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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Mark Carney n’est pas là pour défendre le Québec

Getty Images via AFP
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Photo portrait de Joseph Facal

Joseph Facal

2025-05-21T15:30:00Z
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«On est plus forts dans le Canada.» 

«Dans le contexte actuel, vaut mieux Carney.»

Qui d’entre nous n’a pas entendu un Québécois, souvent un nationaliste, dire cela dans les jours précédant les élections fédérales?

Centraliser 

Que Carney soit meilleur ou pire que Poilievre, qui n’a impressionné personne, ça se discute.

Ce qui ne se discute pas si on a deux sous de lucidité, c’est que le Québec est le dernier souci de Carney.

Ce n’est pas de l’hostilité, c’est de l’indifférence, mais une indifférence qui aura de lourdes conséquences pour le Québec.

Carney ne veut pas protéger le Québec, il veut protéger le Canada.

Et pour protéger le Canada, il est prêt à sacrifier le Québec.

Le sacrifier dans un sens très précis: lui enlever sa capacité de faire des choix qui refléteront sa différence.

Pour le dire autrement, Carney va simplement considérer et traiter le Québec comme un gros Nouveau-Brunswick.

Plus précisément, il va se servir de Trump comme prétexte pour justifier une nouvelle offensive du gouvernement fédéral pour centraliser plus de pouvoirs à Ottawa.

Si le Québec rouspète, il se fera dire que son attitude est contraire à l’intérêt national, que ce n’est pas le temps de se diviser, qu’il faut faire front commun, qu’Ottawa est le mieux placé pour ceci et cela.

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C’est déjà commencé.

Je vous donne deux exemples.

Carney dit qu’il ne veut plus treize économies provinciales et territoriales, mais une seule économie canadienne intégrée.

Cela suppose d’abolir les barrières réglementaires (il n’y a pas de barrières tarifaires entre les provinces) qui permettent au Québec d’imposer, par exemple, ses propres règles linguistiques aux ordres professionnels.

On ferait ainsi disparaître l’obligation pour un professionnel venu d’une autre province d’être en mesure d’offrir des services en français.

Carney abolit la taxe fédérale sur le carbone imposée par Ottawa aux provinces qui ne le taxaient pas, mais maintient, juste avant le vote, le dernier chèque envoyé aux Canadiens en guise de remboursement.

Le Québec est la seule province à ne pas recevoir cette compensation puisqu’il a eu la «mauvaise idée» (j’ironise) de vouloir continuer à taxer la pollution pour essayer de la réduire.

Remarquez que cette illusion selon laquelle l’appartenance au Canada est la meilleure défense possible pour le Québec est tout sauf neuve.

Dans les faits, jamais le Canada n’a défendu le Québec s’il devait sacrifier une parcelle de son intérêt national pour cela.

Jamais.

Des exemples?

Les frontières qui sont des passoires.

L’immigration qui noie le français.

L’endettement délirant du gouvernement fédéral pour des services toujours moins nombreux et moins efficaces.

Les tribunaux fédéraux pour contester les lois du Québec.

Le refus de presque toutes les demandes de tous les gouvernements du Québec depuis Robert Bourassa.

Mort 

Le Canada ne protège pas le Québec.

Il l’enferme dans un système qui le conduit vers la mort culturelle tout en douceur.

Pendant ce temps, des Québécois francophones chantent l’hymne canadien au Centre Bell.

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