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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Médecins: toujours la faute des autres?

La majorité des Québécois décédés par l’aide médicale à mourir en 2024-2025 étaient âgés de 70 ans et plus et combattaient un cancer. 
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La majorité des Québécois décédés par l’aide médicale à mourir en 2024-2025 étaient âgés de 70 ans et plus et combattaient un cancer. opinions - aide médicale à mourir Photo FOTOLIA
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2025-05-29T04:00:00Z
2025-05-29T04:15:00Z
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Ma chronique de mardi m’a valu plusieurs c ommentaires de médecins. 

Certains rappels sont justes.

Les équipements leur sont fournis gratuitement dans les hôpitaux, mais pas dans les cliniques.

Il faut déduire les frais d’opération de leurs revenus.

Le paiement à l’acte n’est pas le seul mode de rémunération.

La paperasse, ce n’est pas seulement la facturation, mais aussi la SAAQ, la CNESST, les crédits d’impôt, etc.

Tout cela est vrai.

Vérités

Il reste cependant un bel éléphant dans le salon, que dis-je, un troupeau d’éléphants dans le hangar.

On a pu l’admirer quand les médecins sont venus confronter Christian Dubé mardi.

Les hausses de rémunération n’ont entraîné aucune hausse du volume de soins.

Vrai ou faux? Vrai.

Des mesures incitatives ont été déployées depuis des années, sans grand résultat.

Vrai ou faux? Vrai.

«Êtes-vous d’accord avec la simplification de la facturation?» a demandé le ministre au président du syndicat des omnipraticiens.

Il a refusé de répondre.

Vrai ou faux? Vrai.

Quand les médecins disent que ce n’est pas la facturation qui est leur principale tâche bureaucratique, car des firmes le font souvent pour eux, il faut savoir que ces dernières sont des spécialistes de la maximisation de la facturation, des expertes en «pressage» maximal du citron.

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Vrai ou faux? Vrai.

Des tas d’actes médicaux qu’ils facturent pourraient être faits par des infirmières à moindre coût.

Vrai ou faux? Vrai.

Ah, mais c’est compliqué de déléguer, disent-ils.

Ce qui semble compliqué, c’est de laisser filer des occasions lucratives.

Un médecin me dit que la CAQ, à la traîne dans les sondages, fait de la démagogie sur le dos des médecins pour essayer de se relancer.

Démagogie? La politesse m’interdit de qualifier comme je le voudrais l’idée de faire témoigner, au premier jour des consultations, la médecin Isabelle Gaston, mère des deux enfants assassinés par son ex-conjoint, le cardiologue Guy Turcotte, qui explique que sa santé fragile ne lui permet pas de travailler davantage.

Il y a combien de médecins dans sa situation?

Pour l’essentiel, le discours médical jusqu’ici consiste à dire: on en ferait plus si telle condition et telle autre et telle autre étaient réunies.

Il faudrait plus de personnel auxiliaire, plus de budgets, plus de salles d’opération, plus d’équipement, plus de ceci, plus de cela.

Plus, plus, plus, plus.

Pour le dire brutalement, c’est toujours un peu la faute des autres.

Eux ne demanderaient qu’à sauver le monde... si on leur en donnait encore plus.

Au fond, cela revient pas mal à dire: réglez tout le reste... et on verra ensuite.

Honneur

Évidemment, ils n’ont pas tort de pointer du doigt tous les autres problèmes du réseau, mille fois documentés.

Mais je décroche quand je vois cette nomenclature devenir un prétexte pour refuser tout examen de conscience, toute autocritique.

Toujours la faute des autres.

Je redis évidemment qu’il y a de nombreux médecins, sincèrement dévoués, qui font honneur à leur profession.

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