Mark Carney est une vieille paire de pantoufles
Plate comme la pluie, mais «rassurant»...


Richard Martineau
Dans les téléromans québécois qui se passent «dans le bon vieux temps», il y a toujours une jolie femme pétillante qui est mariée à un vieux notaire gris.
Le bonhomme est terne comme un jour sans pain et plate comme la pluie, il passe ses journées à raconter des histoires qui n’ont aucun intérêt, mais il est «rassurant».
Eh bien, ce notaire, c’est Mark Carney.
Et la jeune rousse qui fait tourner la tête de tous les gars du village, c’est l’électorat.
La belle pourrait avoir tous les hommes de la région.
Le draveur, le coureur des bois, l’aventurier...
Mais elle a choisi le notaire.
Le gars est ennuyant pour mourir, mais elle est sûre qu’il ne flambera pas son argent à la taverne, qu’il ne la trompera pas avec la Démone ou qu’il ne partira pas dans le bois pour trois mois.
Il va rester là.
À côté d’elle.
• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :
À contempler sa collection de timbres.
Ou à lui raconter la fois où il a croisé le curé au magasin général et qu’il lui a demandé si zzzzzzzzzzzzzzzz...
Il n’y aura pas de surprises avec lui.
Pas de hauts vertigineux ou de bas terrifiants.
Juste une ligne droite.
Plate, plate, plate.
Mais sans détours, sans nids-de-poule.
LE POÊLE À GAZ
C’est ça, le Canada en 2025.
On regarde l’autre excité qui fout le bordel en bas du 49e parallèle, et on rêve juste à une chose.
Avoir la paix.
Et mettre nos pantoufles.
Mark Carney, c’est une vieille paire de pantoufles.
Oh, tu ne vas pas à l’opéra, avec des pantoufles.
Tu ne vas pas au bal.
Mais maudit que t’es bien!
Des vieilles pantoufles chaudes. Même pas besoin de les regarder pour les mettre ou de te pencher pour les lacer.
Tes pieds rentrent dedans sans effort.
Tu te réveilles et elles t’attendent.
À côté de ton lit.
Où tu les avais laissées la veille.
Comme un vieux chien fidèle.
Tu te lèves, tu mets tes pantoufles, et tu marches jusqu’au poêle à gaz, que t’allumes pour te faire un café.
Glou glou glou.
T’ouvres la radio.
«Il va faire beau aujourd’hui. Hier, au Centre Bell, le Canadien...»
La routine. La bonne vieille routine.
On est-tu bien!
UN TEMPS NOUVEAU
Vous souvenez-vous quand le Québec avait de la broue dans le toupet?
Probablement pas. Vous êtes trop jeunes.
Dans ce temps-là, ça brassait. Ça rêvait.
Lisez le dernier livre de Jean-François Lisée sur la jeunesse de René Lévesque et de Pierre Elliott Trudeau, vous allez voir.
Le Québec bouillait comme une marmite laissée trop longtemps sur le feu.
On préparait la révolution!
Oh, tranquille, oui, mais quand même... On voulait tout refaire! Tout reconstruire! De A à Z! Et au diable, les curés!
Aujourd’hui, le Québec veut se marier avec Mark Carney.
«T’as vu, la belle rousse? Paraît qu’elle vient de se fiancer avec le notaire Potiron. Je ne sais pas ce qu’elle lui trouve...»
Ce qu’elle lui trouve?
C’est simple.
Il la calme.
Comme une bouteille de somnifères.
«Hier, j’ai croisé le médecin à l’église, il m’a dit que...»
Zzzzzzzzzzzzz.