Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Meurtre de Daphné Huard-Boudreault: la famille poursuit la police

Partager
Photo portrait de Erika Aubin

Erika Aubin

2023-05-29T16:48:01Z
2023-05-29T17:40:01Z
Partager

Plus de six ans après le meurtre d’une jeune femme de 18 ans par son ex-conjoint à Mont-Saint-Hilaire, sa famille intente une poursuite à la hauteur d’un million de dollars contre la Régie intermunicipale de police Richelieu Saint-Laurent.

• À lire aussi: Meurtre de Daphné Huard-Boudreault: les policiers blanchis

• À lire aussi: Meurtre de Daphné Huard-Boudreault: la policière se défend

• À lire aussi: Meurtre de Daphné Huard-Boudreault : «elle n’a pas été protégée», dit son père

La famille reproche aux agents de police impliqués d’avoir minimisé la gravité du comportement de l’ex-conjoint de Daphné Huard-Boudreault et d’avoir mal évalué la situation de violence conjugale. Elle réclame un peu plus d’un million $ en dommage et intérêt.

La jeune femme âgée de 18 ans a été tuée par Anthony Pratte-Lops en mars 2017 alors qu’elle se rendait chez lui pour récupérer des effets personnels après leur rupture, qui remontait à quelques jours. Après avoir plaidé coupable, celui-ci a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 18 ans.

Son ex la harcelait depuis quelques jours avant de passer à l’acte. Tôt le matin du meurtre, il s’est introduit dans sa voiture et refusait d’en sortir. Ne voulant pas être en retard à son travail, Daphné Huard-Boudreault s’était résignée à conduire jusqu’au dépanneur, situé à Otterburn Park.

Publicité

Quelques minutes plus tard, elle a appelé au 911 pour signaler l’entrée par effraction dans son véhicule et pour que des agents lui viennent en aide afin d’escorter son ex-conjoint loin de son lieu de travail.

  • Écoutez l'entrevue avec Virginie Dufresne-Lemire, avocate des parents de Daphné Huard-Boudreault à l’émission de Benoit Dutrizac via QUB radio :

Quatre agents se sont présentés au dépanneur, mais malgré qu’il faisait des doigts d’honneur vers le commerce et insultait à voix haute son ex-copine, il n’a pas été arrêté à ce moment.

Peu avant midi, la jeune femme s’est présentée au poste de police de Beloeil pour obtenir de l’aide afin de récupérer ses effets personnels chez son ex, ainsi que pour signaler qu’il a volé son cellulaire, changé ses mots de passe et publié des vidéos dégradantes sur sa page Facebook dans lesquels il l’insultait.

Daphné Huard-Boudreault a quitté le poste en direction de la résidence de son ex, suivie par une policière dans une autre voiture. À son arrivée au domicile, la policière a cherché l’adresse exacte pendant quelques minutes, décrit-on dans la poursuite.

Lorsqu’elle a ouvert la porte de l’appartement, la jeune femme avait déjà la gorge tranchée. L’agente a rapidement passé les menottes à Pratte-Lops, qui avait les mains couvertes de sang.

Publicité

Une directive mal interprétée

Lors du procès en déontologie policière qui s’est déroulé en 2022, la famille a appris que les agents n’avaient pas appliqué adéquatement la politique en matière de violence conjugale.

Si Pratte-Lops n’a pas été arrêté au dépanneur plus tôt le matin même, c’est parce qu’il n’y avait pas de menaces ni de craintes pour la vie de la victime, selon les déclarations de deux agents lors de l’enquête menée par le Bureau des enquêtes indépendantes.

«Le processus n’a donc pas été enclenché comme le prévoit la directive. Selon ce qu’on a appris au procès en déontologie, c’était au su de l’employeur [...]. C’était une faute qui est quand même très très importante et nous avons eu connaissance de cette faute-là récemment», a mentionné l’avocate de la famille, Me Virginie Dufresne-Lemire.

Les hauts dirigeants du corps policier «étaient au fait de l’interprétation et de l’application erronée des directives en matière de violence conjugale» par ses agents, affirme-t-on dans la poursuite.

Marqués à vie

Insomnie, cauchemar, anxiété, épisodes de dépression, arrêts de travail: le meurtre a causé des séquelles permanentes chez plusieurs membres de la famille de la jeune victime.

Son père a notamment vu «tous les projets et tous les rêves qu’il partageait avec Daphné s’écrouler en un instant. Il s’agit d’une souffrance qu’il n’aurait jamais pu imaginer; une souffrance qui est difficilement descriptible», peut-on lire.

– Avec l’Agence QMI

Publicité
Publicité