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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Mark Carney, le premier ministre-président

En cette nouvelle ère, le «nous», c’est lui

Capture d'écran CPAC
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Photo portrait de Emmanuelle Latraverse

Emmanuelle Latraverse

2025-05-16T15:30:00Z
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La signature d’un faux décret par Mark Carney pour baisser les impôts a frappé l’imaginaire mercredi.

Le geste digne de la théâtralité d’un Donald Trump a beau être sans conséquences tant que le Parlement n’aura pas voté ladite baisse d’impôts, le signal était clair.

Mais si l’image vaut mille mots, dans ce cas-ci, la lubie trumpiste ne doit pas masquer le reste de l’argumentaire. Mark Carney promet d’être le premier ministre le plus présidentiel que le Canada ait connu jusqu’ici.

Écoutez la rencontre avec Emmanuelle Latraverse en direct dès 15 h 00 au 99,5 FM ou en format balado via la plateforme QUB :

L’État, c’est moi

Difficile de refléter le changement promis quand l’essentiel des ministres les plus influents de son gouvernement sont les seniors de l’ère Trudeau.

La croissance économique anémique, la crise du logement, le système d’immigration déréglé, la productivité perpétuellement enlisée. L’arrivée de Mark Carney n’efface pas les échecs de ces poids lourds en un coup de baguette magique.

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Et pourtant, c’est quand même un jour nouveau. La raison est simple: «nous», c’est lui. Car Mark Carney parle au nous.

«Nous avons un mandat fort.»

«Nous avons été élus pour accomplir un travail. Nous avons l’intention de le faire rapidement et avec force.»

Or, dans les faits, les Canadiens l’ont élu LUI, ont cru en SA promesse d’un Canada plus fort, plus sécuritaire, plus riche.

D’ailleurs, Mark Carney s’est échappé... une fois ou deux.

«J’en assume l’entière responsabilité.»

«Mon gouvernement prendra également des mesures immédiates avec une législation immédiate pour accélérer ces investissements de construction nationale et pour éliminer tous les obstacles fédéraux restants au commerce intérieur comme notre contribution à la construction d’une économie canadienne unique à partir de 13.»

Après tout, c’est LUI qui va négocier avec les provinces et leur tordre le bras.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

L’autre LUI

L’autre, c’est celui auquel il doit son élection, c’est bien sûr Donald Trump. Dans aucun autre dossier, ce n’est plus clair qui décide, qui tranche.

Interrogé mardi sur le départ de Mélanie Joly des Affaires étrangères, Mark Carney a essentiellement plaidé que ça ne changerait pas grand-chose face aux Américains.

«La personne qui doit avoir la meilleure relation avec la Maison-Blanche, c’est le premier ministre du Canada, et [...] pour le moment, c’est moi.» Alors, François Legault peut rêver en technicolor de régler le dossier de l’aluminium dans le Bureau ovale. Surtout, le message est limpide. La vision, la stratégie, les priorités sont celles d’un homme, Mark Carney.

L’exécutif

Le Canada s’accroche au mythe du «gouvernement par cabinet», cette idée romantisée selon laquelle tous les ministres comptent, tous ont voix au chapitre.

Autour de la table sacrée du cabinet, ils seraient égaux. Stephen Harper, puis Justin Trudeau l’ont fracassée. Mais ils entretenaient l’illusion. Avec Mark Carney, on est ailleurs.

S’il n’a pu résister aux pressions politiques d’un Conseil des ministres qui coche les cases de la représentativité canadienne, il semble bien à l’aise avec l’idée de jouer davantage le rôle d’un PDG. Il semble certainement sur la voie d’assumer, crise oblige, de pousser les limites des pouvoirs du bureau du premier ministre.

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