Meurtre de Guylaine Potvin: un désordre causé dans la violence, selon le technicien en scène de crime
Sa chambre n’avait plus rien d’une chambre d’étudiante normale après le passage de son agresseur, que les autorités croient être Marc-André Grenon

Pierre-Paul Biron
Pour le technicien en scène de crime de la SQ qui a analysé le meurtre de Guylaine Potvin, la chambre de la victime ne laissait aucun doute: «C’était plus que du fouillis. Je dirais qu’il y avait une violence, du déplacement, ç’a poussé dans cette chambre-là. [...] Je voyais une violence dans ça.»
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En contre-interrogatoire au procès de Marc-André Grenon, le technicien en scène de crime retraité André Lecompte a réitéré que pour lui, la chambre de Guylaine Potvin n’avait rien d’une chambre d’étudiante normale.

Le policier de la SQ a reconnu avoir colligé dans son rapport que sa première impression de la scène lui donnait l’impression d’une chambre en désordre, sans plus, mais il a insisté sur le fait que sa pensée avait rapidement évolué.
«Il y a la victime. Ensuite, le lit déplacé, le linge par terre, les couvertes par terre, le mur avec des traces à la tête du lit. Je ne voyais pas dans cette image-là une personne fatiguée qui s’était couchée pour dormir. Ce n’était pas normal», a insisté M. Lecompte en réponse aux questions de la défense.

Même si les tiroirs des deux chambres des colocataires de la victime avaient été fouillés, le technicien dit y avoir observé une différence marquante avec celle de la victime.
«Il n’y avait pas de violence dans ces chambres-là», a-t-il souligné.
Traces au mur
Le policier a aussi expliqué au jury avoir fondé de l’espoir sur les traces retrouvées sur le mur de la chambre de Guylaine Potvin, espoir qui s’est dissipé avant l’analyse.
En arrivant dans la chambre, André Lecompte a rapidement vu ce qu’il estimait être des traces «de chaussures ou de bottes» au-dessus de la tête du lit. Le rehaussement sur place avec la poudre n’a pas permis de résultat définitif, si bien que le policier a découpé le gypse pour le transmettre au laboratoire.

Or, au moment de l’analyse en juillet 2000, un peu plus de deux mois après le meurtre, les traces s’étaient dissipées sur le placoplâtre.
«Mon opinion, c’est que c’était un dépôt sur le mur d’une trace humide. On a essayé de faire révéler ça, ça a réagi un peu, mais pas tant. Puis, l’humidité s’est asséchée et rendu au labo, on n’avait plus aucun résultat. Si ça avait été un corps gras plutôt que de l’humidité, on aurait pu prélever en labo», croit André Lecompte.

«Mais là, c’était fini.»
Suite la semaine prochaine
La question du prélèvement d’empreintes digitales sur la scène par le technicien a également été évoquée jeudi matin.
Ce sujet reste à être complété la semaine prochaine puisque le procès a été ajourné jusqu’à lundi. Cette décision avait déjà été annoncée en raison de contretemps au niveau de l’horaire du juge.
La défense complétera à ce moment le contre-interrogatoire du témoin Lecompte.

Depuis l’ouverture du procès de Grenon lundi, quatre témoins ont pu être entendus dans la présentation de la preuve de la Couronne. Les deux amies de Guylaine Potvin ayant trouvé son corps ont livré de touchants témoignages, tandis que le premier paramédic arrivé sur les lieux est venu confirmer qu’il n’y avait plus rien à faire pour sauver la jeune victime de 19 ans.
La présentation des photos de la scène de crime et du corps de Guylaine Potvin par le technicien en scène de crime aura été un moment troublant pour le jury et les membres du public, le corps tuméfié de la victime montrant la violence de l’agression qu’elle a subie. Grenon est accusé du meurtre au premier degré et de l’agression sexuelle grave de la jeune étudiante qui vivait à Jonquière.
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