Meurtre de Guylaine Potvin: Marc-André Grenon coupable sur toute la ligne
«Vous êtes un lâche, un peureux, un pleutre. [...] Vous me soulevez le cœur», lui a dit le juge François Huot

Pierre-Paul Biron
Le jury a tranché en une quarantaine de minutes à peine et déclare Marc-André Grenon coupable du meurtre au premier degré et de l’agression sexuelle grave de Guylaine Potvin en avril 2000, mettant fin à un mystère qui durait depuis 24 longues années. «Je n’éprouve que du dégoût pour vos gestes», a quant à lui insisté le juge en s’adressant au meurtrier au moment de le condamner.
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Séquestrés pour leur délibération finale à compter de 14h, les 12 jurés en sont venus rapidement à un verdict unanime pour décider du sort de l’accusé de 49 ans. Vers 14h40, l’enveloppe avisant qu’ils en étaient venus à une décision était remise au juge François Huot.
«Coupable», a laissé tomber le juré no2 à deux reprises, quand on lui a demandé le verdict sur les chefs de meurtre prémédité et d’agression sexuelle grave.
Les proches de la victime ont alors éclaté en sanglots dans la salle. L’accusé, lui, est demeuré impassible, fixant droit devant lui, sans jamais se retourner vers la famille éplorée.


«Vous me soulevez le cœur»
Avant de rendre sa peine, le juge Huot s’est adressé avec colère avec Grenon.
«Vous êtes un lâche, un peureux, un pleutre», a-t-il lancé quand l’accusé a affirmé qu’il n’avait rien à dire aux parents de sa victime.
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Le magistrat s’est dit dégoûté que l’accusé ait pu vivre «sa petite vie tranquille» pendant que Guylaine «reposait six pieds sous terre».
«Vingt-deux ans de liberté injustifiée, c’est 8202 jours entre la commission de votre crime et votre arrestation. Comment avez-vous pu vous regarder dans le miroir? [...] Vous êtes un dépravé sexuel et un assassin, vous me soulevez le cœur.»

Le juge a aussi eu une pensée pour Romuald Potvin et Jeannine Caouette, les parents de la défunte, laissés dans l’inconnu pendant deux décennies.
«Je remercie Dieu qu’il ait prêté vie suffisamment longtemps au père et à la mère de Guylaine pour qu’ils assistent à la peine que je vous inflige», a souligné le juge Huot qui a souligné le travail des enquêteurs de l’unité des crimes non résolus, observant avec justesse que d’autres criminels en cavale «vont moins bien dormir après avoir écouté les nouvelles».
«Je vous souhaite beaucoup de courage pour expliquer à vos codétenus les circonstances qui vous ont mené au pénitencier», lui a-t-il fait remarquer à propos de son meurtre «crapuleux et dégoûtant».
Pour la mémoire de la victime
Le procureur de la Couronne, Me Pierre-Alexandre Bernard, a quant à lui salué la mémoire de Guylaine Potvin à sa sortie de la salle d’audience.
«Je tiens à diriger mes pensées à la mémoire de Guylaine Potvin, qui avait tout l’avenir devant elle.»

Le procureur a souligné que la preuve présentée était «très forte» et s’est dit très heureux que le jury ait adhéré à ses arguments.
«Nous espérons que ce verdict soit porteur d’un message d’espoir pour toute personne impliquée de près ou de loin dans un dossier relatif à la disparition d’un proche», a exprimé le représentant du ministère public. «Les dossiers restent ouverts», a-t-il insisté.
Sentence à vie
Ce verdict de culpabilité à l’accusation la plus grave du Code criminel scelle donc le sort de Marc-André Grenon.
La peine minimale pour le meurtre au premier degré est une sentence à perpétuité. La possibilité d’une demande de libération conditionnelle est quant à elle fixée à 25 ans. Grenon étant détenu depuis son arrestation le 12 octobre 2022, c’est donc dire qu’il ne pourra être libéré avant le 12 octobre 2047. Le meurtrier aurait alors 74 ans.

Le juge Huot a également ajouté une peine de 10 ans à purger de façon concurrente sur le chef d’agression sexuelle grave.
Il reste toujours des accusations pendantes de tentative de meurtre et d’agression sexuelle contre l’homme dans le district de Québec pour des événements qui sont survenus en juillet 2000, quelques mois après le meurtre de Guylaine Potvin. Ce dossier doit revenir devant le tribunal en mars.

Les moments clés du procès Grenon
Des premiers témoins bouleversants:
- Les amies de Guylaine Potvin, toujours marquées 24 ans après avoir retrouvé son corps au matin du 28 avril 2000.
- Le technicien en scène de crime qui a décrit la violence observée dans la chambre de la victime.
- Un rapport d’autopsie difficile à entendre.
Incursion dans une opération digne d’un film policier:
- Le projet PatronYme, testé pour la première fois en cour, a permis d’identifier le nom de famille Grenon comme étant d’intérêt.
- Une filature dans un cinéma a permis de récupérer l’ADN de l’accusé.
- La preuve d’ADN qui en ressort était accablante.
Des aveux qui changent tout:
- Au moment des plaidoiries, le clan Grenon reconnaît l’identification de l’accusé dans la preuve d’ADN et admet son rôle dans la mort de Guylaine Potvin.
- Les preuves clés du procès, soit le projet PatronYme et l’ADN, deviennent secondaires.
- La défense plaide que la mort de la victime découle d’un vol qui a mal tourné.
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