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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Merci, Marc-Antoine, d’avoir crié que le Québec existe

Les Québécois sentent bien le Canada se définir sans nous

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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2023-11-22T05:00:00Z
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Dans les minutes suivant la victoire des Alouettes à la Coupe Grey, Marc-Antoine Dequoy a fait un discours politique plus important qu’il ne le croit. L'ampleur de l’émotion et l’intensité du moment l’ont fait parler complètement avec son cœur. Et le message a frappé dans le mille. 

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Le lendemain, le numéro 24 des Alouettes tempérait son message. Calmé, il pesait ses mots et cadrait sa critique. Mais il maintenait sa version sur le fond: la Ligue canadienne de football devrait être bilingue alors qu’elle a réservé au français une place parfois gênante.

Personnellement, j’ai aimé Marc-Antoine Dequoy dans les deux versions. Le jeune homme est charismatique. On le croit lorsqu’il affirme qu’il n’y a aucune malice dans sa parole. 

Je suis convaincu que l’équipe des communications des Alouettes a nettement préféré la version polie et adoucie des propos du joueur étoile. Or pour moi, c’est la version à chaud qui porte le vrai message.

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Un vrai cri bien senti

C’est cette version un peu à la Mad Dog Vachon qui exprime le ras-le-bol devant l’accumulation de petites frustrations. C’est celle qui exposait pleinement un sentiment bien présent parmi les Québécois: celui de voir le Canada évoluer et se définir sans nous.

Oui, la Ligue canadienne de football a oublié qu’elle était bilingue. L’hymne national unilingue à Toronto, dans une finale où participe l’équipe montréalaise, on n’imagine pas. Pas de malaise parmi les Torontois, personne n‘y a même pensé.

Je n’étais pas à Hamilton dimanche, mais on raconte que dans le stade, l’affichage était pour l’essentiel en anglais, point. Ajoutons la frustration des Alouettes devant l’absurde: l’horaire télé annonce une finale Toronto/Winnipeg! Risible! Imaginez la télé américaine qui se tromperait sur les finalistes du Super Bowl.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la Ligue canadienne de football ne vit pas en vase clos. Elle est représentative de son pays, le Canada. Elle évolue dans le même sens que le Canada. 

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Le nouveau Canada

Malgré les efforts du gouvernement Trudeau, le français devient hors Québec une langue non pertinente. Dans la banlieue de Toronto, plusieurs langues sont devenues nettement plus importantes que le français. 

Oubliez toute la notion d’un pays bilingue basé sur deux peuples fondateurs et oubliez le Québec qui y serait une société distincte. Hors Québec, tout ça n’est plus qu’un charabia du passé. Le Canada anglais, je devrais dire le «Canada nouveau», ne loge plus à cette enseigne.

C’est cette conviction qui a permis à une animatrice du débat des chefs en anglais de décrire le Québec comme une société étrangère avec un problème de racisme.

Quoi qu’on dise, Marc-Antoine Dequoy a touché une corde sensible. La langue française, le respect, le sentiment d’être oubliés, énormément de Québécois se sont reconnus dans son cri du cœur. Moi le premier.

Si j’étais responsable du marketing des Alouettes, je ferais fabriquer une bonne cargaison de chandails du club avec le numéro 24. Il va s’en vendre...

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