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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Meurtre à Saint-Jean-sur-Richelieu: il tue sa mère après des hospitalisations et des menaces à répétition

Joël Brosseau a été confié jusqu’à nouvel ordre aux soins de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel

Joël Brosseau a été déclaré non criminellement responsable du meurtre de sa mère, Judith Igreda, survenu à Saint-Jean-sur-Richelieu en avril 2023.
Joël Brosseau a été déclaré non criminellement responsable du meurtre de sa mère, Judith Igreda, survenu à Saint-Jean-sur-Richelieu en avril 2023. Photo tirée de FACEBOOK, JOËL BROSSEAU
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Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2025-02-07T16:30:00Z
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Avant de tuer sa propre mère, un homme de la Montérégie a été hospitalisé à au moins sept reprises pour des problèmes de santé mentale et de troublantes menaces à ses proches, révèle un jugement du tribunal l’envoyant en psychiatrie pour une durée indéterminée.

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«Malheureusement, il a fallu la survenance d’un crime horrible pour que M. Brosseau soit placé en détention stricte et qu’il accepte, avec difficulté, le traitement nécessaire à sa condition», écrit la juge Annie Émond.

Cette semaine, elle a donc accolé à Joël Brosseau l’étiquette d’accusé à «haut risque» afin de le confier jusqu’à nouvel ordre aux soins de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel.

Il a déjà été déclaré non criminellement responsable du meurtre prémédité de sa mère, Judith Igreda, survenu en 2023 à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Judith Igreda, victime
Judith Igreda, victime Photo tirée de FACEBOOK, JOËL BROSSEAU

Le jour du crime, Joël Brosseau a été envahi d’idées noires après avoir déjeuné. Il voulait s’enlever la vie, mais croyait que la victime de 67 ans l’en empêcherait. Il a donc choisi de l’attaquer à coups de couteau.

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L’homme de 44 ans a plus tard avoué aux policiers «ne pas regretter son geste, qu’il n’avait plus d’amour pour elle et que ce n’[était] pas par vengeance», selon un résumé des faits de l’affaire.

Psychiatrie

C’était l’aboutissement d’une détresse grandissante chez Joël Brosseau. À peine quelques mois avant de commettre l’irréparable, il avait été hospitalisé en psychiatrie pour une septième fois depuis 2016.

Les policiers avaient alors été appelés à intervenir à son endroit, parce qu’en pleine nuit, il avait entre autres laissé à sa sœur un message vocal qui donnait froid dans le dos.

«Moi, Joël Brosseau, je vais te tuer [...]», avait-il dit.

Cela s’inscrivait dans le «crescendo» d’un comportement de plus en plus inquiétant au fil des ans, selon le tribunal.

La police avait érigé un périmètre de sécurité sur la rue des Pins, à Saint-Jean-sur-Richelieu, le jour du drame.
La police avait érigé un périmètre de sécurité sur la rue des Pins, à Saint-Jean-sur-Richelieu, le jour du drame. Photo Agence QMI, THIERRY LAFORCE

Le quadragénaire, qui a été aux prises avec toutes sortes de délires et de «craintes paranoïdes», a par exemple dressé une liste des personnes qu’il voulait tuer. Sa mère et sa sœur se trouvaient au sommet.

«La non-observance de la prise de médicaments et la prise de cannabis et d’autres substances ont nui à la santé mentale de M. Brosseau depuis sa première hospitalisation d’urgence, en 2016», souligne la juge Émond.

Sa mère, Judith Igreda, était demeurée malgré tout «extrêmement impliquée pour offrir, avec le corps médical, du support à son fils», ajoute-t-elle.

Pas surprise

La sœur du meurtrier a témoigné en cour avoir appris en 2018 que son frère était atteint de manie psychotique.

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«Elle n’a pas été surprise par le diagnostic. Cela faisait 10 ans qu’elle observait des symptômes qui laissaient présager une maladie mentale», décrit le document judiciaire.

La police avait érigé un périmètre de sécurité sur la rue des Pins, à Saint-Jean-sur-Richelieu, le jour du drame.
La police avait érigé un périmètre de sécurité sur la rue des Pins, à Saint-Jean-sur-Richelieu, le jour du drame. Photo Agence QMI, THIERRY LAFORCE

De plus récentes évaluations ont avancé que Brosseau souffrirait d’un trouble schizo-affectif.

Encore aujourd’hui, il existe un «risque réel» qu’il soit de nouveau violent advenant une libération sans contraintes de l’hôpital, estime la juge Émond.

  • Comme le rapportait Le Journal la semaine dernière, Judith Igreda et 16 autres personnes ont été tuées par leur enfant ou leur petit-enfant dans les 24 derniers mois au Québec.

Chronologie d’une tragédie

2016: Première consultation en psychiatrie;

2017-2018: Hospitalisation d’un mois après des messages menaçants, évoquant entre autres une «purge»;

2019: Hospitalisation de plus d’un mois à cause de menaces sur les réseaux sociaux et d’idées suicidaires. Il croyait que sa famille était impliquée dans de la pédophilie et du trafic de drogues;

2020: Vu à quelques reprises à l’urgence et hospitalisé pour son comportement agressif et des propos décousus. Cette année-là, la Cour supérieure a refusé une demande d’autorisation judiciaire de soins à son endroit;

2021: Des symptômes dépressifs et une consommation abusive de cannabis et de cocaïne l’envoient à l’hôpital pour environ trois semaines;

2022: Retour à l’hôpital après une rechute de cannabis et sous-médication;

2023: Il passe plus d’un mois à l’hôpital après des menaces à sa sœur.

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