Maurice «Mom» Boucher: dernier adieu sobre pour un criminel hors norme

Nora T. Lamontagne | Journal de Montréal
Les cendres de Maurice « Mom » Boucher ont été dispersées mercredi dans la plus stricte intimité, contrastant avec toute l’attention dont a bénéficié le plus célèbre criminel du Québec pendant sa vie.
En cette chaude soirée de septembre, une dizaine de proches du motard déchu se sont réunis sur l’île Sainte-Hélène, à Montréal, pour exécuter ses dernières volontés.
Ils ont attendu la tombée de la nuit pour disperser ses cendres dans un petit boisé, à proximité des promeneurs qui ignoraient tout de la cérémonie.
À quelques mètres d’eux était pourtant éparpillé le corps de l’homme considéré comme l’instigateur de la guerre contre les Rock Machine, laquelle a fait 165 morts entre 1994 et 2002, incluant neuf victimes innocentes.
Seule la famille proche du criminel, dont sa fille Alexandra Mongeau, était présente, selon nos informations.
Quelques agents de la Sûreté du Québec ont cependant tenu un œil sur le déroulement de cet hommage restreint.
Coriace jusqu’au bout
Décédé derrière les barreaux à l’âge de 69 ans le 10 juillet dernier, Mom Boucher était atteint d’un cancer de la gorge qui l’a fait souffrir jusqu’à la fin.
Il était pratiquement assuré de mourir en prison, vu sa condamnation à perpétuité en 2002 pour avoir commandé les meurtres de deux agents correctionnels.
Amaigri et affaibli, l’homme qui fut considéré comme le motard criminel le plus puissant au pays a été nourri de suppléments alimentaires liquides durant plusieurs jours, en plus d’avoir besoin de morphine pour calmer sa douleur.
Pourtant, les dernières heures de Boucher n’ont pas semblé atténuer sa haine viscérale envers les autorités ni suscité de repentir pour avoir ordonné les assassinats.
Le hors-la-loi avait commandé ces meurtres pour « déstabiliser le système judiciaire » durant la guerre des motards et dissuader ses tueurs de collaborer avec la justice, a témoigné Stéphane « Godasse » Gagné, devenu délateur.
Fin amère
Renié par ses anciens collaborateurs, Boucher a subi ce qu’il considérait comme l’affront ultime en 2014 : il a été expulsé du club de motards à la suite d’un vote unanime fait en assemblée par l’ensemble des Hells Angels du Québec.
Pour eux, leur ex-dirigeant faisait finalement partie « du passé », selon un membre des Hells, cité dans des documents judiciaires.
Cela pourrait expliquer l’absence de membres « patchés » lors de ce dernier adieu à Mom Boucher, alors que les membres en règle ont habituellement droit à de fastes rassemblements avant d’être conduits à leur dernier repos.
– Avec la collaboration de Maxime Deland, Félix Séguin et Eric Thibault
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