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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Mark Carney: cap sur la campagne électorale

Photo AFP
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Photo portrait de Josée Legault

Josée Legault

2025-03-11T04:00:00Z
2025-03-11T04:05:00Z
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Mark Carney n’aura pas le temps de savourer sa victoire massive comme nouveau chef du Parti libéral du Canada. Dès cette semaine, il devra tout d’abord revêtir les habits de premier ministre légués par Justin Trudeau.

Surtout, il devra bientôt mener la bataille dans une campagne électorale vraiment pas comme les autres. Cette campagne sera la plus imprévisible, surréaliste et féroce de l’histoire moderne du pays. Pourquoi?

Primo, Mark Carney n’a jamais fait de politique. L’ex-gouverneur des banques du Canada et d’Angleterre est précédé d’un CV imposant, mais il n’a aucune expérience en politique partisane. Même la course à la chefferie du PLC en était une de façade.

Deuxio, le chef conservateur Pierre Poilievre est un politicien archipartisan au style cassant de chat de ruelle. Ce sera sa force ou son talon d’Achille. Les électeurs en décideront.

Tertio, Donald Trump se mêlera de la campagne. Jamais on n’aura vu un président américain s’ingérer directement dans une élection au Canada.

Enfin, Mark Carney, tout comme Pierre Poilievre, devra convaincre les électeurs qu’il sera le meilleur défenseur de la souveraineté économique et politique du Canada, menacée par la Maison-Blanche. Là aussi, c’est du jamais vu.

Du même coup, M. Carney devra consolider l’approche consensuelle nourrie par Justin Trudeau auprès des premiers ministres provinciaux face aux menaces du président américain.

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Premier signe positif

Un premier signe positif est néanmoins apparu dès sa victoire. Malgré ses préférences passées pour les conservateurs, François Legault s’est dit «persuadé que M. Carney sera un allié dans ce combat».

Doug Ford, son homologue ontarien conservateur et l’ultime Capitaine Canada dont les atomes crochus avec M. Poilievre sont rarissimes, s’est montré encore plus heureux de la victoire de Mark Carney.

Comme les résultats de la prochaine élection dépendront beaucoup de l’humeur des Ontariens, sa réaction devrait inquiéter M. Poilievre.

Bref, Mark Carney ne devra pas dilapider la remontée miracle du PLC dans les sondages sous la double impulsion de sa propre arrivée et d’une fin de parcours sans faille pour Justin Trudeau.

Car malgré ses dix ans au pouvoir et un bilan global mitigé, Justin Trudeau a su montrer la voie face aux vociférations chaotiques du président américain.

La méthode Trudeau

Sa «méthode» fut de combiner une affirmation nationale forte à la multiplication de contacts avec des entrepreneurs, élus et leaders d’opinion américains aptes à faire pression sur Trump.

Mark Carney serait sage de ne pas s’en éloigner puisque son plus grand défi d’entre tous pour la prochaine campagne électorale, il sera là.

Comme M. Trudeau l’a fait, saura-t-il canaliser au sein même de la population cette vague sans précédent de patriotisme et de solidarité devant Trump?

Même si le PLC sollicitera, dans les faits, un quatrième mandat et que le chef conservateur l’accuse d’avoir été «couronné» par Justin Trudeau, la vraie question de l’urne, elle sera là.

C’est pourquoi les débats des chefs s’annoncent d’une importance majeure. Particulièrement en anglais, la langue première de M. Carney.

Saura-t-il y convaincre suffisamment d’électeurs de ne pas congédier le PLC au profit des conservateurs? Pour un novice en politique dénué en plus de charisme, la commande, il faut le dire, est vaste.

Or, dans ce monde viré à l’envers par Trump, qui sait comment la prochaine campagne au Canada se terminera? D’autant plus que cette fois-ci, l’ingérence étrangère nous viendra aussi carrément de Washington.

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