Mélissa Désormeaux-Poulin fait un parallèle entre son nouveau rôle et celui d’Ariane dans Ruptures
Michèle Lemieux
La vie continue de se montrer généreuse envers Mélissa Désormeaux-Poulin qui, après 35 ans de carrière, voit son métier lui offrir la possibilité de se renouveler. Avec Cerebrum et la nouvelle série Mea culpa, l’actrice a l’occasion de relever de nouveaux défis qui l’amènent encore à se dépasser. Sa vie personnelle n’est pas en reste, car auprès de son amoureux des 28 dernières années et de leurs deux filles de 18 et 11 ans — elles aussi séduites par ce métier —, Mélissa vit un bonheur qui la conforte dans la place qu’elle occupe, dans les sphères tant professionnelle que privée.
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Mélissa, tu as fait ton arrivée dans la troisième et ultime saison de Cerebrum. En quoi ton rôle de Jacqueline Laurent représente-t-il un défi?
C’est un rôle sur lequel j’ai fantasmé. Ça faisait longtemps que j’avais envie de jouer ce genre de personnage, celui d’une fille complètement disjonctée. Je ne savais pas que ce serait une tueuse en série... Dans l’écriture de Richard Blaimert, il y a toujours plusieurs couches, et particulièrement avec ce rôle. C’est une fille qu’on aime beaucoup, une charmeuse, une manipulatrice, mais elle est aussi complètement folle.
Pourquoi dis-tu qu’elle est folle?
Je n’aime pas dire de mon personnage qu’elle est folle, car c’est réducteur, mais elle perd la réalité de vue. Sans être en psychose, elle ne fera plus la distinction entre le bien et le mal. C’est une perfectionniste, et quelqu’un l’empêchera de réaliser son plan. Elle voulait reprendre sa vie avec sa fille, retrouver une vie normale avec elle, mais sa fille refusera. Jacqueline va disjoncter et décidera de parvenir à ses fins, mais d’une autre façon. Elle prendra plaisir à éliminer les gens, car à son avis, les choses se règlent plus facilement ainsi. Elle se convainc qu’elle arrivera à revenir à une vie normale par la suite, mais ça ne se produira pas. C’est un personnage très intéressant. Je joue beaucoup avec Olivier Gervais-Courchesne, un super collaborateur, et Kelly Depeault incarne ma fille. C’est la première fois que j’étais dirigée par Guy Édouin, qui a fait de si beaux films. C’est un rôle qui m’a beaucoup habitée.
On vient d’annoncer que tu seras la tête d’affiche de la nouvelle série Mea culpa, dont le thème est fort intrigant: la justice réparatrice.
Oui, je jouerai une médiatrice qui s’intéresse à la justice réparatrice. Dans la réalité, il n’y en a que sept au Québec, et il faut être formé pour ce faire. C’est le cas de Sonia Vallée, qui m’a ouvert son bureau et m’a raconté son lien avec ses clients. Elle m’a parlé d’accueil universel. Peu importe ce que la personne a fait ou vécu, on lui offre l’accueil universel et le non-jugement.
Parce que, malgré le crime commis, tous ont droit à une certaine impartialité?
Effectivement. Elle n’est ni une avocate ni une psychologue: elle veut juste créer un lien avec les personnes devant elle et faire en sorte qu’elles se parlent. Il faut développer un lien de confiance avec la personne qui a commis le crime et celle qui l’a subi. C’était tellement intéressant que je l’aurais écoutée pendant trois jours... Bérénice, mon personnage, a vécu un drame 25 ans plus tôt. Ça a teinté sa vocation, et c’est pour cette raison qu’elle deviendra médiatrice. Elle se demande s’il est possible qu’un criminel se réhabilite. Pour bien l’interpréter, je vais m’inspirer de Sonia Vallée. Mais être dans le non-jugement représente tout un défi! Elle m’a expliqué ses techniques pour entrer en contact avec les gens. Il y a encore de bonnes personnes sur la Terre... J’aimerais appliquer le nonjugement dans ma propre vie, car ça permet de rester ouvert à l’autre.
C’est le genre d’attitude qui fait de nous de meilleures personnes?
Complètement. Personnellement, j’ai un biais. Je suis porte-parole de la Fondation Marie-Vincent. Nous nous intéressons essentiellement aux victimes, jamais aux agresseurs. Dans ce cas-ci, nous sommes ailleurs. C’est une autre vision, qui m’a fait réaliser que j’avais un biais. Il faudra que je m’ouvre, que j’essaie de comprendre. Je me pose la même question que Bérénice, celle de savoir si un criminel peut vraiment se réhabiliter. Avec ce personnage, j’entre dans l’univers de Chantal Cadieux. Elle aime les humains, elle aime les femmes, c’est une féministe. Elle s’est intéressée à cette question de plusieurs façons, notamment par le biais du film Elles étaient cinq. Avec Mea culpa, Chantal veut surtout mettre les conséquences du geste en lumière.
Ton personnage de Bérénice rappelle-t-il celui d’Ariane dans Ruptures?
On peut faire un lien avec Ariane, qui aimait les gens. On est aussi dans l’aide apportée à l’humain, mais avec Bérénice, on est ailleurs. C’est une femme complètement libérée, qui fait ce qu’elle veut. Elle fait partie d’un groupe d’amies. Je suis contente car, pour moi, les amies sont tellement importantes. Je trouve ça formidable de voir que, dans la quarantaine, des amitiés subsistent. Ce sont des sujets qui me touchent personnellement.
Avant de te lancer dans les tournages, as-tu pris un peu de recul durant l’été?
Oui! J’aime beaucoup travailler, j’adore tourner, mais comme je savais que les tournages de Mea culpa allaient commencer au début septembre, j’ai profité du temps que j’avais avec mes enfants. J’ai adoré ces moments passés avec mes filles! Nous avons aussi voyagé. Avec mon conjoint, nous sommes allés au Portugal en amoureux. Ça faisait 18 ans que nous n’avions pas fait de voyage seuls tous les deux, soit depuis la naissance de nos enfants. Nous l’avions fait dans des contextes où je travaillais, mais cette fois-ci, c’était vraiment agréable de nous retrouver.
Il y a aussi eu des vacances en famille?
Oui, par la suite, nous sommes allés à San Diego avec les filles. J’ai fait deux beaux voyages. Je sais que je suis chanceuse...
Mais tu travailles fort! Rien ne tombe du ciel...
C’est un bon mélange de chance et de travail. J’aime voyager, explorer. Ça me fait du bien, ça m’aère l’esprit. Quand je vais ailleurs, je reviens toujours ressourcée. J’adore observer les gens, ça m’inspire. Et la mer... Ça me rappelle qu’on est peu de choses et ça me permet de remettre bien des choses en perspective.
Les voyages en famille tissent et resserrent les liens?
Oui, et comme les filles ont grandi, c’est vraiment agréable. Elles nous disent ce qu’elles veulent faire, et ça nous permet d’explorer des avenues que nous n’aurions peut-être pas envisagées. C’est un beau partage en famille. Même si j’ai aimé toutes les étapes de la maternité, je trouve agréable de voir qu’elles ont grandi. Ce sont des curieuses, des hyperactives, dans le sens qu’elles aiment découvrir. Un peu comme leur mère... (sourire)
Ce sont de bonnes voyageuses?
Oui. Elles sont habituées à voyager. J’ai aussi un amoureux le fun. Voyager à quatre, c’est fantastique.
Tes filles démontrent toujours un intérêt grandissant pour suivre tes traces à leur façon?
Oui, toujours. Elles font leur chemin, et ça va bien. Je suis là pour elles. À 18 ans, Léa est très mature. Elle a beaucoup aimé jouer dans Indéfendable. J’imagine que d’autres projets viendront. Pour elle, c’est important de faire sa marque sans que je sois là.
Et Florence, pour sa part?
Elle est chroniqueuse à Bonsoir bonsoir!. Elle est comme un poisson dans l’eau sur un plateau. Je ne sais pas ce que les filles vont faire dans la vie, mais elles ont toutes deux la fibre artistique. Elles sont très dégourdies, et je suis fière d’elles.
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