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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

McGill ne réprimandera pas son enseignant qui fait l’apologie de la violence envers les femmes

Soroosh Shahriari, chargé de cours à l'université McGill, à Montréal, et chercheur en histoire médiévale juive et philosophie islamique.
Soroosh Shahriari, chargé de cours à l'université McGill, à Montréal, et chercheur en histoire médiévale juive et philosophie islamique. Capture d'écran Twitter.
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Julien Corona

2022-10-05T12:38:06Z
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L’Université McGill n’aurait pas l’intention de réprimander l’un de ses chargés de cours qui, sur Twitter, a fait l’apologie de la violence faite aux femmes en Iran.

Dans un message adressé à l’interne par Angela Campbell et Fabrice Labeau – vice-principal exécutif et vice-principal aux études par intérim, respectivement – et dont le journaldemontreal.com a obtenu copie, il est écrit que si «la situation actuelle est bouleversante [...], il ne faut pas oublier l’importance de l’équité procédurale et les risques d’un jugement trop rapide, surtout à la suite d’une activité dans les médias sociaux non vérifiée».

Ce message interne a été acheminé par de nombreux employés de l’université souhaitant garder leur anonymat. Ils sont inquiets de voir que l’administration n’agit pas plus fermement contre Soroosh Shahriari.

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Petit rappel, M. Shahriari est ce chargé de cours qui a publié un tweet expliquant «qu’il sera bon et réjouissant de vivre l’exécution de centaines de moudjahidines [comprendre ici les manifestantes et manifestants contre le régime] arrêtés dans les récentes émeutes».

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On souligne aussi qu’à la suite de la polémique naissante, cette publication, toutes ses pages de réseaux sociaux ainsi que ses pages professionnelles ont disparu d’internet.

Dans ce message, Mme Campbell et M. Labeau expliquent que si [l’Université McGill s’efforce] «d’offrir le meilleur soutien à nos étudiants iraniens» [elle doit] «également tenir compte de la protection que notre société accorde à la liberté d’expression, même lorsque les idées exprimées sont de mauvais goût ou blessantes».

Au-delà des propos mentionnés ci-dessus, c’est surtout l’utilisation du conditionnel par McGill pour commenter les déclarations de l'enseignant – comme si on remettait en doute leur existence –, qui a semblé choquer nos sources de l’université, alors que le journaldemontreal.com a pu s’assurer de la véracité des déclarations de M. Shahriari, avant la publication du précédent article qui présente «ces commentaires [...] troublants et offensants».

Malgré cela, McGill préfère continuer de parler «de messages publiés sur un compte de média social qui appartiendrait à un membre de la communauté McGilloise».

Photo d'archives
Photo d'archives

Contactée par courriel, l'Université McGill réaffirme l'importance «d’assurer l’équité procédurale et de tenir compte de la protection que notre société accorde à la liberté d’expression, même lorsque les idées exprimées sont de mauvais goût ou blessantes».

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Néanmoins, cette dernière abandonne dans sa réponse le conditionnel utilisé dans sa transmission interne pour parler de «publications choquantes» et de «déclarations sur les médias sociaux».

La défense du professeur adopté par l’administration de McGill choque aussi le chroniqueur de QUB radio David Santarossa, essayiste et titulaire d'une maîtrise en enseignement et d'une autre en philosophie.

«Dans les dernières années, on a vu des artistes et des professeurs avoir une approche respectueuse dans leur travail, et ces personnes se sont fait condamner sur la place publique malgré tout. Ici, on a un chargé de cours qui s’enchante de l’exécution des opposants au régime. Il n’y a aucune ambiguïté, mais on exhorte à prendre son temps et à analyser le tout», explique-t-il.

Le choix des mots pour traiter de cette apologie du crime et de la violence est «troublant», conclut le chroniqueur.

AFP
AFP

Il ne faut pas oublier que l’apologie «vérifiée» de crimes et de violences, que l’on considère comme faisant partie du «discours haineux», peut être punie par l’article 319 du code criminel.

Pendant ce temps, la répression en Iran s’intensifie. Dans un bilan gouvernemental qui date du 3 octobre – lequel est donc sûrement beaucoup plus élevé à l'heure actuelle –, environ 60 personnes, parmi lesquelles on compte 12 membres des forces de sécurité, auraient été tuées depuis le 16 septembre.

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