Maripier Morin et la fosse aux lions


Sophie Durocher
Depuis vendredi, on peut voir la bande-annonce du film Arlette, dans lequel Maripier Morin joue le rôle-titre. Ce long-métrage raconte l’histoire d’une vedette de la mode catapultée en politique, comme ministre de la Culture.
Dans la bande-annonce, le personnage interprété par Maripier Morin déclare, au sujet du monde coupe-gorge de la politique : « Pourquoi j’ai l’impression d’aller me crisser dans une fosse aux lions ? ».
Si ça joue dur en politique, où les couteaux volent bas, ce n’est rien à côté du MMC (Merveilleux Monde de la Culture).
Si les politiciens sont des lions, les artistes se comportent parfois en vautours...
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PLUS QU’UNE « ST’ARLETTE »
J’ai l’impression que cette réplique résume bien l’appréhension face à la sortie du film : comment le milieu des « zartistes » va-t-il réagir à la « deuxième chance » accordée à madame Morin ? Elle joue le rôle de sa vie.
Quand le film, réalisé par Mariloup Wolfe, sur un scénario de Marie Vien, prendra l’affiche le 5 août prochain, j’espère que le petit milieu culturel va avoir la décence d’évaluer la performance à l’écran de Maripier Morin selon... sa performance à l’écran.
Lorsqu’il a été annoncé que c’est Maripier Morin qui aurait le rôle-titre de son film, la réalisatrice Mariloup Wolfe avait répliqué que l’actrice « s’était présentée en audition et que sa performance avait été remarquable ».
Si un sportif a été au cœur d’une controverse, qu’il a eu des comportements répréhensibles, mais qu’il se représente dans une compétition sportive après s’être repris en mains, on va pouvoir évaluer sa performance par des critères objectifs : A-t-il marqué un but ou pas ? A-t-il couru assez vite, sauté assez haut, frappé assez fort ?
Si seulement c’était aussi simple dans les arts.
Sur son compte Instagram, où elle a partagé de magnifiques photos de tournage, Maripier Morin a écrit : « J’ai eu la chance de donner la réplique à des légendes du cinéma. Rien de moins. [...] Je me pince encore. »
En effet, dans le générique du film, on voit les noms de Gilbert Sicotte, Benoît Brière, David La Haye, Kathleen Fortin, Emmanuel Schwartz, Micheline Lanctôt, Paul Ahmarani, etc.
Pensez-vous que toutes les actrices qui auraient rêvé de jouer le rôle d’Arlette vont examiner la performance de Maripier Morin sans aucune trace de jalousie ou d’envie ? Que les petits amis du milieu, qui ont signalé leur vertu au moment où Maripier Morin a été la cible d’allégations et de reportages dévastateurs, vont mettre de côté leurs « préjugés » et leurs « biais inconscients » et faire preuve d’« inclusion » et d’« équité » ?
Et le public, lui ? Pour utiliser une expression qu’on a beaucoup entendue la semaine dernière, je suis convaincue qu’il est « rendu ailleurs ».
Maripier Morin a reconnu ses torts, reconnu ses dépendances, mis sur pied un projet « Grains d’espoir » qui vient de remettre 60 000 $ à trois organismes d’aide directe (es Maisons Péladeau, les Pavillons du nouveau point de vue et le Centre de traitement des dépendances Le Rucher).
UN MONDE SANS PITIÉ
À un autre moment de la bande-annonce, le personnage d’Arlette déclare : « Si y’a une chose que j’ai réglée dans ma vie, c’est bien de jamais me fier aux autres ».
Espérons que Maripier Morin l’a bien compris.