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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Mélissa Verreault présente une grande quête identitaire dans son nouveau roman, La nébuleuse de la Tarentule

Explorer les différentes strates qui composent notre personnalité

Mélissa Verreault a publié La nébuleuse de la Tarentule, son nouveau roman, aux Éditions XYZ.
Mélissa Verreault a publié La nébuleuse de la Tarentule, son nouveau roman, aux Éditions XYZ. Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUEBEC
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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2024-03-02T08:30:00Z
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Autrice de Voyage léger et L’angoisse du poisson rouge, deux romans remarquables, Mélissa Verreault offre cette année un nouveau roman intimiste dans lequel elle brouille les frontières entre la réalité et la fiction. La nébuleuse de la Tarentule se promène entre les souvenirs traumatisants du personnage principal, Mélisa, qui doit démêler les fragments de son existence pour retrouver une paix intérieure et un chemin moins tortueux pour avancer dans la vie. 

La nébuleuse de la Tarentule: le nouveau roman de Mélissa Verreault.
La nébuleuse de la Tarentule: le nouveau roman de Mélissa Verreault. © Éditions XYZ

Mélisa ne comprend pas trop ce qui lui arrive: elle est plongée dans une réalité où ses perceptions à elle semblent échapper à la compréhension des autres. Ses souvenirs d’enfance, par exemple, divergent complètement de ceux qui sont évoqués par ses parents. 

Un beau jour, un amour d’adolescence qui l’avait durement rejetée refait surface et lui déclare sa flamme. Mélisa tire sur le fil des souvenirs, qui reviennent par bribes. Elle devra s’y retrouver, faire le ménage dans toutes ses pensées et se définir pour être capable d’avancer.

Explorer qui on est 

Mélissa Verreault, écrivaine imaginative et originale, avait des choses à dire. «C’est un projet qui m’habite depuis plusieurs années et c’est assurément mon projet le plus personnel», dit-elle en entrevue.

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«On peut le deviner quand on voit que le personnage a un prénom très similaire au mien et des caractéristiques qui sont similaires aux miennes, comme le fait que c’est une écrivaine, mère de triplées, mariée à un Italien. Ce sont des informations qui circulent sur moi depuis longtemps. Le grand public est au courant.»

Au-delà de ces aspects, elle avait envie de réfléchir à la notion d’identité, par exemple, la sienne par rapport à un personnage. «Parfois les lecteurs peuvent être tentés de la tenir pour acquis. Ils font deux ou trois recoupements entre l’auteur et le personnage et croient que ça veut dire que tout est vrai. Pis... non. La fiction est un jeu qui a le pouvoir de repousser les limites du vrai et du faux et moi, je m’amuse beaucoup avec ça.»

L’identité au sens large 

Mélissa Verreault voulait aussi examiner la notion d’identité, au sens large. «C’est quoi, l’identité? De quoi c’est composé? Qu’est-ce qui fait qui on est? C’est quoi les strates qui s’accumulent en nous et qui font qu’on est la personne qu’on est?»

Dans sa réflexion, toutes sortes d’éléments sont entrés en ligne de compte, comme les relations interpersonnelles, incluant dans cela l’amour, l’amitié, les relations parents-enfants. Mais aussi le sexe, la religion, les rapports de pouvoir qui peuvent s’installer dans l’un comme dans l’autre. L’argent. Le manque d’argent.

«J’ai réalisé aussi que la banlieue, c’était une partie de mon identité très forte et pas nécessairement une partie que j’aimais. C’est une partie blessée, en fait. Pour moi, la banlieue, c’était vraiment associé à cette idée de blessure, de trahison, parce que j’ai vécu des trahisons tout au long de mon enfance et de mon adolescence. Des trahisons de tout type et d’intensité très variée.»

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«J’ai eu envie d’aller plonger là-dedans, pas pour aller gratter mes bobos, parce que ça ne m’intéresse pas de faire mon autopsychanalyse sur la place publique, mais plus pour voir ce qu’il y a d’universel là-dedans et peut-être aussi de générationnel.»

Vécu... ou pas 

L’identité, ajoute Mélissa Verreault, est aussi attachée à un lieu: celui où on a grandi et où on a choisi de vivre par la suite. «Ça fait beaucoup de matière que j’ai voulu explorer par le truchement d’anecdotes.»

«Je voulais que ce soit exposé et exploré par l’entremise de faits peut-être vécus, peut-être pas... C’est le jeu. On n’aura pas de réponse et c’est là où on peut vraiment avoir du plaisir.»

La nébuleuse de la Tarentule

Mélissa Verreault

Éditions XYZ

400 pages

 

  • Mélissa Verreault est titulaire d’une maîtrise en création littéraire de l’UQAM. 
  • Elle est écrivaine et traductrice. 
  • Elle a publié Voyage léger et L’angoisse du poisson rouge, entre autres. 
  • Elle a aussi participé au collectif Dans le ventre. 
  • Elle est mère de triplées. 

«J’ignorais que papa savait faire des tresses. Papa parle peu, et quand il le fait, il parle fort, comme s’il craignait qu’on ne l’entende plus, après tous ces silences accumulés. (...) Quand il a fini de me coiffer, se rendant compte qu’il n’a pas d’élastique pour attacher ma tresse, il la tient entre ses doigts pendant de longues minutes sans bouger. De sa main libre, il prend une gorgée de bière. Je termine mon soda mousse en réduisant mes mouvements au minimum, attachée à mon père par cette corde de cheveux que je voudrais extensible à l’infini. J’aimerais être le cordage qui le garde fixé au quai.» 
 Mélissa Verreault, La nébuleuse de la Tarentule, Éditions XYZ 

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