Mégaprojet au 800 Henri-Bourassa: densifier, mais pas à n’importe quel prix

Citoyens de la rue Meilleur et des environs
Le projet immobilier actuellement proposé au 800 boulevard Henri-Bourassa Ouest (800 hb), sur le site de l’ancien Loblaws, suscite de vives inquiétudes chez les résidents du secteur. Il prévoit 1077 logements répartis dans des bâtiments de 6 à 14 étages, directement adjacents à des habitations unifamiliales et des duplex. Ce type d’implantation, facilité par les nouvelles dispositions du projet de loi 31 (PL31), constitue une rupture marquée avec le tissu urbain actuel.
Cette proposition s’inscrit à l’encontre du Plan particulier d’urbanisme (PPU) de 2015, qui établissait des principes clairs: une transition graduelle entre les nouvelles constructions et le bâti existant, une attention particulière à la hauteur des bâtiments en bordure de quartiers résidentiels et un développement progressif, à échelle humaine.
De vastes consultations citoyennes ont conduit à trouver un équilibre entre densification douce et intégration aux milieux résidentiels déjà existants. De surcroît, ce PPU a prévu des infrastructures essentielles à une collectivité, notamment des écoles.
Réduction de l’apport citoyen
Le PL31, adopté par Québec et applicable jusqu’au printemps 2027, contourne les processus habituels de consultation en réduisant l’apport citoyen à une séance de consultation publique, sans dépôt de mémoire ni recours à l’OPCM, et rendant impossible tout référendum sur des modifications d’urbanisme.
Dans le cas du 800 hb, cette exigence a été remplie de manière minimale: séance de consultation très peu publicisée, documents non transmis à des citoyens les ayant demandés. Une initiative citoyenne avec des dépliants a contribué à mobiliser plus de 40 participants. Plusieurs ont pris connaissance du sommaire décisionnel de la Ville de Montréal le 26 juin, soit le jour même de la consultation. Les Villes ne sont pas des victimes du PL31, c’est un outil à leur disposition; à elles d’en faire usage avec diligence et parcimonie.
Le résultat de ce contexte? Une crainte profonde de précipitation, d’incohérence et d’angles morts. Ce projet massif soulève des questions fondamentales: où sont les infrastructures publiques prévues? Où sont les aménagements structurants en transport? Le boulevard Henri-Bourassa est déjà saturé, avec une seule voie effective de circulation automobile en continu et un service d’autobus peu fréquent, complexifié par des virages protégés. Des améliorations et optimisations sont promises, mais pas encore implantées. L’administration semble considérer le projet déposé comme incontournable, vu la crise du logement. Mais le PL31 lui permet d’exiger que des modifications sérieuses y soient apportées pour qu’il retrouve l’esprit du PPU de 2015.
Un projet à recadrer
Nous ne demandons pas la suspension du projet, mais nous demandons fermement que le promoteur retourne à la table à dessin. Il est impératif de revoir à la baisse l’échelle du projet, d’ajuster les hauteurs en fonction du voisinage immédiat, de bonifier les espaces verts et de prévoir des mesures concrètes pour assurer l’intégration harmonieuse du projet dans le quartier.
De plus, le nombre de logements projeté doit être revu. Aucun site, aussi stratégique soit-il, ne peut – ni ne doit – porter à lui seul le fardeau de la crise du logement à Montréal. Et alors que plusieurs terrains au nord de Henri-Bourassa initialement visés dans le PPU ne sont plus disponibles, il est encore plus crucial de respecter l’esprit du plan adopté en 2015, plutôt que de le contourner.
Ce projet est une occasion ratée... ou une occasion à saisir, si l’on choisit de l’améliorer substantiellement, dans l’esprit du PPU de 2015. Changer la trajectoire reste possible, avec de la volonté politique pour respecter les préoccupations citoyennes. Densifier, oui – mais avec sensibilité, transparence et respect du milieu de vie environnant.
Citoyens de la rue Meilleur et des environs du 800 Henri-Bourassa
- Alexandre Brodeur
- Mathieu Blouin
- Ariane Tessier-Pothier
- Daniel Brongo
- Patrick Bourgeois
- Vanessa Beaulac
- Pierre-Alexis Girard
- Lauriane Laplante