Mettre le genre à l'index?


Sophie Durocher
Aimeriez-vous que votre enfant, à l’école, lise un livre qui affirme que la terre est plate ou que deux plus deux font cinq?
Comment réagiriez-vous si votre ado revenait à la maison en vous disant qu’on l’a obligée à lire un livre qui affirme que les poules ont des dents et qu’une semaine compte quatre jeudis?
Vous seriez peut-être furieux qu’on propage ces sornettes auprès de votre progéniture?
Mais pourquoi accepte-t-on que dans les écoles circulent des livres qui affirment (sans rire) que l’on peut être une fille le mardi et un gars le mercredi?
Pas comme l’Alberta!
Toute la question des livres autorisés dans les écoles a refait surface cette semaine car, comme on le lisait dans Le Journal, «le gouvernement albertain impose des règles plus strictes après avoir trouvé des contenus jugés inappropriés dans les bibliothèques scolaires».
On apprenait aussi que «le ministre québécois de l’Éducation, Bernard Drainville, ne prévoit pas interdire les livres sexuellement explicites dans les écoles. Il invite toutefois les parents à signaler les ouvrages qu’ils jugeraient inappropriés à leur centre de services scolaire.
Le Québec fait confiance au jugement des professionnels du milieu scolaire.»
Vous me connaissez assez pour savoir que je suis contre toute forme de censure. Mais il existe aussi une telle chose que le GBS (Gros bon sens). On peut se demander pourquoi certains livres se retrouvent sur les tablettes des écoles alors qu’ils propagent des concepts erronés présentés comme des grandes vérités.
On a beaucoup parlé du livre Le rose, le bleu et toi, d’Élise Gravel parce que le 2 février 2023, l’Assemblée nationale avait condamné la censure du bouquin par des écoles et bibliothèques américaines.
Or je soupçonne plusieurs parlementaires de ne jamais avoir ouvert ce livre.
On y lit par exemple: «À la naissance, les corps humains sont un peu différents les uns des autres. C’est ce qu’on appelle notre SEXE.»
Un peu? Je connais beaucoup de médecins et de biologistes qui seraient ulcérés de lire ça car la réalité, c’est que les différences entre les corps féminins et les corps masculins sont ÉNORMES.
C’est comme si j’écrivais: «les pommes et les oranges sont un peu différentes», pour ne pas faire de peine aux agrumes.
Madame Gravel continue: «En voyant notre corps, les adultes nous identifient comme FILLE ou GARÇON. Mais notre sexe ne définit pas qui nous sommes.» Les adultes n’assignent pas un sexe aux enfants, ils constatent que l’enfant est d’un sexe ou d'un autre. Prétendre le contraire, c’est faire fi de la science.
L’auteur jeunesse poursuit: «D’abord, qu’est-ce que ça veut dire au juste, être une FILLE ou un GARÇON? Est-ce qu’il faut à tout prix être l’un ou l’autre? Ou est-ce qu’on peut être LES DEUX en même temps ou AUCUN DES DEUX si on veut?».
Faites vos recherches
Qu’est-ce qu’on gagne en laissant les enfants croire qu’ils peuvent très bien n’être ni homme ni femme? Leur dirait-on qu’ils peuvent être une licorne?
Il ne faut pas mettre de livres à l’index. Mais on peut se servir de notre index pour pointer du doigt des livres qui véhiculent des principes erronés. Est-ce trop demander que les écoles s’en tiennent à des livres qui respectent les faits?