Médicaments dispendieux: les travailleurs pris à la gorge
Les coûts de certains médicaments mettent en péril des régimes d’assurance collective


Éric Yvan Lemay
Le coût de certains nouveaux médicaments est si élevé qu’il met en péril le régime d’assurance collective de certaines entreprises et prive les travailleurs de traitements prometteurs.
«Pour les assurances privées, les coûts augmentent de façon faramineuse, beaucoup plus vite que l’inflation», déplore la présidente de la CSN, Caroline Senneville.

Cette dernière a réagi à notre dossier publié jeudi rapportant que l’assureur Beneva a porté plainte au Bureau de la concurrence du Canada contre huit pharmaciens qui détiendraient un quasi-monopole pour la distribution des médicaments de spécialité.
Les honoraires au pharmacien pour des médicaments très coûteux peuvent atteindre plus de 100 000$ pour un seul patient.
«Plus les moyens»
Selon Caroline Senneville, certains petits groupes au sein de la centrale syndicale ont dû renoncer à leur régime d’assurance, devenu trop coûteux.
«Pour certains travailleurs, c’est 10% à 15% du salaire pour payer l’assurance-maladie. Les gens disent qu’ils n’ont plus les moyens», souligne celle qui prône un régime d’assurance-médicaments universel qui couvrirait toute la population.
Du côté du Conseil provincial des métiers de la construction, on a dû demander aux travailleurs de participer aux cotisations qui étaient autrefois couvertes entièrement par l’employeur. Sans ce geste, le régime aurait été en péril.
Les médicaments représentent aujourd’hui 54% de toutes les dépenses. Le syndicat tente depuis cinq ans de changer les règles et demande plus de transparence sur les honoraires versés aux pharmaciens.
Contraintes
Le président, Michel Trépanier, souhaite lui aussi plus de concurrence.
«Contrairement à d’autres provinces, il nous est interdit par la loi de recommander à nos membres des pharmacies où les prix sont plus avantageux», regrette-t-il.

Un homme du Saguenay qui souffre de la maladie de Crohn dénonce lui aussi les difficultés d’obtenir un médicament.
Son médecin lui a prescrit du STELARA, mais le régime d’assurance de sa conjointe a refusé de le payer. Il s’est donc retrouvé à obtenir une autre médication livrée à partir de la pharmacie Michael Assaraf, à Montréal.
«J’ai le sentiment d’être coincé dans un système qui me prive du traitement adéquat», déplore Didier Coup-Fabiano.