Mark Carney a plié comme le roseau... ou il a cassé?
Donner une telle victoire à Trump laisse présager quoi pour la suite?


Mario Dumont
C’était tout un contrat que de se faire élire en promettant d’être celui qui va tenir tête à Donald Trump. En anglais, Mark Carney utilisait même une image de hockey, celle du gars qui tient des coudes hauts, autrement dit, qui passe le coude sous le nez de l’adversaire.
Nous ne savons pas tout des récents développements de la négociation Canada/États-Unis. Mais disons que vu de l’extérieur, les derniers jours ont fait dur du point de vue du Canada. Comme si les coudes avaient baissé. Et la tête aussi...
Le nouveau premier ministre a platement reculé concernant la taxe sur le numérique, une politique fondamentale du gouvernement canadien. En une fin de semaine. Trump s’est fâché vendredi soir. Le gouvernement canadien a changé sa loi et ses règles fiscales en panique par un beau dimanche soir d’été, après le coucher du soleil.
Un peu de mystère
Que s’est-il passé exactement ? Nous le comprendrons davantage dans les jours à venir. Peut-être que le Canada a dû plier sur ce point pour aller consolider des gains importants qui étaient sur la table dans d’autres dossiers cruciaux. Espérons-le.
Dans ce scénario, je crois bien qu’une majorité de Canadiens se rallieront à l’idée que cette taxe n’aurait pas justifié de faire tout dérailler le processus des négociations. Et surtout, le maintien de ladite taxe n’aurait pas justifié de supporter des tarifs nuisibles à l’économie dans son ensemble. C’est le scénario du roseau qui plie, mais ne casse pas et se redresse après la tempête.
Mais peut-être aussi que c’est moins beau. Le déroulement des événements nous permet de craindre que le Canada soit dérouté à la table des négociations. En grande position de faiblesse au point de donner à Trump ce qu’il demande dans une question d’heures.
Dans ce scénario, Trump l’intimidateur profiteur n’a pas fini de nous manger la laine sur le dos. Et il aura toujours un dernier petit caprice à assouvir avant la signature finale. Nous n’en sortirons pas. Chose certaine, à cette étape-ci, la Maison-Blanche parle sans retenue de grande victoire pour les États-Unis.
L’influence des milliardaires
Quelle que soit l’issue de cette négociation, nous aurons quand même compris une chose cette semaine. Monsieur Trump mange dans la main des géants du web. La taxe sur les services numériques était loin d’être une condamnation pour des entreprises aussi riches et profitables que Google ou Meta. Le principe, c’est que ces compagnies ne veulent se soumettre à aucun gouvernement et se considèrent plus fortes que la plupart des États du monde.
En reprenant leur argumentaire et en faisant sienne leur cause au point de menacer de rompre des négociations commerciales, Donald Trump leur ajoute un pouvoir incommensurable.
Chose certaine, on comprend mieux la présence des maîtres du web aux premières loges de l’assermentation de monsieur Trump en janvier dernier. Les bonzes en mènent large ces temps-ci l’air de rien. Ils ont fait plier le Canada.