Mario Pelchat doit respecter la loi, dit la députée Sylvie D’Amours


Patrick Bellerose
Le chanteur Mario Pelchat contrevient à la loi sur la protection du territoire agricole avec la production de spectacles sur son vignoble, juge la députée caquiste locale, Sylvie D’Amours.
«Je n’ai rien contre cet homme-là. C’est un chanteur qui s’est installé et c’est vrai qu’il plante des vignes, qu’il fait du vin, affirme la députée de Mirabel. Ce qui ne va pas, là-dedans, c’est qu’il va à l’encontre des autorisations qui ont été faites selon la loi.»
Elle invite le chanteur de Pleurs dans la pluie à faire ses revendications s’il souhaite faire changer la législation.
«C’est à la CPTAQ de juger du dossier et c’est à Mario Pelchat de revendiquer [selon] ses besoins», dit-elle dans une entrevue sollicitée par Le Journal après la publication de ses propos dans le média La vie agricole.

En 2018, la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) a autorisé le Domaine Pelchat Lemaître-Auger à construire un chai (cave à vin) pouvant accueillir «jusqu’à 100 convives à l’occasion d’événements sociaux tels que des mariages».
«Cette décision ne permet pas les spectacles», écrit la commission dans un rappel des faits publié en juin dernier. De plus, le chai exigé pour obtenir le permis n’a jamais été construit, selon la CPTAQ.
Puisque ces deux conditions n’avaient pas été respectées, la commission a interdit, début juin, la production de spectacles sur le vignoble.
Spectacles maintenus
Malgré cela, Mario Pelchat a annoncé la présentation de 45 événements cet été, dans une salle pouvant accueillir jusqu’à 250 personnes.
Sur sa page Facebook, le chanteur soulignait que d’autres vignobles, vergers et microbrasseries sont autorisés à tenir des événements.
«Ce deux poids, deux mesures me blesse profondément. Je ressens que la CPTAQ veut faire de cette demande un dossier de principe, au détriment d’une analyse individualisée, nuancée et équitable», écrivait-il.
Il n’a pas été possible, vendredi, de contacter un représentant du vignoble. Toutefois, les spectacles sont toujours à l’horaire sur le site de l’entreprise.
En plus du célèbre chanteur, les spectateurs pourront assister à des performances de Christian Marc Gendron & Manon Séguin, ainsi que de Paul Daraîche et son fils.
Revoir la loi
Lorsque la commission a rendu sa décision le mois dernier, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne s’était fait avare de commentaires.
«Je n’ai pas à commenter les décisions de la CPTAQ», avait-il simplement déclaré, en rappelant qu’il s’agit d’un organisme indépendant chargé d’appliquer la loi.
Aujourd’hui, la députée D’Amours se dit «ouverte» à élargir un peu le concept d’agrotourisme, mais sans en dénaturer le concept.
«Il ne faut pas utiliser le territoire agricole pour faire autre chose que de l’agriculture», dit-elle.
En effet, si Québec permet la tenue d’événements trop importants sur les terres cultivables, c’est le garde-manger des Québécois qui pourrait être mis en péril.
«Quand ton chiffre d’affaires ne provient pas majoritairement de ton agriculture, tu n’es pas à la bonne place. L’agrotourisme, c’est de promouvoir le produit, de le vendre directement», souligne-t-elle.
«Là où j’ai un problème, c’est quand on se met à faire des tours d’hélicoptère», lance la députée pour illustrer son propos.