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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Mark Carney va nous coûter cher

Photo Getty Images via AFP
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Michel Girard

2025-05-03T04:00:00Z
2025-05-03T04:10:00Z
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Maintenant que Mark Carney est le premier ministre du Canada, il faudra suivre comment il va dépenser nos impôts et combien il va nous soutirer de nos poches.

1) CONTRE-TARIFS ET INFLATION

Le premier ministre Mark Carney va venir chercher dans notre portefeuille cette année la colossale somme de 20 milliards de dollars par l’entremise des contre-tarifs de 25% qu’il impose sur les produits importés des États-Unis.

C’est nous, les consommateurs canadiens, qui allons payer ces fichus contre-tarifs visant à essayer de faire reculer le président américain, Donald Trump, dans le cadre de la guerre commerciale qu’il a déclenchée.

À eux seuls, j’ai calculé que ces contre-tarifs représentaient une facture moyenne de quelque 1200$ par ménage canadien.

À la décharge de M. Carney, si le chef conservateur, Pierre Poilievre, avait remporté les élections, il allait lui aussi imposer ces 20 milliards de dollars de contre-tarifs.

Les programmes d’aide que le gouvernement Carney mettra sur pied pour aider financièrement les victimes (particuliers et entreprises) de la guerre tarifaire seront financés à même ces recettes de 20 milliards puisées dans nos poches de consommateur canadien.

Autrement dit, on détrousse le portefeuille des uns pour renflouer celui des autres!

Passons maintenant en revue une brochette de cadeaux électoraux.

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2. PETITE BAISSE D’IMPÔT FÉDÉRAL POUR LE PEUPLE

Le plus populaire cadeau électoral offert par Mark Carney, c’est la baisse d’impôt fédéral.

Ce cadeau représente une réduction d’impôt d’environ 6 milliards de dollars par année, dont 1,1 milliard $ pour les 4,6 millions de contribuables québécois imposables.

Mark Carney va réduire de 15 à 14% le taux d’impôt fédéral sur le revenu pour la première tranche de revenu imposable, soit la tranche allant jusqu’à un revenu imposable de 57 375$. Mais ici, au Québec, compte tenu de l’abattement fiscal dont bénéficie le Québec, le taux d’impôt fédéral va ainsi diminuer de 12,53 à 11,69% sur cette première tranche de revenu imposable.

Concrètement, en me basant sur la table d’impôt 2025, les contribuables québécois vont économiser jusqu’à 343$ d’impôt fédéral. À la lumière du tableau, vous serez à même de constater de visu le montant d’impôt fédéral que vous allez économiser selon les diverses tranches de revenu imposable. L’impôt fédéral sur le revenu imposable tient compte ici du crédit personnel de base et de l’abattement provincial de 16,5% de l’impôt fédéral de base.


BAISSE D’IMPÔT FÉDÉRAL
REVENU MONTANT IMPOSABLE DE LA BAISSE
17 000 $ 8 $
20 000 $ 33 $
25 000 $ 75 $
30 000 $ 117 $
35 000 $ 159 $
40 000 $ 194 $
45 000 $ 243 $
50 000 $ 285 $
55 000 $ 327 $
57 375 $ et + 343 $

Cette baisse d’impôt fédéral va entrer en vigueur le 1er juillet prochain. Sur les cinq exercices financiers allant de l’actuel exercice 2025-26 à celui de 2029-30, le premier ministre Carney évalue la mesure à un coût d’environ 28,3 milliards $.

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3) LE GROS CADEAU AUX RICHES

Mark Carney a décidé d’annuler l’augmentation du taux d’inclusion de 50 à 66 2/3% des gains en capital qu’avait décrétée son prédécesseur Justin Trudeau lors du budget 2024-25.

L’annulation de cette mesure fiscale va surtout être grandement bénéfique aux 40 000 riches contribuables et aux 307 000 sociétés qui déclarent annuellement la grande majorité des gains en capital. Pour les cinq années allant de 2025 à 2029, ils vont économiser la grande part des 17 milliards $ que l’ancien gouvernement Trudeau prévoyait aller chercher dans leurs poches, dont 5,3 milliards du côté des particuliers et 11,7 milliards du côté des sociétés.

Forcé d’imiter Mark Carney, le gouvernement caquiste de François Legault va devoir renoncer à une alléchante recette de 3 milliards $, montant qu’avait prévu récolter sur cinq ans le ministre des Finances Eric Girard avec l’augmentation de la hausse d’impôt sur les gains en capital.

Chez le monde ordinaire, ce sont les petits propriétaires d’immeubles, comme les duplex, triplex, quadruplex, chalets ou maisons secondaires, qui vont grandement apprécier l’annulation de la hausse d’impôt sur les gains en capital.

Un petit propriétaire de triplex qui, par exemple, allait revendre après 30 ans son petit immeuble avec un gain en capital de 1 million de dollars se serait retrouvé avec une facture d’impôts supplémentaires d’environ 66 680 $, quand on fait référence aux deux paliers de gouvernement.

4) ÉLIMINATION DE LA TPS SUR LA PREMIÈRE MAISON

Concernant les habitations neuves, les acheteurs d’une première maison dont le prix est inférieur à 1 million de dollars bénéficieront d’un remboursement de TPS. La TPS s’élevant à 5%, cela va permettre d’économiser jusqu’à 50 000$ sur une maison d’un million de dollars. Pour les maisons dont le prix se situe entre 1 et 1,5 million $, les acquéreurs d’une première propriété bénéficieront d’une réduction partielle de la TPS.

À combien s’élève l’économie de TPS pour ces heureux propriétaires? À près de 2 milliards de dollars pour les cinq années, soit environ 400 millions par année.

5) UNE BONIFICATION DU SUPPLÉMENT DE REVENU GARANTI

Le gouvernement Carney a également décidé de donner un coup de pouce temporaire aux aînés à faible revenu qui bénéficient du Supplément de revenu garanti (SRG) en haussant de 5% le montant de la prestation. Cela représente un revenu annuel supplémentaire de 652$ pour les bénéficiaires recevant le montant maximum, soit 13 040$. Coût de cette bonification de revenu non imposable: 1,5 milliard $.

LA QUESTION

Ce ne sont là que quelques-unes des nouvelles mesures annoncées par Mark Carney lors de la campagne électorale.

Après avoir dévoilé des promesses de nouveaux investissements pour une valeur de 130 milliards sur quatre ans et haussé les déficits de 83 milliards lors des quatre prochains exercices budgétaires, le nouveau gouvernement Carney risque de faire baisser la cote de crédit du Canada.

L’ex-gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre s’est montré jusqu’à présent plus dépensier que son prédécesseur Justin Trudeau.

Wô, les moteurs.

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