Meurtre de Guylaine Potvin: «Des centaines de milliards de fois plus probable» que l’ADN retrouvé soit celui de Marc-André Grenon
Les probabilités statistiques pèsent lourd contre l'accusé au jour 11 de son procès pour le meurtre et l'agression sexuelle grave de Guylaine Potvin en avril 2000 à Jonquière.

Pierre-Paul Biron
Le jury a eu droit à un cours de biologie en accéléré au procès de Marc-André Grenon mercredi, une experte présentant les résultats d’analyse qui concluent qu’il est «des centaines de milliards de fois plus probable» que l’ADN retrouvé sur le corps de la victime soit bel et bien celui de l’accusé plutôt que celui d’un autre individu.
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Caroline Paquet, biologiste judiciaire, est venue témoigner des conclusions qu’elle tire des prélèvements faits en 2000 sur la scène et en 2022 quand Marc-André Grenon a été mis en filature.
L’experte a plus de 2200 dossiers et le traitement de plus de 10 000 pièces à conviction derrière la cravate depuis le début de sa carrière de plus de 15 ans au Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale. Elle est également responsable depuis 2021 d’une équipe spécialisée en dossiers non résolus.
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Mercredi, elle a tenté de résumer cette expertise pointue aux 14 jurés néophytes en la matière qui devront analyser cette preuve clé pour décider du sort de Marc-André Grenon, accusé du meurtre et de l’agression sexuelle grave de Guylaine Potvin.

Sans équivoque selon l’experte
Des prélèvements d’un profil d’ADN masculin inconnu avaient été faits en 2000 sur le corps de la victime et la scène de crime, mais n’avaient jamais pu être jumelés à l’ADN d’un suspect avant 2022. C’est à ce moment que des avancées en généalogie judiciaire permettent de faire ressortir le nom de Grenon à l’avant-plan de l’enquête.
Les résultats?
Sans équivoque, selon le témoin expert.
«Le résultat ADN est des centaines de milliards de fois plus probable si l’ADN masculin prélevé sur les ongles de la main droite [de la victime] provient de Marc-André Grenon plutôt que de quelqu’un d’autre», peut-on lire dans le rapport daté du 6 mars 2023.

Plusieurs prélèvements concluants
Cette conclusion faite sur le prélèvement provenant des ongles de la victime est claire, selon l’experte, mais celles faites à partir d’autres prélèvements le sont tout autant.
De l’ADN de Marc-André Grenon a été identifié sur plusieurs prélèvements provenant de parties du corps de la victime. (Voir encadré)

Même chose pour des analyses faites sur des objets saisis dans la chambre de Guylaine Potvin. Sur la ceinture de la victime par exemple, une tache de sang analysé montre que l’échantillon correspond à l’ADN de Marc-André Grenon.
Au total, l’ADN de l’accusé de 49 ans a été retrouvé à huit endroits différents, selon Caroline Paquet.

Repris de A à Z
Et même si l’experte n’est pas celle qui a réalisé les analyses initiales, elle a foi dans les conclusions présentées au jury mercredi.
«J’ai repris le dossier en entier, tous les rapports d’expertise émis, toutes les notes de pièces, les résultats obtenus. J’ai refait les analyses, j’ai refait les calculs et en relisant les rapports d’expertise, j’atteste ce qui s’y trouve», a conclu la biologiste judiciaire.
Son contre-interrogatoire par les avocates de Marc-André Grenon aura lieu jeudi.
Une preuve d’ADN statistiquement lourde pour Marc-André Grenon
L’ADN de l’accusé a été retrouvé à 8 endroits différents, selon la biologiste judiciaire Caroline Paquet.
Sur le corps de Guylaine Potvin:
- Bouche
- Vulve
- Vagin
- Ongles de la main droite
- Ongle de la main gauche
Sur des objets saisis dans la chambre de la victime :
- T-shirt de Guylaine Potvin (sein gauche)
- Sang de la ceinture de la victime
- Sang sur une boite de condoms
«Toutes les informations génétiques correspondent» - Caroline Paquet, biologiste judiciaire
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