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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Menace nucléaire: Zaporijjia se prépare au «pire scénario»

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Agence France Presse

2023-07-06T12:49:15Z
2023-07-06T15:21:50Z
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Vêtements de protection, réserves de nourriture et... de vin rouge: à Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, des habitants s'inquiètent d'un possible accident atomique provoqué par Moscou dans la centrale nucléaire toute proche, occupée par les troupes russes.

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« Nous sommes très fatigués de cette tension. Nous vivons depuis près d'un an et demi en nous attendant au pire », explique Ievguenia Tchouksina, 43 ans.

« La guerre nous a appris que les Russes sont capables de tout. Néanmoins, nous pensons que la communauté internationale sera vigilante, qu'elle fera pression (sur la Russie) par tous les moyens possibles et que le pire n'arrivera pas », espère-t-elle.

Ce pire pourrait venir de la plus grande centrale nucléaire d'Europe, qui porte le nom de Zaporijjia mais se trouve en fait à Energodar, à une cinquantaine de km au sud-ouest à vol de nuage.

Les troupes russes l'occupent depuis le 4 mars 2022 et le site a déjà été visé à de multiples reprises par des tirs et coupé du réseau électrique, une situation précaire qui fait craindre un accident nucléaire majeur.

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Mardi, l'armée ukrainienne a cette fois mis en garde contre « la préparation possible d'une provocation » par les Russes sur le territoire de la centrale, « dans un avenir proche ».

Selon elle, des « objets similaires à des engins explosifs ont été placés sur le toit extérieur des réacteurs 3 et 4 ».

De son côté, le Kremlin a averti d'un possible « acte subversif » ukrainien aux « conséquences catastrophiques » à la centrale.

Déambulant avec sa compagne dans un parc près du fleuve Dniepr qui traverse la grande ville, 720 000 habitants avant la guerre, Danylo, un jeune entrepreneur de 27 ans, dit suivre « la situation en permanence ».

« Nous avons fait quelques préparatifs. Nous avons acheté des combinaisons de protection, des respirateurs, des couvre-chaussures, au cas où. Et nous suivons les informations de près », explique-t-il.

Les autorités locales ont déjà effectué fin juin un exercice de simulation de l'évacuation de 138.000 personnes vivant dans un rayon de 50 km autour de la centrale atomique, rappel lointain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, dans le nord de l'Ukraine, en 1986 à l'époque soviétique.

Une telle évacuation, « c'est le pire scénario », assure à l'AFP Olena Jouk, présidente du conseil régional de Zaporijjia, selon qui cela dépendra « du type d'accident: local, très local, pas local ».

Réserves de nourriture

« Je pense personnellement que l'accident sera local », dit la responsable pour laquelle ces nouvelles tensions sont liées à la contre-offensive menée par l'armée ukrainienne.

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Les Russes « n'ont pas besoin de faire quelque chose de spectaculaire. Ils doivent prendre des photos de la centrale nucléaire en train de brûler (...) pour justifier leur départ de la zone quand notre contre-offensive arrivera à un certain endroit, à une certaine situation », assure-t-elle.

Depuis début juin, afin de reprendre des territoires pris par les forces russes, les troupes ukrainiennes mènent une offensive sur plusieurs fronts, notamment à l'est de la centrale nucléaire.

À Zaporijjia, Iryna et son mari ont eux déjà tout prévu en cas d'incident nucléaire.

« Il y a de l'eau à la maison. Il y a des réserves de nourriture. Il y a une valise d'urgence que nous avons depuis un an et demi maintenant », détaille cette agente immobilière de 52 ans.

« Nous sommes avertis, informés. Si cela se produit, nous fermons toutes les fenêtres et les portes, on les scotche. Et on s'éloigne des fenêtres et de la rue pendant cette période dangereuse », explique-t-elle.

Des membres des Services d'urgence installent des stands itinérants dans la ville pour y proposer des prospectus sur le danger des mines mais aussi sur la conduite à tenir en cas d'incident nucléaire.

Selon un responsable du conseil régional, des habitants se sont mis aussi à faire des réserves de vin rouge.

« Il est officiellement dit qu'un antioxydant naturellement présent dans le breuvage serait susceptible de protéger contre les irradiations, assure de son côté Mme Jouk. Cela peut être utile ».

Lioubov, 69 ans, qui a fui la ville d'Energodar en septembre dernier, ne croit pas à une action des Russes contre la centrale nucléaire.

« Ils nous font peur et c'est tout (...) Ils ne feront pas cela. Non, ils ne la feront pas exploser », estime-t-elle.

Jeudi, l'armée ukrainienne a affirmé que « les tensions diminuent » autour de la centrale, évoquant « un travail puissant » de l'armée et de diplomates ukrainiens ainsi que de « nos partenaires étrangers qui mettent la pression » sur la Russie.

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