Retrait d’un épisode des Filles de Caleb par Netflix: Marina Orsini et Roy Dupuis outrés


Sarah-Émilie Nault
Marina Orsini et Roy Dupuis partagent la même indignation : le retrait d’un épisode des Filles de Caleb par Netflix n’a «aucun sens». «Honnêtement, je trouve cela ridicule, je ne suis pas d’accord», a expliqué l’interprète de la légendaire Émilie Bordeleau.
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On ne retrouve plus que 19 épisodes sur 20 de la série Les filles de Caleb sur Netflix. La série, initialement diffusée il y a près de 40 ans, s’est vue amputée de son second épisode par le service de diffusion en continu. Cela, car on y voit Ovila Pronovost le visage maquillé de noir pour tenir le rôle d’un roi mage dans un spectacle de Noël.

Pour les interprètes d’Émilie et d’Ovila, le fait de vouloir ainsi effacer l’histoire est une erreur sur plusieurs plans.
«J’ai été très surprise, a expliqué Marina Orsini au Journal. Je trouve qu’on gratte pour gratter. Sans nullement nier l’époque, les croyances, les façons de faire, le manque de jugement, peu importe tout cela, je pense qu’ils auraient pu mettre tout cela dans son contexte. Cela fait quand même 32 ans, et on parle d’une histoire qui relate d’abord notre histoire de la fin du 19e siècle.»
La comédienne de 55 ans voit plutôt d’un bon œil cette scène où des jeunes de l’époque représentaient les rois mages dans leurs différences ethniques, à un moment où les représentations n’étaient pas multiples. Elle croit qu’une note d’avertissement aurait pu être placée en début d’épisode afin d’avertir les gens plus sensibles.
C’est d’ailleurs ce qu’a fait ICI TOU.TV qui diffuse aussi Les filles de Caleb en ligne. «Ce programme est proposé tel qu’il a été originellement créé et peut contenir des représentations sociales et culturelles différentes d’aujourd’hui», peut-on lire.
«Quand c’est le temps de s’indigner et de s’élever, j’en suis totalement, a ajouté l’actrice. Mais là, je trouve que c’est chercher des bibites.»
Des histoires pour évoluer
«La série des Filles de Caleb est une grande histoire, c’est le roman d’Arlette [Cousture] et une histoire importante pour notre société québécoise, a expliqué Roy Dupuis. Elle présente un portrait unique, un beau portrait de notre histoire ; et cette période en fait partie. D’ailleurs, ce sont des histoires comme celles-là qui nous ont permis d’évoluer socialement. Cela nous décrit comme on était et c’est comme cela qu’on avance.»
L’acteur de 59 ans croit qu’il faut être juste par rapport à notre histoire. Il voit aussi comme un manque de respect pour le travail des acteurs cette censure de la part de Netflix.
Même son de cloche chez l’auteure des Filles de Caleb, Arlette Cousture, qui a été surprise, choquée et qui a affirmé se sentir impuissante face à cette situation.
«Si on n’est pas capable de refléter une époque, on n’est pas bon auteur, a affirmé l’auteure de 75 ans qui a publié la saga en 1986. J’ai reflété l’époque! On ne change pas, on ne touche pas à l’histoire! C’est un manque de jugement. Je n’en reviens pas!», a-t-elle dénoncé.