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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Merci aux adultes qui m’ont sauvé la vie

Photo fournie par Charlie Provost
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Charlie Provost, Receveuse de dons de sang

2025-06-17T15:09:21Z
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Cher donneur de sang,

Je ne connais pas ton nom. Je ne sais pas à quoi tu ressembles. Mais je sais qu’un peu grâce à toi, je suis ici, aujourd’hui, bien en vie.

Je m’appelle Charlie Provost. Je suis née en 2009. Il paraît que c’est une année de crise financière, mais pour moi, c’est juste une belle année, celle qui marque le début de ma vie.

Pourtant, à peine la maternelle commencée, j’ai reçu un diagnostic de cancer. Laisse-moi te dire que c’est bien petit, 5 ans, pour affronter une leucémie.

Pour être bien honnête, ce sont mes parents qui devraient te raconter tout ça: le diagnostic qui fesse, la vie qui bascule, la peur au ventre, l’obligation de se diviser entre l’hôpital, le travail et la maison, parce que j’avais – et j’ai toujours – une petite sœur qui, elle, n’était pas malade et pour qui il fallait conserver un semblant de vie de famille! Ma mère, Annie Dubeau, et mon père, Éric Provost, ainsi que tous les adultes qui accompagnent des enfants dans ce cauchemar qu’est le cancer pédiatrique devraient recevoir une super grosse médaille!

Dans ma réalité d’enfant, c’était bien différent. Il y avait des bénévoles qui venaient jouer avec moi, j’aimais le piano dans la salle familiale, et j’avais développé un genre d’affection pour mon poteau de soluté, le seul ami véritable à qui je pouvais parler en tout temps!

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J’ai vécu la moitié de ma vie à faire face au cancer, à la chimio et aux autres médicaments, mais une chose qui a fait une différence majeure dans mon quotidien, selon mes parents, ce sont les fameuses transfusions de sang.

Ma mère raconte que quand j’étais toute blême et que je recevais du sang, mes joues reprenaient aussitôt de la couleur, et je semblais revenir à la vie. Quand on est malade, on prend vite conscience de l’importance des dons et de l’importance des donneurs... Tous ces gens qui oublient leur horaire de fou ou leur peur des aiguilles le temps de sauver une, deux ou trois vies... c’est vraiment beau! Si chacun s’arrêtait pour y réfléchir deux minutes, la banque de sang d’Héma-Québec exploserait. Vraiment!

Grâce aux avancées de la science, mais aussi grâce à tes dons, j’ai pu faire des projets... Je fais un peu de mannequinat, j’envisage des études en santé, j’ai des amis, je vais au lac chez mes grands-parents avec mes cousines, je fais du sport, je vais au gym, je joue au volleyball, je fais du ski, de la course, de la marche, je vais en vacances avec ma famille et tout ce que je peux maintenant faire, c’est grâce à toi et à ton beau et généreux geste anonyme. Ce matin-là, quand tu as fait un détour pour aller donner du sang, tu as permis à la vie de se frayer à nouveau un petit chemin en moi.

Si tu as des doutes sur l’importance de ton geste, permets-moi de te dire ceci: cette année, Héma-Québec a permis de distribuer aux hôpitaux du Québec plus de 300 000 unités de sang. Cela représente des milliers de chances de survie pour des gens comme moi.

Donner du sang ne prend qu’une heure de ta journée. Vois ça comme une petite pause pour toi. Pour moi, c’est une vie entière qui continue.

En lisant ton journal, je veux que tu saches que c’est la Semaine nationale du don de sang, du 10 au 16 juin. Je veux que tu saches aussi que tu es le héros de mon histoire. Mets ça dans ton cœur. Et sur ta route, essaie de convaincre un ami d’aller donner!

Charlie Provost
Receveuse de dons de sang

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