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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Visages de notre histoire: Mary Two-Axe Earley, militante autochtone et féministe

Le 17 octobre 1979, Mary Two-Axe Early reçoit le Prix du
Gouverneur général pour l’Affaire « personne », attribué 
chaque année à cinq personnes qui ont contribué à faire 
progresser la cause de l’égalité des femmes 
et des filles au Canada.
Le 17 octobre 1979, Mary Two-Axe Early reçoit le Prix du Gouverneur général pour l’Affaire « personne », attribué chaque année à cinq personnes qui ont contribué à faire progresser la cause de l’égalité des femmes et des filles au Canada. Photo courtoisie, Bibliothèque et Archives Canada, E002415954
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MEM - Centre des Mémoires Montréalaises

2021-06-06T05:00:00Z
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Née à Kahnawake

Née le 4 octobre 1911, Mary Two-Axe grandit à Kahnawake sur la Rive-Sud de Montréal. À l’âge de dix ans, elle part pour le Dakota du Nord avec sa mère, enseignante et infirmière d’origine Onenhiotehaka (ou Oneida, l’une des six nations iroquoises). Celle-ci décède de la grippe espagnole qu’elle a contractée en soignant ses élèves. Mary Two-Axe est rapatriée à Kahnawake par son grand-père. À l’âge de 18 ans, elle part vivre dans le « petit Kahnawake » à Brooklyn, à New York, où de nombreux Kanien’kehá:ka (Mohawks) travaillent sur les chantiers de construction. C’est là qu’elle épouse un Américain d’origine irlandaise, un ingénieur électricien du nom d’Edward Earley, avec lequel elle a deux enfants : Edward et Rosemary. Or, par ce mariage mixte, Mary Two-Axe Earley perd son statut que lui accorde la Loi sur les Indiens de 1876. À l’époque, elle y accorde peu d’importance. Mais bientôt, des événements malheureux l’amènent sur le chemin du militantisme.

RÉALISATIONS 

Une famille autochtone habitant Kahnawake.
Une famille autochtone habitant Kahnawake. Photo courtoisie, Archives de la Ville de Montréal, BM42-G1283_pl-ver

Défendre les droits des femmes autochtones au Canada

C’est en 1966 que Mary Two-Axe Earley réalise clairement le sort qui attend des femmes autochtones ayant perdu leur statut. Morte dans ses bras à Brooklyn, l’une de ses amies s’était fait refuser une sépulture à Kahnawake sous prétexte qu’elle avait épousé un Kanien’kehá:ka d’une autre communauté. Sans statut, elle ne pouvait plus vivre dans le village où elle était née, y être propriétaire, voter aux élections, participer à la vie politique ou y être enterrée. En mémoire de son amie, Mary Two-Axe Earley fonde le mouvement Equal Rights for Indian Women en 1967, où elle milite pour que les femmes autochtones conservent leur statut après leur mariage. Très rapidement, des hommes à la tête du conseil de Kahnawake s’opposent à elle, considérant que les mariages mixtes mènent à l’assimilation et contribuent à effriter l’indépendance de la communauté autochtone. Devant tant d’opposition, Mary Two-Axe Earley écrit à la sénatrice Thérèse Casgrain, qui lui donne de précieux conseils.

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HÉRITAGE 

Le village autochtone de Kahnawake, vu depuis la rive du lac Saint-Louis.
Le village autochtone de Kahnawake, vu depuis la rive du lac Saint-Louis. Photo courtoisie, Archives de la Ville de Montréal, BM42-G0902_pl-ver

Le combat de Mary Two-Axe Earley

À la recommandation de Thérèse Casgrain, Mary Two-Axe Earley dépose un mémoire à la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme au Canada. Mais le décès de son mari en 1969 la laisse seule à Brooklyn. Souhaitant retourner vivre à Kahnawake, c’est par un stratagème qu’elle y réussit, en se faisant « inviter » par sa fille qui a épousé un homme de la communauté. En 1970, le rapport de la Commission recommande d’abroger la Loi sur les Indiens pour permettre aux femmes autochtones d’avoir les mêmes droits que les Canadiennes en matière de propriété et de mariage. Après presque vingt ans de lutte qui l’exposent à être expulsée à tout moment du village où elle est née, Mary Two-Axe Earley remporte une victoire importante le 28 juin 1985. Des milliers de femmes autochtones et leurs enfants issus d’une union mixte sont alors reconnus comme membres des Premières Nations grâce à l’adoption du projet de loi C-31.


À l’image de Mary Two-Axe Earley, plusieurs organismes autochtones œuvrent encore aujourd’hui à une meilleure reconnaissance des droits et des réalités des femmes des Premières Nations. Pour voir certaines de ces initiatives, consulter les sites web de Femmes autochtones du Québec (FAQ : www.faq-qnw.org/a-propos/) et de Mikana : www.mikana.ca/ressources/.

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