Metro défend son affiche controversée sur la politique des prix


Julien McEvoy
Metro affirme respecter la loi avec son affiche controversée sur la Politique d’exactitude des prix, alors que l’Union des consommateurs y voit une tentative de limiter les compensations aux clients.
La chaîne d’épiceries, qui possède Metro, Super C, Adonis, Première Moisson, Jean Coutu et Brunet, a créé sa propre affiche, qui diffère de celle qui est fournie par l’Office de protection du consommateur (OPC).

La photo prise mercredi dans une épicerie montréalaise et obtenue par Le Journal montre la différence.
Conflit d’interprétation
Tandis que l’affiche de l’OPC précise que la politique s’applique au «prix annoncé en magasin, dans une circulaire ou une publicité», Metro a limité l’application au «prix annoncé en magasin».

«Metro a fait sa propre affiche alors que l’OPC en fournit une. Pourquoi ont-ils mis du temps là-dessus?» questionne Maxime Dorais, codirecteur de l’Union des consommateurs, joint au téléphone jeudi.
Cette différence pourrait permettre à Metro d’éviter d’indemniser les clients pour des erreurs de prix dans ses publicités ou ses circulaires, selon l’organisme.
Metro se défend
L’épicier réfute catégoriquement ces allégations. «Le constat de base est inexact: non, il ne faut pas aussi parler de circulaire et de publicité sur l’affiche», indique Geneviève Grégoire, cheffe des communications chez Metro.
Selon elle, l’affiche respecte «en tous points» le décret de 2001, qui n’a pas été modifié par le récent projet de loi. «On peut utiliser une autre affiche que celle de l’OPC», précise-t-elle.
Metro défend sa version plus restrictive en invoquant l’article 6 du décret, qui stipule que la politique d’exactitude des prix ne s’applique pas aux messages publicitaires lorsqu’un erratum est transmis en magasin.
«L’ajout par l’OPC de la notion de circulaire et de publicité sur sa nouvelle affiche porte, à l’inverse, à confusion, selon nous», soutient Mme Grégoire.
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Confusion pour les consommateurs
Cette interprétation divergente risque de créer de la confusion aux caisses, préviennent des sources.
«Ben non, regardez, c’est écrit là», risque-t-on d’entendre en magasin lorsqu’un client tentera de faire valoir ses droits pour une erreur de prix dans une circulaire ou une publicité.
L’affiche de Metro omet également de mentionner les coordonnées de l’OPC, redirigeant plutôt les consommateurs vers son propre service à la clientèle.
«Est-ce que les agents qui répondent au numéro de téléphone inscrit sur la nouvelle affiche ont reçu la consigne d’indiquer au client qu’il peut porter plainte auprès de l’OPC?» s’interroge le codirecteur de l’Union des consommateurs.
Nouvelles protections
Depuis le 7 mai, les nouvelles règles du ministre Simon Jolin-Barrette ont fait passer de 10$ à 15$ le montant prévu à la Politique d’exactitude des prix. Les commerçants doivent remettre gratuitement au client un article de 15$ ou moins si le prix à la caisse est plus élevé que le prix annoncé.
À l’OPC, on indique qu’en cas de non-conformité, un avis est d’abord transmis au commerçant avant qu’un constat d’infraction ne soit donné.
Metro a réalisé des ventes de 21,2 milliards $ lors de son dernier exercice financier, avec un bénéfice net de 931,7 millions $.
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