Martin Giroux de Star Académie pratique un tout nouveau métier
Valérie Guibbaud
Martin Giroux, qui s’est fait connaître en 2004 à Star Académie, a prouvé plus d’une fois qu’il méritait une place de choix dans notre univers musical. Alors que la pandémie a mis plusieurs de nos artistes à rude épreuve, pour lui, ça aura été plutôt l’occasion de mettre une autre de ses passions de l’avant: celle de travailler le bois. Le début d’une belle aventure...
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Le métier de chanteur peut amener son lot d’incertitudes, et certains artistes font de la place pour d’autres projets. C’est ce qui est arrivé à Martin Giroux. «Cette passion est arrivée tard dans ma vie, même si j’ai toujours été quelqu’un de manuel. Travailler le bois est le fruit du hasard.» C’est en allant donner un coup de main à un ami qui devait refaire son patio que Martin a eu la piqûre. «On avait dû défricher une bonne partie de son terrain. De belles bûches traînaient, et je lui ai demandé si je pouvais en rapporter quelques-unes chez moi pour en faire des bancs.» C’est en affichant ses premières réalisations sur Facebook qu’il a commencé à faire des ventes. «De fil en aiguille, les gens m’ont fait des demandes spéciales, comme des tables de salon ou des bureaux.» Martin s’est lancé tête première dans ce défi. «Je me suis mis à vraiment aimer ça.»
Quand le plan B devient le plan A
C’est ainsi qu’est née l’idée de s’associer et de créer Toi & Bois Qc. «Dès le début, j’ai essayé d’aller chercher des clients. Je me suis loué un petit local à Blainville, et les commandes ont commencé à arriver.» Il avait beau avoir les meilleures idées du monde, il lui fallait toutefois une équipe. Il s’est donc tourné vers des gens qu’il aimait et en qui il avait confiance. «Ma femme, Célia, et mon grand ami Nicolas ont tout de suite voulu se joindre à mon projet. C’était au début de 2020... à quelques mois de la pandémie.»
Alors que sa carrière de chanteur venait d’être mise sur pause pour une durée indéterminée, Martin a vu là une occasion parfaite de se lancer officiellement dans cette aventure entrepreneuriale. «Je n’avais plus rien à faire, ni comme chanteur ni dans rien d’autre d’ailleurs, alors ça nous a aidés à nous concentrer strictement là-dessus. C’était un mal pour un bien, c’était juste parfait.» Le plan B est devenu le plan A... «Je ne m’étais jamais imaginé devenir entrepreneur, mais j’ai réalisé que d’avoir déjà été travailleur autonome allait me servir.» De la fabrication au choix des matériaux et des fournisseurs, tout était à faire. Heureusement, Martin avait le temps d’apprendre. «Nous sommes allés visiter des entreprises d’ébénisterie et des fournisseurs à qui je posais mille et une questions.»
Pendant près d’un an, les revenus de l’entreprise ont été réinvestis dans l’achat d’outils, de matériaux et de nouveaux locaux. «Je suis content d’avoir fait ces sacrifices, car ç’a porté fruit. J’étais certain de faire les bons choix.» Martin confirme que son statut de chanteur l’a aidé à propulser Toi & Bois Qc. «Les clients avaient confiance en moi, parce qu’ils avaient l’impression de me connaître.»
Faire sa place
Le marché dans lequel Martin s’est lancé est parmi les plus compétitifs. «Je sais bien que je ne suis pas le seul à offrir des produits de qualité, mais je crois que ce qui nous distingue, c’est notre approche client. Les gens sont les bienvenus à notre atelier; ils viennent sur place pour choisir leur bois, leur modèle. Ils sont impliqués dans tout le processus.» Martin avait aussi la volonté d’offrir un produit 100 % local. Il a choisi de n’utiliser aucun bois exotique provenant de l’extérieur du pays afin de réduire son empreinte écologique. Le Québec dispose d’un magnifique éventail de bois, et c’est la même chose pour l’acier que Toi & Bois Qc. utilise pour les pattes de ses tables. «On travaille le merisier, l’érable, le noyer noir ainsi que le frêne. Comme il y a une belle quantité de frênes disponibles au Québec, les gens se sont rués vers cette essence.»
Le travail d’équipe, c’est le secret de la réussite selon Martin. «J’ai su m’entourer de gens qui sont complémentaires. Avec Nicolas, nous fabriquons des meubles sur mesure. C’est le créatif du groupe, il a été charpentiermenuisier, et ses idées sont précieuses. Célia est la designer de l’équipe. Elle conçoit aussi des accessoires, qu’elle fabrique avec les retailles de bois. On récupère tout, ça fait partie de l’ADN de l’entreprise. De mon côté, je m’occupe de la gestion de l’atelier.» Comme mélanger amour et travail ne fait pas toujours bon ménage, Martin a pris bien soin d’établir les limites à respecter avec sa femme. «Dans les premiers temps, nos discussions ne tournaient qu’autour de ça. Il a fallu s’imposer une règle, qui est celle de ne plus en parler après 19 h. Chaque fois qu’on le fait, il faut mettre deux dollars dans un pot... qui se remplit parfois trop vite à mon goût!»
Un travail gratifiant
Martin voit beaucoup de similitudes entre le travail du bois et le métier de chanteur, par exemple quand il arrive chez un client avec le produit fini et qu’il ressent l’excitation de ce dernier qui découvre sa table en bois massif. «Quand je donne un show et qu’on m’applaudit à la fin de ma performance, c’est le même feeling que lorsque je travaille le bois. Je suis en symbiose avec mon œuvre.» Sans compter l’effet presque thérapeutique. «J’ai vu mon anxiété diminuer de moitié. Le fait d’avoir un travail à faire au quotidien m’apaise beaucoup. Je ne suis plus là à attendre que le téléphone sonne, je reste dans l’action.»
Même si sa nouvelle réalité n’est pas de tout repos, Martin se sent plus que jamais en équilibre. Étant propriétaire de son entreprise, il a la liberté de reprendre sa carrière de chanteur quand bon lui semble, mais avoir une sécurité financière, ça vaut de l’or. «Le métier de chanteur est difficile, il y a tellement de talent au Québec... Je ne veux plus me mettre cette pression de performer à tout prix. J’accepte des contrats qui me font plaisir et j’arrive à très bien concilier ces deux univers. Le chanteur n’est jamais bien loin, mais, pour l’instant, je me concentre à faire connaître Toi & Bois Qc., et ça me comble de bonheur...»
Pour découvrir son entreprise, on visite le toietboisqc.com. Le spectacle-hommage à Richard Desjardins Quand j’aime une fois j’aime pour toujours sera en tournée à travers le Québec; on s’informe sur sa page Facebook. En mai, Martin se rendra à Istanbul pour des représentations de Notre-Dame de Paris, où il joue Phoebus.
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