Mettre le français au cœur de l’éducation

Gabriel Jarvis, Étudiant à la maîtrise en histoire et Détenteur d'un baccalauréat en enseignement au secondaire de l'univers social
Les derniers événements liés à l’écriture du français des cégépiens ont fait couler beaucoup d’encre récemment. On constatait leurs difficultés de rédaction et leurs lacunes qui proviendraient notamment du secondaire.
Le manque d’aide étant flagrant, il faudrait, entre autres, donner davantage de tutorat pour permettre à nos élèves d’élever leur niveau d’écriture. Objectif toutefois ardu en ces temps de pénurie d’enseignants.
Et si l’on évaluait le français dans les remises de travaux de toute discipline confondue afin de rehausser sa maîtrise chez les jeunes?
Fautes d’orthographe évaluées
Chaque enseignant devrait, dans sa correction, évaluer les fautes d’orthographe de leurs élèves. Par exemple, on pourrait penser à un maximum de 10% à retirer sur la note finale afin de bien les préparer aux exigences des établissements postsecondaires. Bien sûr, il faut considérer les différents troubles tels que la dyslexie afin d’être plus juste.
En effet, des voix s’élèveront pour dénoncer l’alourdissement de la tâche enseignante. On nous dira également que ça mettrait en difficulté, voire en situation d’échec, nos jeunes. En contrepartie, il n’y a rien de plus soulageant pour l’élève de savoir que ces fautes d’orthographe ne seront pas évaluées. À quoi bon s’appliquer, se demanderont-ils alors? Et plus encore: «Tant que je suis capable d’être compris et que mon contenu est bon, pourquoi me forcerais-je à écrire convenablement?». Vraisemblablement, on ne pousse pas les futurs citoyens à l’excellence; on vient à cultiver leur paresse, voire leur médiocrité.
D’autres soulèveront également que c’est trop difficile pour des élèves issus de l’immigration qui doivent se tailler une place dans cette société d’accueil d’apprendre le français en plus.
Certains sortiront l’épouvantail de l’échec et diront à quel point celui-ci est démotivant pour l’apprenant.
Transmettre l’amour du français
Cependant, l’évaluation continue du français ne les pénaliserait pas, mais les obligerait à s’appliquer lorsqu’ils écrivent. Il faut être ambitieux en revenant aux fondements de la mission de l’école québécoise. Le triptyque scolaire s’articule autour de l’action d’éduquer, de qualifier et de socialiser. La langue française doit se soumettre à ces trois missions pour qu’elle soit valorisée. Il faut redoubler d’audace par rapport à celle-ci puisqu’elle est à la base de la nation québécoise.
Nous vivons une crise de la culture, notamment causée par la mondialisation, où les référents communs se perdent. Il faut redonner du sens au français en faisant un point de convergence et en demandant aux enseignants d’incarner un modèle à suivre: une figure amoureuse de notre langue qui l’incitera à s’y attacher. D’ailleurs, ne fait-il pas partie du rôle de l’enseignant d’agir en tant qu’héritier d’objets de savoirs ou de culture et de valoriser la communication orale et écrite?

Gabriel Jarvis, étudiant à la maîtrise en histoire et détenteur d'un baccalauréat en enseignement au secondaire de l'univers social, Montréal