Mauvaises notes pour les cadres financiers du Parti libéral et du Parti conservateur


Francis Gosselin
À quelques jours des élections fédérales, que doit-on retenir des cadres financiers des deux grands partis: le Parti libéral et le Parti conservateur?
Comme il est maintenant clair que l’un ou l’autre formera le prochain gouvernement, et qu’ils présentent deux façons d’envisager l’avenir, voici ce qu’il faut retenir.
1. Qu’arrivera-t-il à mes impôts?
Tôt dans la campagne, conservateurs et libéraux ont promis des baisses d’impôt dès le premier palier d’imposition de sorte que tous les contribuables qui paient de l’impôt, des moins nantis aux plus riches, sont concernés. Le premier palier est actuellement à 15%.
- Les conservateurs promettent une baisse de 2,25%, promesse dont le coût se chiffre à environ 13,6 milliards de dollars. En contrepartie, une famille de la classe moyenne pourrait récupérer environ 1800$ par année. Cette baisse d’impôt sera introduite «graduellement» et ne prendra effet qu’au cours de la troisième année.
- Les libéraux promettent une baisse de 1%: un manque à gagner de 6 milliards pour le trésor canadien, pour environ 800$ de plus par famille, chaque année. Celle-ci prendrait effet dès cette année.
- Conservateurs : 4/5
- Libéraux : 3/5
2. Le déficit et la dette à long terme sont-ils soutenables?
Les deux partis ont présenté des cadres financiers assortis de comptabilité «créative». Carney présente un déficit «opérationnel» excluant les dépenses en capital; Poilievre imagine des revenus et un taux de croissance de 4%.
Dans les deux cas, les plans incluent des économies magiques, liées à la «productivité» des fonctionnaires (PLC) et à l’élimination des «consultants» (PCC).
«Des chiffres inventés», précisent les économistes de la Banque Scotia, qui accusent les deux partis de «manipuler l’électorat» en diffusant des cadres incomplets très tardivement. Sur ce plan, les conservateurs remportent la palme de la mauvaise foi.
La Scotia a d’ailleurs dû refaire les calculs.
Résultat des courses, sur 4 ans: 225 milliards de dette additionnelle chez les libéraux, 156 milliards chez les conservateurs.
- Conservateurs : 2/5
- Libéraux : 3/5
3. Les partis vont-ils régler la crise du logement?
Le programme libéral Maisons Canada veut stimuler l’offre par des investissements dans le logement préfabriqué et les développeurs de logements abordables.
Pierre Poilievre prévoit plutôt adopter la ligne dure face aux municipalités qui entravent les projets. Il propose un système d’amendes et de mesures incitatives pour sortir les maires et mairesses de leur torpeur.
Le premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique, David Eby, avait déjà utilisé cette méthode avec succès.
En fait, le meilleur plan serait probablement une combinaison des deux.
- Match nul : 3/5.
4. Qui peut lutter contre Donald Trump?
C’est la question de l’urne.
Le plan conservateur, centré autour de baisses d’impôt et d’une diminution des dépenses, vise à relancer l’économie par la déréglementation en matière d’énergie, de logement, etc. Ils créeraient un «Fonds pour la protection des emplois canadiens» doté de 3 milliards de dollars.
Pierre Poilievre a également promis d’éliminer les barrières interprovinciales au commerce, par une loi spéciale si nécessaire, et d’éliminer la TPS sur les véhicules fabriqués au Canada.
Le plan libéral mise sur les infrastructures, le commerce international et l’investissement militaire. Ils comptent réinvestir les revenus de la réponse tarifaire dans l’économie.
Vu l’imprévisibilité de Trump, il n’est pas clair à ce stade-ci que l’un ou l’autre des candidats, ni l’un ou l’autre des plans, soit mieux adapté.
- Match nul : 3/5
5. Si vous vous inquiétiez pour l’environnement, j’ai de mauvaises nouvelles pour vous
Après la suspension de la taxe carbone, aucun des deux principaux partis ne s’est engagé à mettre en place un dispositif économique sérieux de réduction des émissions.
Les conservateurs vont plus loin: ils coupent 100% du budget dédié à la lutte aux changements climatiques et sabrent dans l’analyse environnementale des projets, au profit d’approbations rapides. Le plan conservateur, en matière environnementale, est une absence de plan.
Les libéraux, quant à eux, présentent une série de mesures en demi-teintes – 38 idées en tout – mais présentées à grands traits, de la production d’hydrogène aux parcs nationaux.
- Conservateurs : 1/5
- Libéraux : 3/5
Note finale du bulletin
- Conservateurs : 13/20
- Libéraux : 15/20