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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Meurtre dans une mosquée en France: le suspect arrêté en Italie

AFP
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2025-04-28T06:49:55Z
2025-04-29T00:07:16Z
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Après deux jours et demi de cavale, un Français de 21 ans s’est rendu à la police italienne, avouant être le meurtrier d’Aboubakar Cissé, ce jeune Malien lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi matin dans la mosquée d’une petite commune du sud de la France. 

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Une information judiciaire a été ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion, a annoncé lundi la procureure française Cécile Gensac, désormais en charge du dossier.

Le meurtrier de 21 ans, qui s’est constitué prisonnier dimanche soir dans un commissariat de Pistoia, en Toscane, a indiqué aux enquêteurs «avoir tué la première personne qu’il a trouvée» sur son chemin, a indiqué son avocat italien Giovanni Salvietti à l’AFP.

«Il n’a rien dit contre l’islam ni contre les mosquées», a-t-il ajouté.

Oliver Hadzovic – l’identité communiquée par les autorités italiennes – parle français et romani. L’homme né à Lyon (centre est de la France) en 2004 est de nationalité française et d’une famille d’origine bosnienne.

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Il est arrivé en train à Pistoia, où vit une tante paternelle, sans bagage, précise son avocat.

Il «a déclaré être l’auteur de l’homicide d’un fidèle musulman, commis le vendredi 25 avril dernier dans la mosquée Khadidja dans la commune de La Grand-Combe en France», a précisé un communiqué des enquêteurs italiens.

Il se trouve dans une cellule de la préfecture de police de Pistoia et pourrait être transféré dans une prison offrant davantage de garanties de sécurité, à Florence ou Prato, selon l’avocat. Les autorités cherchent en effet un endroit où il n’y aurait pas de contact possible entre lui et des détenus musulmans, par peur des représailles.

Le jeune homme était «très silencieux, taciturne, renfermé» lors de son audition dimanche soir, a ajouté Me Salvietti.

Selon l’avocat, un mandat d’arrêt européen a été reçu en Italie et le meurtrier pourrait être très rapidement transféré vers la France. La procédure judiciaire «devrait se conclure d’ici mercredi et ça devrait être une formalité», a-t-il dit.

Son client «a déclaré hier qu’il souhaite revenir en France et j’imagine qu’il confirmera ça», après quoi il sera simplement question d’organiser les modalités concrètes de son transfèrement.

Vidéo incriminante

Sur le réseau X, le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a félicité «chaleureusement» les «magistrats et les enquêteurs» pour l’arrestation de cet homme considéré comme «extrêmement dangereux», qui était traqué par plus de 70 policiers et gendarmes français.

Dans la vidéo qu’il avait lui-même réalisée vendredi juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, le meurtrier se félicitait de son acte et insultait la religion de sa victime: «Je l’ai fait (...) ton Allah de merde», avait-il répété à deux reprises.

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Mais Oliver Hadzovic ne se souvient pas d’avoir filmé son geste, précise son avocat.

Mourad Battikh, l’un des avocats de la famille de la victime, a jugé «absolument choquant» que le parquet national antiterroriste (Pnat) français ne se soit toujours pas saisi de ce dossier.

«Il n’y a aucun “deux poids, deux mesures” dans la réaction du gouvernement», a rétorqué la porte-parole du gouvernement français, Sophie Primas, alors que la gauche accuse généralement le ministre de l’Intérieur d’avoir tardé à réagir.

Le Mali, pays d’origine de la victime et aux relations difficiles avec la France, a condamné «avec la plus grande fermeté cet acte barbare» qu’est «l’assassinat» de M. Cissé.

Il dit suivre «avec une attention particulière l’évolution de l’enquête en cours», dans un communiqué du ministère chargé des Maliens de l’Extérieur publié lundi.

Complicités

La justice française a révélé lundi que le mis en cause, une personne sans emploi avec des attaches dans le Sud, jusque-là «restée sous les radars de la justice et des services de police», avait «manifestement bénéficié de complicités» pour se rendre en Italie.

À La Grand-Combe, une marche blanche en souvenir de la victime a rassemblé plus d’un millier de personnes dimanche.

Parmi eux, Abdallah Zekri, recteur de la mosquée de la Paix à Nîmes, n’a pas caché son «sentiment de colère et de haine à l’égard de ceux qui ont commis ce crime», dénonçant un climat islamophobe.

«Le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France», a assuré dimanche après-midi le président Emmanuel Macron, en adressant «le soutien de la Nation» à la famille de la victime et «à nos compatriotes de confession musulmane».

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