Martin Perizzolo lance un troisième spectacle solo: «Tous les jours, je remets en question le fait de continuer à faire ce métier-là»
«Perizzolo le dramatiste» partira en tournée au Québec


Raphaël Gendron-Martin
«J’ai le goût de travailler. Je n’ai pas le goût d’être connu.» À quelques jours de lancer son troisième spectacle solo, Perizzolo le dramatiste, Martin Perizzolo s’est livré en toute franchise au Journal.
Martin Perizzolo a beau être en tournée de promotion pour son nouveau spectacle, il n’aime pas utiliser des phrases toutes faites pour mieux se vendre. «La game du showbiz, je ne suis pas bon là-dedans», reconnaît-il.
Faisant carrière depuis une trentaine d’années, l’humoriste et comédien a longtemps persisté pour se faire entendre auprès du public. Mais aujourd’hui, il reconnaît être «usé», voire «brisé».
«J’ai 50 ans. Il y a un paquet d’affaires que je n’ai plus le goût de faire. Tous les jours, je remets en question le fait de faire ce métier-là. Un jour, je vais arrêter. Et ce jour-là est plus proche que quand j’ai commencé.»
Des célèbres collègues de classe
Sur les bancs de l’École nationale de l’humour, en 1995, Martin Perizzolo avait comme collègues de classe Mike Ward, Martin Matte, Laurent Paquin et Les Chick’n Swell (Daniel Grenier et Francis Cloutier).
Alors que ceux-ci ont connu des carrières couronnées de succès, Perizz, comme on l’appelle dans le milieu, les a-t-il déjà enviés?
«Oui, certainement, c’est sûr, répond-il d’emblée. Dans ces 30 années-là, je suis passé par un paquet d’émotions et ce n’étaient pas toutes de belles émotions. Mais ça ne fait plus partie de ma vie depuis longtemps.»
Une reconnaissance infinie envers Mike Ward
Dans les dernières années, Mike Ward et Martin Matte ont offert plusieurs contrats à Martin Perizzolo, dont les émissions L’gros show et Les beaux malaises.
«Martin m’avait offert un truc pour son talk-show [Martin Matte en direct], mais je n’étais pas disponible, dit-il. Mike me fait aussi travailler ces temps-ci [il fait ses premières parties pour la tournée Modeste]. C’est une chance inouïe et c’est du gros fun aussi.»
Martin Perizzolo mentionne avoir retrouvé «100% du plaisir à faire ce métier-là», avec les premières parties de Ward. «Ça me ramène à l’essentiel.»
Il va même jusqu’à dire que ces premières parties ont changé sa vie. «Pour vrai. C’est à ce point-là. Ma reconnaissance envers ce gars-là, je n’en vois pas le bout encore.»
S’occuper de ses parents âgés
Parce qu’il avait l’impression que le grand public ne connaissait pas vraiment quel genre d’humoriste il est, Martin Perizzolo a voulu se présenter dans Perizzolo le dramatiste. Comme on s’en doute, avec un tel titre, il a travaillé sur un spectacle qui joue sur la fine ligne du drame et de l’humour.
«Ce sont des thèmes hyper reliés, dit-il. Je veux donner les clés aux gens pour qu’ils comprennent ce que je fais comme humour.»
Ayant travaillé seul pour les textes de ce troisième one-man show, qui suit Nous (2017) et Vieux garçon (2019), Martin Perizzolo a notamment voulu parler de ce qu’il vit avec ses parents vieillissants.
«Ma mère est devenue semi-autonome et mon père va avoir 85 ans cette année. Je m’occupe d’eux. Passer beaucoup de temps avec mes parents qui sont âgés, ça me permet de découvrir des choses sur moi. Parce que ma théorie, c’est qu’on ressemble vraiment beaucoup à nos parents.»

Du rodage au Lionceau
En sortant de la pandémie, il a écrit un numéro sur la fin du monde. C’est ce numéro qui lui a donné envie de travailler sur un spectacle complet. L’an dernier, Martin Perizzolo a peaufiné son matériel une dizaine de fois dans la toute petite salle de 30 places du Lionceau, la petite sœur du Lion d’Or, à Montréal.
«C’était la première fois qu’ils présentaient des spectacles à cet endroit qui est habituellement aménagé pour des réceptions, dit-il. Je leur ai dit où j’aimerais avoir la scène et les projecteurs. Ils ont fait des travaux pendant un mois et après, je faisais la première heure de ce qui allait devenir mon show.»
«Je suis plus proche de qui je suis»
Après la tournée de son premier one-man show, Martin Perizzolo avait confié au Journal qu’il s’était retenu à certains endroits dans ses sketchs de peur de déplaire à un certain public. «Finalement, j’ai laissé tout le monde indifférent, remarque-t-il aujourd’hui. Je ne fais plus cette erreur-là. Je suis plus proche de qui je suis. Et s’il y en a à qui ça déplaît, c’est bien correct. Ce n’est pas l’offre qui manque.»
Qu’est-ce que Martin Perizzolo espère avec ce nouveau spectacle? «J’espère prouver que ces 30 années ont mené à quelque chose. J’espère prouver que j’ai appris de tous mes échecs, de toutes mes erreurs, et que mes 10 000 heures de vol comptent. Si c’est mon dernier mouvement, je veux montrer que je suis capable d’en faire un qui est cohérent avec l’industrie dans laquelle j’évolue.»
Martin Perizzolo présentera son spectacle Perizzolo le dramatiste le 10 avril, au Cabaret Lion d’Or de Montréal, et le 23 avril, au Théâtre Petit Champlain de Québec. Pour toutes les dates: martinperizzolo.com .