquelle»

AFP
Derrière l’adolescent «bon élève» et «sociable», une «fascination pour la violence et la mort»: le collégien soupçonné d’avoir mortellement poignardé une assistante d’éducation dans le nord-est de la France a reconnu avoir voulu tuer «n’importe quelle» surveillante, n’exprimant ni «regrets» ni «compassion».
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L’adolescent de 14 ans avait fait l’objet de deux exclusions temporaires en novembre et en décembre 2024, « une pour avoir porté des coups de poing à un camarade de classe, une autre pour avoir frappé un élève de sixième », a précisé le procureur de Chaumont, Denis Devallois, mercredi en conférence de presse.
« Adepte de jeux vidéo violents » sans en être dépendant, selon ses dires et ceux de ses parents, il confié « une certaine fascination pour la violence et la mort, ainsi que pour les personnages les plus sombres des films ou des séries télévisées ».
Il « apparaît en perte de repère quant à la valeur de la vie humaine, à laquelle il ne semble pas attacher d’importance particulière », souligne le procureur.
Il « indique avoir agi ainsi parce qu’il ne supportait plus le comportement des surveillantes en général, qui auraient eu, selon lui, une attitude différente selon les élèves », selon le procureur.
Sans pouvoir expliquer « précisément » ses « sentiments d’injustice subie et de colère », l’élève a indiqué avoir formé samedi « le projet de tuer une surveillante et, selon ses propres termes, +n’importe laquelle+ » après un incident la veille.

Une autre surveillante que celle tuée mardi l’aurait « sermonné vendredi (...) alors qu’il embrassait sa petite amie au sein du collège ».
En garde à vue, le collégien « s’est montré détaché tant au regard de la gravité des faits reprochés que des conséquences vis-à-vis de lui-même », a déclaré Denis Devallois.
Il reconnaît avoir poignardé l’assistante d’éducation devant l’établissement, mais « ne l’explique pas véritablement », a-t-il poursuivi. « Il n’exprime pas de regrets, ni aucune compassion pour les victimes », a-t-il ajouté.
«Colère»
« Il n’avait pas de grief particulier » envers la victime qui était chargée de « vérifier les carnets de correspondance des élèves » à l’entrée de l’établissement où était mené un contrôle de sacs en présence de gendarmes.
L’intéressé, qui a utilisé « un couteau de cuisine de 34 cm avec une lame d’une longueur de 20 cm », a immédiatement été maîtrisé par un gendarme qui « a été blessé à la main », a indiqué le procureur.
La ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne, a annoncé une minute de silence dans tous les établissements scolaires jeudi midi en hommage à Mélanie, l’assistante d’éducation de 31 ans, ancienne coiffeuse qui s’était reconvertie et travaillait au collège depuis septembre.

«Sanctions disciplinaires»
Sur les réseaux sociaux, les proches de la victime la décrivent comme « solaire », « douce et gentille ». Maman d’un petit garçon de quatre ans, elle était conseillère municipale dans un village voisine de Nogent.
Devant le collège, où les cours sont suspendus jusqu’à jeudi matin, des familles, passants ou proches, viennent déposer des roses blanches, des bouquets et parfois un message sous l’œil des journalistes et de gendarmes toujours déployés sur les lieux.
Des élèves et leurs parents entrent et sortent de l’établissement où une cellule psychologique restera activée au moins jusqu’à la fin de la semaine, selon le rectorat.
Selon le procureur, l’adolescent « est décrit comme sociable et plutôt comme un bon élève, intégré à la vie de son établissement, référent anti-harcèlement depuis plusieurs années », a également détaillé M. Devallois.
« Issu d’une famille unie et insérée professionnellement », dont aucun membre ne présente d’antécédent judiciaire, « il utilise peu les réseaux sociaux », a-t-il souligné.
Mais « il était insolent. Quand les profs le viraient, il s’en foutait, il s’en foutait de tout », témoigne auprès de l’AFP un autre collégien, Benjamin, qui partageait avec lui des cours d’espagnol. « Il était dissipé et démarrait au quart de tour », ajoute-t-il.
La famille de la victime a annoncé sur les réseaux sociaux une marche blanche vendredi à 16 h GMT au départ du collège de Nogent. Le syndicat FSU a également prévu des rassemblements mercredi soir à Lille, Arras, Dunkerque (nord) ou encore Chaumont.