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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Massothérapeutes accusés de crimes sexuels: le manque d'encadrement empêche le public d'être informé

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Photo portrait de Elisa Cloutier

Elisa Cloutier

2025-05-10T04:00:00Z
2025-05-10T11:57:36Z
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L’absence d’encadrement du métier de massothérapeute, qui n’est pas régi par un ordre professionnel, permet notamment à des charlatans et à des agresseurs d’agir en toute impunité, alors que la grande majorité des associations qui les représentent ne rendent pas les sanctions publiques.

Le Journal a répertorié une vingtaine de massothérapeutes reconnus coupables d’agressions sexuelles au cours des dernières années.

D’autres ont été reconnus coupables de pratique illégale de la médecine par le Collège des médecins et ont dû payer des amendes salées.

Cela n’est vraisemblablement que la pointe de l’iceberg, puisqu’aucune sanction, mis à part l’exclusion de son association, ne peut être imposée à un massothérapeute.

Il y a près d’une vingtaine d’associations qui représentent un peu plus de 15 000 massothérapeutes au Québec. La grande majorité des plaintes ou exclusions visant des membres, traitées au sein de ces associations, ne sont pas communiquées au public.

Selon des informations recueillies auprès de différentes associations, certaines d’entre elles dénombrent un, huit ou même «une douzaine» de cas de massothérapeutes accusés de crimes à caractère sexuel sur des clients chaque année.

« C’est rare, mais il y en a trop. »

Étienne Durand, directeur général du Réseau des massothérapeutes professionnels du Québec

- Étienne Durand, directeur général du Réseau des massothérapeutes professionnels du Québec

Photo fournie par Étienne Durand
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Chaque année, un peu moins de 10 massothérapeutes issus de cette association, qui représente plus de 8500 membres, font l’objet de plaintes pour des gestes à caractère sexuel, admet M. Durand.

Victimes

Une situation largement décriée par des victimes qui ont accepté de raconter leur histoire d’horreur au Journal.

«Il s’agit d’un professionnel qui a été diplômé, qui a reçu des formations. C’est de l’abus de confiance, c’est ça qui m’a vraiment choqué», s’insurge Charlotte (nom fictif), une jeune femme de 23 ans de Québec qui a été victime d’agression sexuelle de la part du massothérapeute Nicolas Bourgoin, condamné en avril 2024 à 15 mois de prison.

Victime d’agression sexuelle de la part d’un massothérapeute, Charlotte (nom fictif) a accepté de revenir sur les évènements survenus en mars 2022. Elle dit s’être sentie «figée» par la peur. «Je me disais, la seule option que j’ai est de crier, mais si je crie, comme je suis nue sur la table, qu’est-ce qui peut arriver de plus», dit-elle.
Victime d’agression sexuelle de la part d’un massothérapeute, Charlotte (nom fictif) a accepté de revenir sur les évènements survenus en mars 2022. Elle dit s’être sentie «figée» par la peur. «Je me disais, la seule option que j’ai est de crier, mais si je crie, comme je suis nue sur la table, qu’est-ce qui peut arriver de plus», dit-elle. Photo Agence QMI, Marcel Tremblay

Ces dernières déplorent entre autres les importantes séquelles avec lesquelles elles doivent composer plusieurs années plus tard, en plus des délais judiciaires, qui pèsent lourd.

Accusations médiatisées

Dans la plupart des crimes à caractère sexuel perpétrés par un massothérapeute, l’affaire est médiatisée, ce qui permet à l’association représentant le massothérapeute fautif d’en être informée et d’imposer les sanctions qu’elle jugeait pertinentes.

Dans d’autres cas, si le plaignant ne contacte pas l’association représentant le massothérapeute fautif, le processus policier et judiciaire passe complètement sous silence.

Alertée par Le Journal

C’est exactement ce qui est survenu avec un massothérapeute de Lévis, reconnu coupable d’agression sexuelle en mars dernier.

C’est ainsi après avoir été alertée de la situation par Le Journal que la Fédération québécoise des massothérapeutes agréés (FQM), qui représentait le massothérapeute en question, a décidé de l’exclure.

Rappelons que chaque association peut ou non se doter d’un code de déontologie et que, malgré une exclusion, un massothérapeute reconnu coupable d’un crime peut s’affilier à un ou plusieurs autres regroupements sans que l’information soit partagée.

Une importante faille qui est actuellement analysée de près par certaines associations, qui travaillent à instaurer un registre en ce sens.

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