Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal

Maureen Martineau signe cette année son premier «polar agricole» où les gens d’une petite municipalité sont divisés par une guerre de l’eau

«Une nuit d’été à Littlebrook»

Maureen Martineau signe cette année son premier «polar agricole».
Maureen Martineau signe cette année son premier «polar agricole». © Julia Marois / Éditions Héliotrope
Partager
Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2025-08-31T11:00:00Z
Partager

Autrice de romans très remarqués et coscénariste de la série policière Détective Surprenant, Maureen Martineau propose cet été un nouveau roman noir où la beauté des paysages champêtres doit composer avec la laideur et la violence. Dans Une nuit d’été à Littlebrook, roman captivant et féroce qu’elle qualifie de «polar agricole», elle raconte l’histoire d’une vengeance très originale, et montre aussi comment les conflits et les rapports de pouvoir peuvent envenimer la vie quotidienne dans les petites municipalités.

Maureen Martineau publie «Une nuit d’été à Littlebrook» aux Éditions Héliotrope.
Maureen Martineau publie «Une nuit d’été à Littlebrook» aux Éditions Héliotrope. Photo fournie par ÉDITIONS HÉLIOTROPE

Aude Renaud, pour la première fois depuis 20 ans, retourne dans son petit village de la Montérégie, près de la frontière américaine. Littlebrook. Elle a décidé d’offrir son soutien à sa mère, mairesse, alors qu’une guerre de l’eau est en train de diviser tout le monde dans le village.

D’un côté, la mégaferme Zelter. De l’autre, le conseil municipal. La ferme n’a pas le droit de se brancher à l’aqueduc municipal et le fermier menace de ruiner la bleuetière de la famille d’Aude.

Aude a une autre motivation de revenir à Littlebrook: se venger des crimes commis par Rolf Zelter. Elle donnera en pleine forêt un spectacle bien spécial, inspiré du classique de Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été. Mais rien ne se passera comme prévu.

Publicité
Syndrome de Clouston

Maureen Martineau, en entrevue, explique la genèse de ce roman complexe qui met en évidence des faits étonnants, dont le fameux cas des «zoulous» de Huntington, des gens affectés du syndrome de Clouston qui les rendaient différents, physiquement.

«On les considérait comme des êtres à part. Ça faisait une population reléguée dans un quartier, qui subissait beaucoup d’intimidation à l’école. C’est un peu moins pire aujourd’hui, mais ça a affecté des générations de familles», rappelle-t-elle.

Elle avait envie de créer une héroïne qui réussissait à traverser sa vie avec une différence corporelle. «C’est pas facile quand tu n’es pas dans les critères traditionnels des normes de la beauté.»

Une guerre de l’eau

Maureen Martineau voulait aussi créer une guerre de l’eau, dans un milieu agricole, pour opposer une mégaferme avec un conseil municipal. «Ce sont des débats ruraux qui ont cours actuellement, vu les sécheresses qui se répètent et la rareté de l’eau. Les nappes phréatiques s’assèchent», dit-elle.

«Souvent dans les petites municipalités, les équipements de canalisation sont vétustes, les villes n’ont pas l’argent pour les rénover. Il y a tout un débat citoyen: on sauve l’eau pour qui, pour les vaches et le bétail, ou pour les citoyens?» demande-t-elle.

«Je trouvais intéressant de créer ce personnage de mairesse d’une petite municipalité, la mère d’Aude, qui va s’opposer à une mégaferme chez son voisin, Rolf Zelter. Je trouvais ça mythique, une guerre de l’eau. Un peu comme Manon des sources. Je trouvais ça très intéressant, grand comme débat, important.»

Publicité
Un village fictif

Aude Renaud revient à Littlebrook, un village inventé, en plein milieu d’une guerre de l’eau, mais avec sa propre guerre à elle. «Elle vient aider sa mère dans cette bataille-là, mais elle veut en profiter pour régler ses comptes avec Rolf Zelter.»

Maureen Martineau dit que c’est son premier «polar agricole». «Ça fait 35 ans que je vis justement dans la petite municipalité de Tingwick. On est 1400 habitants. J’ai imaginé que Littlebrook avait à peu près cette grosseur-là. Oui, on a un système d’aqueduc, mais on est envahis par les mégafermes, ici, au Centre-du-Québec. C’est toute une charge sur l’environnement.»

Une nuit d’été à Littlebrook

Maureen Martineau

Éditions Héliotrope

218 pages

  • Maureen Martineau écrit des romans noirs.
  • Elle a aussi publié chez Héliotrope Une église pour les oiseaux, Zec La Croche.
  • Le prix Arthur-Ellis du meilleur polar canadien de langue française lui a été remis en 2014 pour L’enfant promis, publié à La Courte échelle.
  • En 2022, le Conseil des arts et lettres lui a remis le prix de l’Artiste de l’année au Centre-du-Québec.
  • Elle est coscénariste de la série policière Détective Surprenant.

«Sous ses doigts, elle sent le renflement que le tracé du canif a laissé. La cicatrice lui rappelle la promesse qu’elle n’a pas su tenir. Elle est partie, a abandonné son ami. Un relent de culpabilité l’envahit. Elle relève la tête. Il le fallait. C’était toi ou moi. Et encore aujourd’hui, réalise-t-elle, ce sera moi.»
– Maureen Martineau, Une nuit d’été à Littlebrook, Éditions Héliotrope

• À lire aussi: Le 12 août, c’est le temps d’acheter un livre québécois: voici quelques nouveautés qui pourraient vous intéresser!

• À lire aussi: Les enfants de Godmann: un épisode sombre de l’histoire canadienne

• À lire aussi: Nouveau roman de Maureen Martineau: tension extrême en Haute-Mauricie

• À lire aussi: Revisiter la tragédie des expropriations

Publicité
Publicité