Metro s’inquiète de la faiblesse du dollar canadien et de son impact sur la hausse des prix à l’épicerie


Julien McEvoy
La guerre des tarifs avec les États-Unis inquiète beaucoup moins Metro que son impact sur le dollar canadien, dont la faiblesse pousse et va continuer de pousser les prix à la hausse à l’épicerie, reconnaît le président de la chaîne québécoise.
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«Il y a déjà plus d’inflation sur certains produits», a indiqué Eric La Flèche, mardi, en marge de l’assemblée annuelle des actionnaires de Metro, au 36e étage d’une tour de bureaux du centre-ville de Montréal.

Le dollar canadien faiblit, souligne-t-il, et va peut-être faiblir encore. Il était à 74 cents US à pareille date l’an dernier contre 69 cents à présent.
Cette chute aura – a déjà – des conséquences sur les prix en magasin. Metro se réjouit du retour à la normale de l’inflation alimentaire à 2,2% en 2024, mais son président est loin de garantir que 2025 sera aussi clémente.
«À quelle vitesse [les prix vont monter]? Quand? C’est bien difficile à dire», a dit Eric La Flèche, mardi, en soulignant que «la pression est forte sur le dollar canadien, ce qui pourrait mener à des hausses de prix».
Les consommateurs peuvent au minimum s’attendre en 2025 à une hausse de 2 à 3%, ce qui est «la norme» dans l’industrie.
Super C surchauffe
Metro présentait aussi mardi les résultats de son premier trimestre de 2025, celui qui s’est terminé le 21 décembre dernier.
Super C continue de dépasser Metro pour la croissance des ventes, alors que le réseau de 525 pharmacies Jean Coutu et Brunet tire les résultats du groupe vers le haut.
Les bénéfices ont été de 260 millions $ sur des revenus de 5 milliards $.
Eric La Flèche a bon espoir d’atteindre son objectif de 8 à 10% de croissance du bénéfice par action en 2025.
Fin du gel des prix
L’assemblée annuelle des actionnaires se tenait au moment où se termine le gel des prix décrété par les épiciers de novembre à février chaque année.
L’an dernier, le président de Metro avait donné l’exemple du jus d’orange comme premier produit à être majoré à la hausse.
Pas de ça cette année. Il a fallu le relancer pour qu’il nomme le café, le cacao et le bœuf comme produits à surveiller dès le début février.
«On trouve les meilleurs prix afin de minimiser les hausses qu’on accepte et qui sont refilées en partie aux consommateurs», a-t-il dit.
Retour des hausses dès février
Avec chaque assemblée annuelle de Metro arrive aussi la fin du gel des prix. C’est la période de l’année où les hausses négociées entre l’épicier et ses fournisseurs prennent effet.
Metro en reçoit de 7000 à 9000 par année, que ce soit de la part du fabricant de préparation pour crêpes de Québec ou de PepsiCo.
«On n’abuse pas de personne, on n’impose pas notre volonté sur personne», a commenté Eric La Flèche, mardi, au sujet des négociations, qui ont la réputation d’être féroces dans tout le secteur alimentaire.
Les relations avec les fournisseurs sont professionnelles, a assuré le président de Metro, ils sont traités de façon équitable et raisonnable.
Devant les appels au boycottage des produits américains de la part de certains, la chaîne redouble-t-elle d’efforts pour offrir des produits québécois et canadiens aux clients?
«Dans la mesure du possible, on favorise les produits locaux, mais dans plusieurs catégories, le produit est américain ou son prix est déterminé en dollars américains», a-t-il indiqué.
Congé de taxe inutile
Actuellement, la non-imposition de la TPS fausse les données de l’inflation, qui est un peu sous-estimée, a souligné La Flèche.
Au passage, il a indiqué que Metro n’a pas connu de hausse du volume des ventes avec la mesure fédérale en vigueur depuis la mi-décembre.
«On a travaillé fort pour mettre la mesure en place, mais on n’a pas constaté d’impact sur les ventes», a-t-il dit.
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