Des «Parlementeries» à «Histoires de filles»: moments mémorables de la carrière de Mario Jean
Le Journal a revisité avec l'humoriste certains moments marquants de sa trentaine d'années de métier


Raphaël Gendron-Martin
Mario Jean compte plus d’une trentaine d’années de métier. Au fil de ses nombreux projets comme humoriste et comédien, Le Journal a revisité avec lui certains moments marquants.
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Les débuts de Ti-Guy Beaudoin
En début de carrière, à sa sortie de l’École nationale de l’humour en 1991, Mario Jean s’est fait connaître du grand public avec son personnage de livreur de journaux, Ti-Guy Beaudoin. Sous ses airs d’homme simplet se cachait un personnage «malgré tout intelligent et qui pouvait taper sur l’actualité», dit l’humoriste. Son idée du camelot lui était venue d’une personne qu’il connaissait qui se promenait souvent en mobylette. «Tout le monde riait de lui, mais quand tu prenais le temps de lui parler, il disait de belles affaires, il avait un bel univers.»
Après l’avoir fait dans ses trois premiers spectacles solos, de 1995 à 2003, Mario Jean avait décidé de remiser Ti-Guy, de même que sa populaire mascotte, parce que «les personnages, c’était out». Mais après une quinzaine d’années loin des projecteurs, il songe peut-être ramener son Ti-Guy Beaudoin sur scène. «Il y a une certaine nostalgie, ces temps-ci. On dirait que c’est un peu dans l’air du temps [les personnages]. Je le sens. Il n’est plus dans le garde-robe, il est sur le coin du bureau. Je vais voir ce que je peux faire avec ça éventuellement. [...] Mais pour que je le ramène, il faudrait vraiment avoir des textes béton, que ce soit très bon.»

Côtoyer des légendes dans Les Parlementeries
En 1994, avant même qu’il lance son premier spectacle solo, Mario Jean avait été invité à participer à la première édition du spectacle collectif Les Parlementeries. Son Ti-Guy Beaudoin avait joué le ministre des Dépôts et des Retraits. Un souvenir que l’humour garde toujours précieusement encore aujourd’hui.
«C’était magique, dit-il. Moi, le ti-cul, je me retrouve avec Michel Barrette, Daniel Lemire, Yvon Deschamps, Michel Courtemanche, Pierre Légaré. Je me pinçais. Voyons, ça ne se peut pas! [...] Tout le monde laissait son égo là [à la porte]. C’était un trip de gang. On faisait un show ensemble.»
«J’ai toujours admiré ceux qui étaient là avant moi. Je m’en suis inspiré. C’est ce souvenir-là que j’ai des Parlementeries. Les premières, c’étaient les plus belles. On avait essayé de le refaire après, mais ce n’était pas la même affaire. La magie était moins là.»

Deux anniversaires pour des séries chères à son cœur
Cette année marque deux anniversaires importants pour des séries auxquelles Mario Jean a participé. La première portait son nom: La vie rêvée de Mario Jean. Diffusée en 2004, l’émission n’avait connu qu’une saison. Mais l’humoriste en garde de très bons souvenirs.
«Ç’a été une super expérience pour moi. J’étais vraiment fier de cette série-là. Mais elle arrivait dans une conjoncture un peu bizarre. C’était inspiré de La vie, la vie et ça jouait avant Les Bougon. Il y avait comme un clash. J’avais fait beaucoup de compromis. Ce que j’ai admiré de Martin Matte [avec Les beaux malaises], c’est qu’il n’en a pas fait. Il y est allé all in.»
«Il y avait eu un changement de garde au niveau de la programmation [de Radio-Canada], ajoute-t-il. Tout était tombé après ça. Il faut aussi dire qu’il y avait d’autres émissions semblables avec les Mecs Comiques [3 X rien], et Curb Your Enthusiasm, aux États-Unis. Dominic et Martin avaient une émission aussi, à TQS. Ça se ressemblait tous un peu. L’originalité était diluée. [...] Ils ont décidé de ne pas renouveler et on est passé à autre chose. Mais j’aurais fait d’autres saisons avec ça, sincèrement. Si ça pouvait repasser à Prise 2, j’aimerais ça aussi. [rires].»

Le 2 février dernier marquait aussi les 25 ans de la diffusion de la première émission de la sitcom Histoires de filles. Mario Jean avait participé aux cinq premières saisons. «C’était l’un de mes premiers rôles récurrents. Je suis encore super proche des filles, dit-il. Il faudrait que je leur reparle pour voir si on peut faire de quoi pour les 25 ans!»

«L’un des meilleurs Galas Les Olivier qu’il y a eu»
Dans sa carrière, Mario Jean a animé trois fois le Gala Les Olivier: en 2001, avec Claudine Mercier, en 2002 et en 2013. Il garde des souvenirs très différents de ses deux dernières animations.
«Le deuxième [qu’il a animé, en 2002], je le dis avec toute modestie, c’est sans doute un des meilleurs galas qu’il y a eu. On avait fait comme si c’était un party dans mon sous-sol. Maman Dion faisait l’hôtesse. Il y avait eu la “bagarre” entre Martin Matte et Patrick Huard. C’était fou. Ç’avait été un gros calibre de gala. J’ai été fier de ça.»
«Celui que j’ai fait après [en 2013], ils ne savaient plus qui prendre comme animateur et ils m’avaient redemandé de le faire. C’était comme une année de transition. J’avais été déçu de l’ambiance qu’il y avait. Le mot de l’industrie à ce moment-là, c’était rendu un peu “au plus fort la poche”. Tout le monde tirait un peu la couverte de son bord. [...] Avant, c’était vraiment un trip de gang. C’était vraiment trippant. Tout le monde voulait venir faire un numéro. C’était généreux.»
«J’ai trouvé ça difficile et je me suis dit que j’allais prendre un petit recul de ça [les galas]. Depuis ce temps-là, nous autres, les plus vieux, on dirait qu’on n’a plus notre place là-dedans. Ça sert aux plus jeunes pour qu’ils fassent leur promotion. Je ne sais pas comment interpréter ça, sincèrement.»
«Même m’inscrire pour les nominations, je ne sais plus si ça vaut la peine. Les galas, c’est très subjectif. Ce n’est pas vrai qu’un humoriste est meilleur que l’autre. Chacun a son public. [...] Les galas, ça devrait divertir et faire la promotion de notre industrie. Personne n’a le besoin fondamental de Mario Jean. Mais tout le monde a besoin de rire et de passer une belle soirée.»
