Médecins: une vérité que vous devez savoir
Ce qui complique terriblement le débat sur la rémunération, ce sont aussi le manque de transparence, les demi-vérités et la présentation sélective des faits


Joseph Facal
La rémunération des médecins est un sujet trop complexe pour une courte chronique de 500 mots, surtout si on veut aller au-delà du banal: ils sont «trop payés» ou «pas assez».
La rémunération n’est de toute façon qu’un volet de la problématique beaucoup plus vaste de l’accès aux soins.
Revoir la rémunération, oui, absolument, mais ça ne suffira pas.
Je reviendrai sur les autres volets une autre fois.
Opaque
Ce qui complique terriblement le débat sur la rémunération, ce sont aussi le manque de transparence, les demi-vérités et la présentation sélective des faits.
Prenons par exemple la question des primes auxquelles ont droit les médecins.
Existe-t-il, afin d’y voir clair, un document unique et public donnant la liste de ces primes et les conditions à remplir?
Pas vraiment. Les syndicats de médecins et le gouvernement négocient et signent périodiquement des lettres d’entente sur une prime pour ceci et une prime pour cela.
Des lettres d’entente, il y en a des dizaines. Une chatte ne retrouverait pas ses petits.
Cette opacité, j’en suis sûr, est voulue, pour que l’opinion publique ne comprenne pas, avale mieux la pilule, ne pose pas trop de questions gênantes.
Le contrôle de l’information a toujours été une énorme source de pouvoir.
Je vous donne un exemple encore plus massif.
Un médecin peut pratiquer dans un établissement du réseau (hôpital, CLSC, CHSLD, etc.) ou dans une clinique affiliée, ou combiner les deux.
Pour cette partie du travail faite en clinique, généralement des soins de première ligne, les médecins diront souvent: j’en ferais plus si j’étais mieux entouré, si je pouvais être épaulé par une infirmière de plus, un physiothérapeute, un inhalothérapeute, un psychologue, etc.
Ce n’est pas faux. La médecine est un travail d’équipe, et il manque de ces autres professionnels.
Voici cependant ce qu’on ne vous dira pas.
Pour son travail en clinique, donc hors des établissements du réseau du ministère, le médecin reçoit une bonification qui tourne autour de 30% du prix de l’acte médical qu’il pose et qu’il va facturer à la RAMQ.
Cette bonification est censée servir à faire rouler la clinique: embauche de ces autres professionnels, locaux et frais de bureau divers, etc.
Cette bonification, ils peuvent cependant l’utiliser comme ils le veulent.
Plusieurs s’en servent pour embaucher ces autres professionnels, mais plusieurs la gardent en partie pour eux.
Ils l’empochent tout simplement et ne le diront pas trop fort.
Et ils viennent ensuite se plaindre d’être trop seuls?!
Attente
Le programme spécifique GMF inclut, lui aussi, des bonifications de la rémunération liées notamment à l’utilisation du personnel des établissements du réseau et au fonctionnement des cliniques.
Les médecins rétorqueront souvent que les bonifications ne suffisent pas pour couvrir les frais de bureau, et qu’il y a des listes d’attente pour ce personnel spécialisé qui les épaulerait.
C’est souvent très vrai.
Pour un débat éclairé, il faudrait ouvrir les fenêtres, en finir avec les cachotteries, tout étaler sur la place publique.