Meurtre de Julie Boisvenu: le meurtrier obtient sa permission de sortie
Le meurtrier Hugo Bernier a réussi à manipuler la Commission des libérations conditionnelles, selon le père de la victime et ex-sénateur, Pierre-Hugues Boisvenu


Michael Nguyen
Plus de 23 ans après avoir séquestré, violé et assassiné la jeune Sherbrookoise Julie Boisvenu, son meurtrier pourra finalement sortir du pénitencier pour aller rendre visite à son père en Gaspésie, au grand désarroi du père de la victime qui s’y opposait bec et ongles.
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«Il s’est fait accorder sa sortie alors qu’il n’a fait aucun effort pour diminuer sa dangerosité! Il n’a montré aucune évolution», s’est insurgé Pierre-Hugues Boisvenu, jeudi.
Peu auparavant, l’ex-sénateur et père de la victime recevait un appel de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) pour se faire annoncer que le meurtrier Hugo Bernier avait eu gain de cause. Maintenant âgé de 50 ans, Bernier pourra ainsi sortir «avec escorte» pour se recueillir avec son père à la suite du décès de son frère.
Il s’agira d’un rassemblement traditionnel autochtone, puisqu’il s’est autodéclaré ainsi.
En tout temps, le meurtrier sera menotté et surveillé par des agents des services correctionnels. Le trajet se fera en fourgon cellulaire et pour dormir, il devra se contenter d’une cellule dans un poste de la Sûreté du Québec.

«Forme de manipulation»
Mais c’est déjà trop de largesses pour un meurtrier qui a nié pendant plus de deux décennies les crimes sordides commis à Sherbrooke, aux yeux de M. Boisvenu.
À l’époque, Bernier avait ciblé Julie Boisvenu à la sortie d’un bar du centre-ville. Il avait alors séquestré la jeune femme de 27 ans afin de la violer, avant d’abandonner son corps presque nu dans un fossé. La dépouille avait été retrouvée une semaine plus tard.

Condamné à la prison à vie, Bernier a toujours nié le crime, disant qu’il l'avait tuée par accident pendant une relation sexuelle consentante. Ce n’est qu’à la toute fin d’une audience devant la CLCC le mois passé qu’il a finalement admis son crime du bout des lèvres.
«Ses réponses ont été les mêmes pendant 23 ans et, rendu dans ses derniers retranchements, il admet... Ça m’apparaît comme une forme de manipulation», a analysé Pierre-Hugues Boisvenu.

Spiritualité
Il reproche également au meurtrier d’avoir parlé de spiritualité afin de justifier son besoin d’aller se recueillir à l’extérieur des murs du pénitencier.
«S’il avait vraiment rencontré Dieu, la première chose [lors de son audience] qu’il aurait faite, c’était de me regarder et de s’excuser. Il ne l’a jamais fait», a déploré l’ex-sénateur.
À la place, Bernier assis à quelques mètres du père de sa victime avait plutôt fixé le sol, afin d’éviter de lui faire face.
«Julie aurait eu 50 ans cette année. [...] Ce meurtrier devant nous a brisé nos rêves de voir grandir Julie, avait alors déclaré M. Boisvenu. De la voir s’épanouir, de la voir un jour s’accomplir dans son rôle de mère, de professionnelle et de voir grandir nos petits-enfants.»
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La date de sortie avec escorte de Bernier n’a pas encore été fixée, selon M. Boisvenu. Il estime que ce cas démontre qu’il reste encore du travail à faire pour améliorer les droits des victimes.
Car même s’il a pu s’exprimer devant la Commission pour lui implorer de refuser la demande de Bernier, son plaidoyer n’a finalement rien changé.
«Devant le système, les accusés et les victimes n’ont pas des droits égaux, a-t-il dit. Je me bats pour faire en sorte qu’ils soient les mêmes.»