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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Mark Carney entre dans le ring avec Donald Trump: une première étape réussie

MEGA/WENN
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Photo portrait de Luc Laliberté

Luc Laliberté

2025-05-07T15:30:00Z
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Depuis janvier 2025, rencontrer le président américain à la Maison-Blanche est devenu un sport extrême.

Non seulement les faits n’y sont pas valorisés et la réalité y devient un monde parallèle, mais il faut aussi amadouer une brute inculte parfaitement consciente de l’importance de son pays pour les partenaires qui s’aventurent dans sa cage dorée.

Un dirigeant peut-il sortir indemne de cette épreuve? Difficilement, à moins d’avoir été un athlète de la WWE, organisation de lutte professionnelle qui mise à la fois sur des qualités athlétiques incroyables et un sens du divertissement exploité par le proverbial «gars des vues».

Vous n’imaginiez pas l’élégant et raffiné économiste pratiquant ce sport? Il a pourtant tiré son épingle du jeu.

Deux principaux mandats

En débarquant dans la capitale américaine, le premier ministre canadien était bien conscient des attentes des deux côtés de la frontière.

Dans un premier temps, il devait confirmer l’impression des Canadiens qui l’ont préféré à Pierre Poilievre pour négocier avec le président américain.

Peu importe vos allégeances politiques, il me semble évident que Carney a dignement représenté notre pays. On ne saura jamais si le chef conservateur aurait fait mieux, mais ce serait malhonnête de ne pas reconnaître la valeur du travail du premier ministre.

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Tout aussi important pour l’économiste, il voulait jouer sur les récents sondages qui indiquent tous que les Américains ne veulent pas de ce projet d’annexion du Canada et qu’ils souhaitent entretenir des relations harmonieuses avec un pays dont plusieurs États dépendent.

Mark Carney est apparu comme un homme calme, conciliant, capable d’humour, mais ferme sur les sujets les plus importants. S’il n’a pas manqué de flatter l’Américain, il a su établir ses limites.

Plus que la note de passage

J’ose à peine imaginer les préparatifs du camp canadien avant de sauter dans le ring. Ces efforts ne furent cependant pas vains.

Jamais le président américain n’a manqué de respect envers le premier ministre. S’il s’est permis quelques piques, il a surtout mentionné plus d’une fois que les Américains aimaient les Canadiens.

Détail qui n’est pas anodin, il a souligné les mérites de l’entente de libre-échange conclue lors de son premier mandat, confirmant qu’il était possible de s’entendre une fois de plus.

Retenons cependant qu’il ne s’agit que d’une première rencontre. Il fallait donner le ton aux relations. Le résultat, aussi timide soit-il, est un gain pour le Canada.

Donald Trump est impulsif et imprévisible, mais nos négociateurs travaillent aussi avec d’autres élus républicains, au congrès ou avec des gouverneurs, profitant de l’occasion pour tisser des liens qu’on saura exploiter dans les prochains mois.

Un traité de libre-échange ne dépend pas que du président américain, les appuis négociés en marge de la rencontre sont primordiaux. Cependant, le travail est plus facile lorsque le président est bien disposé. Mark Carney a fait un pas dans cette direction hier.

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