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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Mélanie Carrier et Olivier Higgins: des récits à couper le souffle

La formation de biologistes des cinéastes Mélanie Carrier et Olivier Higgins influence leur vision du monde, et ce bagage très différent constitue à leurs yeux une grande richesse.
La formation de biologistes des cinéastes Mélanie Carrier et Olivier Higgins influence leur vision du monde, et ce bagage très différent constitue à leurs yeux une grande richesse. Photo Agence QMI, Marcel Tremblay
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Photo portrait de Karine Gagnon

Karine Gagnon

2023-03-21T04:00:00Z
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Lauréats de nombreux prix pour leurs films, traduits dans une vingtaine de langues et vus dans 200 pays et territoires, les réalisateurs et cinéastes Mélanie Carrier et Olivier Higgins, biologistes de formation, ont une manière unique et bouleversante de raconter des récits de vie. 

«La vie ne réside pas dans les molécules, mais dans les liens qui les unissent entre elles», a écrit Linus Pauling, chimiste et physicien américain, l’un des rares à avoir reçu deux prix Nobel. 

Cette phrase, qui met la table dans le film Québékoisie, qu’ont réalisé Mélanie et Olivier, et qui porte sur les relations complexes entre Québécois et Autochtones, résume fort bien leur œuvre. 

Elle résume en fait quelque chose comme l’essence même de ce couple, qui se destinait à la biologie.

«On est accroché à cette citation car notre œuvre y revient tout le temps», explique Olivier, désigné artiste de l’année dans la capitale nationale par le Conseil des arts et des lettres du Québec en 2022.

J’ai organisé une rencontre avec Mélanie Carrier après avoir su qu’elle allait à Copenhague, où le maire de Québec ira la saluer la semaine prochaine. J’ai finalement rencontré le couple, qui a fondé en 2010 Mö Films, boîte de production indépendante de Québec. 

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Lui adore l’image, elle, les mots. Tous deux partagent cette ouverture et ce côté très humain qui leur permet de créer des films dont l’authenticité et la beauté sont à couper le souffle. 

Destins liés

Mélanie et Olivier se sont rencontrés en secondaire 2. Ils ont été amis pendant plusieurs années avant de réaliser qu’ils étaient devenus amoureux. 

«J’étais partie en Europe et lui en Australie, et on s’est aperçu qu’on s’ennuyait», raconte-t-elle, les yeux brillants.

Le couple s’est envolé plus tard vers l’île de La Réunion, dans le cadre d’études universitaires en biologie. Olivier avait apporté sa caméra, achetée à 19 ans. 

«On a filmé pour montrer des souvenirs à nos parents, et on a vu comment ils étaient touchés par nos images. Ça nous a permis de partager quelque chose, et c’est comme ça que tout a commencé», raconte Mélanie.

Après le baccalauréat, tous deux ont remporté des bourses pour étudier à la maîtrise. Ils ont plutôt décidé de partir en voyage d’escalade au Mexique et en Amérique du Nord. 

«On rêvait d’aventures et de grandes expéditions, souligne Mélanie. C’est après qu’on a décidé de partir en Asie.»

Plusieurs prix

Leur périple de 8000 km à vélo, de la Mongolie jusqu’à l’Inde, a inspiré leur premier film, Asiemut, qui a remporté 35 prix. Mélanie en a tiré son premier livre, Cadence, paru en 2007.

Le couple a depuis remporté de nombreux prix pour ses productions. À savoir combien, «on n’a jamais compté», répond Mélanie. 

Ils sont particulièrement fiers du succès remporté par le documentaire coup-de-poing Errance sans retour, qui a raflé trois prix Iris (meilleur documentaire, meilleur montage et meilleure direction photo) et le prix Écrans canadiens (meilleur documentaire au Canada). 

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Ils y jettent un regard poétique, sensible et si bouleversant sur la tragédie des Rohingyas. 

Ces membres de la minorité musulmane ont fui le Myanmar pour se réfugier au Bangladesh dans ce qui est devenu, avec 700 000 personnes, le camp de réfugiés le plus peuplé du monde, où ils nous entraînent. 

C’est à voir absolument.

De cette œuvre, inspirée du travail du photographe Renaud Philippe, est aussi née une exposition qui a été présentée au Musée national des beaux-arts du Québec. 

Passage au Danemark

Pour en revenir au Danemark, le film Québékoisie sera présenté lors du Cinemateket, festival international du film documentaire. Il sera aussi question du court métrage en préparation Shofi, du nom du narrateur d’Errance sans retour, qui vit à Québec après avoir passé 18 ans au camp. 

Ce sera aussi l’occasion, pour Mélanie, de parler de leur plus récent projet, À hauteur d’enfants, auquel participent leurs deux enfants. 

Tourné à l’école et dans le quotidien de leur fils Émile durant trois ans, ce documentaire à venir racontera l’arrivée de ce dernier dans le monde scolaire. 

Le projet a aussi permis aux deux complices de faire le plein de douceur et de lumière, après le bouleversant Errance sans retour. Les extraits laissent entrevoir une œuvre tout aussi touchante, mais qui nous transporte ailleurs. 

«On avait besoin de cette lumière, de cette beauté de l’enfance qui fait partie de la vie », confie Mélanie, pour qui cette « liberté d’avoir de la lumière dans nos vies» est devenue comme un devoir, après l’incursion au cœur de la tragédie des Rohingyas. 

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