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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Volte-face sur l'aide sociale: fragilisé, Keir Starmer recule

AFP
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2025-06-27T07:30:51Z
2025-06-27T13:15:27Z
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Menacé de fronde au sein de sa majorité travailliste, le premier ministre britannique Keir Starmer a dû faire marche arrière vendredi sur son projet de loi visant à couper dans les allocations aux personnes handicapées, un nouveau revirement majeur illustrant son autorité fragilisée.

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Ce projet visant à restreindre l'éligibilité aux aides à l'invalidité et à la maladie en Angleterre pour économiser 5 milliards de livres (5,86 milliards d'euros) par an ne s'appliquera finalement qu'aux futurs allocataires, a concédé son gouvernement vendredi.

Face à l'opposition farouche de 126 députés du parti de centre-gauche, soit près d'un tiers de la majorité de Keir Starmer à la Chambre des communes, le premier ministre a préféré reculer plutôt que de risquer une défaite humiliante lors du vote du texte prévu mardi.

Dans une lettre aux députés, la ministre du Travail Liz Kendall a annoncé que les personnes qui perçoivent actuellement des allocations handicap continueront d'en bénéficier.

«Les nouvelles conditions d'éligibilité seront mises en oeuvre à partir de novembre 2026 pour les nouvelles demandes uniquement», a-t-elle tranché.

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Il s'agit du troisième revirement du chef du gouvernement travailliste ce mois-ci, après son rétropédalage sur la suppression d'une aide au chauffage universelle pour les retraités, et sur une enquête nationale sur les gangs pédocriminels qu'il a finalement autorisée.

Le secrétaire d'État à la Santé Stephen Kinnock, interrogé sur Sky News, a assuré que «les débats et les discussions sont parfaitement normaux quand il faut faire avancer des réformes nécessaires et complexes».

Deux jours avant, Keir Starmer affirmait pourtant qu'il avait l'intention d'aller jusqu'au bout.

S'il avait «repoussé le projet de loi ou perdu le vote (...) cela aurait été pire», estime Steven Fielding, professeur de science politique à l'université de Nottingham, selon qui Starmer a «limité les dégâts».

«À deux vitesses»

Les députés ayant signé un amendement pour bloquer le projet de loi du gouvernement étaient au nombre de 126, soit la plus importante rébellion au sein du Labour depuis son accession au pouvoir il y a un an.

Élu en juillet 2024 après la victoire écrasante aux législatives des travaillistes, qui ont chassé les conservateurs après 14 ans à Downing Street, Keir Starmer a connu une lune de miel de courte durée avec le pays.

Sa popularité a très vite chuté, et selon une étude de l'institut YouGov publiée mercredi, nombre de ses électeurs se sont déjà détournés du Labour au profit des Verts, des libéraux-démocrates ou même de Reform UK, le parti d'extrême droite de Nigel Farage, favori des prochaines élections selon les sondages.

Ils reprochent à Starmer ne «pas avoir tenu ses promesses» et de pas avoir amélioré le pouvoir d'achat, malgré les efforts du gouvernement pour relancer une économie atone.

Concernant la suppression de l'aide au chauffage pour les retraités, mesure très impopulaire justifiée par la nécessité d'assainir les finances publiques, il a fallu des mois au gouvernement pour acter son revirement fin juin, étayant les accusations d'inconsistance portées par la droite.

«Beaucoup de gens se demandent quelles sont les valeurs que défend Starmer, et ce que représente exactement le parti travailliste», à trop vouloir se plier aux exigences des électeurs de Reform UK quitte à «s'aliéner la gauche», souligne le professeur Steven Fielding.

«Son autorité est plus fragile qu'on ne le pense», ajoute-t-il, dans le sens où «personne ne se revendique vraiment comme un partisan de Starmer, en lui apportant un soutien personnel».

Plusieurs élus du Labour ont déjà annoncé qu'ils ne voteraient pas le texte malgré les modifications, comme la députée Nadia Whittome, qui a dit sur la BBC craindre l'instauration d'un «système à deux vitesses».

Se pose aussi la question du financement du maintien de ces aides au handicap. Ruth Curtice, directrice du centre de réflexion Resolution Foundation, a estimé sur la même radio que le coût serait d'environ 3 milliards de livres, réduisant largement les économies envisagées.

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