Menace des tarifs: un casse-tête pour les commerces de prêts-à-manger qui veulent maintenir de bons prix
Malgré un sursis de 30 jours, des entreprises sont inquiètes et préparent la suite des choses

Marianne Langlois
Des entreprises de prêts-à-manger et des traiteurs qui tiennent à boycotter les aliments américains doivent ajuster leur menu ou carrément changer des recettes s’ils veulent maintenir de bons prix.
«C’est un ajustement, on a déjà beaucoup de produits locaux, mais plusieurs de nos légumes viennent des États-Unis. On veut s’adapter, mais si le brocoli des États-Unis est 3$ et que celui du Canada est 15$, on va carrément changer nos recettes!» soutient Éric Reynaud, propriétaire de Gisèle Gauthier traiteur.

L’entreprise installée sur le Plateau Mont-Royal depuis une dizaine d’années met tout en œuvre afin de devenir locale à 100% et boycotter les produits importés de chez nos voisins du sud.

«Notre viande vient déjà de la Maison du Rôti et notre pain d’Arhoma à Montréal, mais on veut tout changer pour des produits plus locaux. Même pour nos produits nettoyants, on cherche des options québécoises [...] Je dirais que toute l’équipe embarque dans le projet», se réjouit M.Reynaud.

Nouvelle boutique
Pour le service de repas prêts-à-manger Kale fait maison, la menace de tarifs américains tombe à un bien mauvais moment. L’entreprise vient tout juste de faire l’acquisition d’une boutique avec pignon sur rue dans le quartier La Petite-Patrie qui doit ouvrir ses portes au public dès le mois prochain.

«Disons que c’est un peu stressant parce que c’est de l’inconnu! On travaille plusieurs aliments qui viennent des États-Unis, mais aussi des produits locaux, donc on va devoir s’adapter», explique Alexandre Noel, qui est copropriétaire de Kale fait maison avec son conjoint Michael Kale.
L’entreprise, qui offre la livraison à vélo et l’option de commander ses produits dans des contenants consignés, croit que ses clients pour qui les valeurs environnementales sont fondamentales demeureront au rendez-vous.

«S’il y a un problème, on va s’ajuster. Peu importe le dénouement des choses, on va garder ce cap-là, on va tout faire en notre pouvoir pour demeurer abordable et ne pas refiler la facture au consommateur», conclut-il.
Hausse possible
Pour le commerce De bons petits plats, situé sur l’avenue Van Horne, seul le temps dira si un ajustement de prix devra être fait.
«Actuellement, nos gros fournisseurs nous disent qu’ils vont faire affaire avec des compagnies qui sont hors des États-Unis pour garder des prix compétitifs. Notre viande vient d’ici, mais on pourrait continuer à avoir certains ingrédients des États-Unis, et on ne ferme pas la porte à une augmentation des prix pour le moment», a rapporté Roy Adi-nahed au Journal.
L’établissement qui fait partie du paysage du Mile End depuis plusieurs années rapporte déjà une baisse de ses revenus au cours du dernier mois et espère un regain de l’achat local.
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